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Axel Bauer

Axel Bauer : guitariste

D décembre 2000     H 22:56     A Judge Fredd    


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Que vous soyez son plus grand fan ou que vous ne le connaissiez qu’à travers ses tubes, il n’a pu vous échapper qu’Axel Bauer est un guitariste, un vrai, un qui aime ça... Achille, son nouvel album (a.k.a. Personne n’est parfait), en est une nouvelle et brillante démonstration.

- Puisqu’il faut bien commencer quelque part, quelles guitares as-tu utilisées sur l’album ?

- Il faut d’abord préciser que nous sommes trois guitaristes sur ce disque, Pierre Jaconelli, Juan Tamayo et moi. Ca faisait une bonne pléiade de guitares dans le studio et j’aurais du mal à me rappeler si j’ai utilisé telle ou telle guitare à tel ou tel moment bien que, curieusement, chacun, après avoir un peu essayé le matériel des autres, est retourné vers son propre matos. Personnellement j’ai une Strat série L, une Gibson Les Paul Deluxe Pro (modèle fabriqué de 76 à 78, à 1 417 exemplaires seulement, sorte de reissue du modèle 56, et équipé de deux P90, NDR) , une Telecaster de 1980, une Gibson J200 acoustique de 1970 qui sonne plus métallique que les récentes, trois Godin dont une douze cordes dont je me sers sur scène, et une Gretsch Chet Atkins.

- Tu aimes plutôt les micros à simple bobinage donc...

- Oui mais à vrai dire, pendant longtemps ma ligne de conduite, c’était quelle que soit la râpe qu’on te met entre les mains tu dois pouvoir en tirer quelque chose de bien. Partant de là, je n’ai jamais été un puriste du matériel ; j’avais cette série L qui me convenait parfaitement puisqu’avec les cinq positions micros j’obtenais tous les sons dont j’avais besoin. Je n’ai commencé à m’intéresser vraiment au son qu’il y a trois ans environ. Je sais que ça paraît bizarre mais même sur les tournées qui ont suivi Simple Mortel je jouais avec une disto jaune MXR que j’ai acheté quand j’avais 12 ans et une Cry Baby que j’ai depuis dix-sept ans.

Axel Bauer et Zazie

- Tu changes souvent de guitare en scène...

- Oui parce que j’utilise pas mal d’accordages différents. On se sert de l’accordage « Soundgarden » (Mi Mi Si Si Si Mi NDR) sur quelques titres d’Achille, sur Une Prière, on est accordé un demi-ton en dessous avec un drop Réb et un Sol (Réb, Solb Réb, Sol Sib, Mib) ce qui donne une ambiance assez disons... septième majeure (à cause du Sol naturel NDR) et sur Qu’on m’oublie : Sol, Ré, Fa, La#, Do, Fa...

- Comment l’as-tu trouvé celui-là ?

- Au départ on a fait la chanson avec Juan et Arnaud (Giroux, bassiste NDR) en accordage normal, et puis j’ai voulu lui donner une couleur plus Chris Whitley, moins strummin’, moins standard. Donc j’ai cherché un accordage qui s’est dessiné petit à petit, empiriquement. J’aime bien les open et les accordages spéciaux, car en les explorant on redécouvre son manche et on retrouve des excitations de débutant. Et puis ça transformé mon jeu de main droite : je joue plus large ou, souvent, je fais une sorte de pickin’ rapide... Toutes ces cordes à vides, t’as envie de les utiliser ! J’ai beaucoup joué avec l’open de La (Mi la mi la do# mi) pendant un temps et ça a vraiment changé mon jeu de main droite peut-être plus que la main gauche parce que tout d’un coup, tu as des ouvertures harmoniques intéressantes à exploiter qui t’obligent à changer de jeu.

- Côté ampli ?

- J’ai racheté les amplis d’Alex guitariste du Cri de la Mouche : deux têtes Marshall légèrement customisées par lui. La première doit être très ancienne car elle n’a qu’un seul bouton de volume en tout et pour tout. Il faut la mettre à fond pour la faire saturer, alors je ne m’en sers pas beaucoup vu que c’est très très fort ; l’autre est plus récente mais antérieure à la série JCM, elle a 2 volumes, mais toujours 1 seul canal. Le baffle est un 4x12 équipé de Celestion. Tout ça donne un son « vintage fin 70’s ». J’ai un Speed Twin Trace Elliot aussi, et je m’intéresse à ce qui se fait chez Line6, ça a l’air très intéressant.

Tiens une Tele...

- Passons aux effets...

- Sur scène je limite le nombre d’effets pour ne pas altérer le signal de la guitare : comme je chante en même temps j’ai besoin de trucs simples et fonctionnels parce qu’à aucun moment je ne peux me baisser pour tourner mes potentiomètres. Pour la même raison mes réglages sont souvent assez légers, assez discrets, comme sur l’Uni-Vibe. Donc j’ai principalement un trémolo Dunlop, une Rotosphere Hughes & Kettner que j’utilise autant que je peux, la seule limite étant la place qu’elle prend dans le son et une Uni-Vibe Dunlop, plus une pédale de volume Ernie Ball. Je possède aussi une Whammy noire, le deuxième modèle. C’est une pédale que j’adore pour jouer des intros très graves ou au contraire des passages de chorus suraigus, et si j’arrive à l’intégrer à mon set sur scène je le ferai.

- Pas d’overdrive ou de disto ?

- En ce moment je fais des essais, j’ai joué l’autre jour avec un Tube Screamer Ibanez et une Valvetone Vox, mais la plupart du temps j’utilise la disto du Marshall plus, de temps en temps la MXR pour rajouter un côté sale au son que je ne peux pas obtenir avec le Marshall seul.

Achille en abîme

- Et en studio ?

- Sur cet album j’ai un peu expérimenté : par exemple tu enregistres une guitare avec le Radar, un système de direct to disk anglais et puis après tu renvoies les trucs dans le Mac, tu essayes des plug-ins ou dans un sampler etc. Évidemment ce n’est pas faisable sur scène, mais ça donne des choses intéressantes voire étranges : si tu passes ta partie et que tu joues sur le pitch, ça donne des effets très sympas et puis j’aime bien le décalage que ça provoque : t’as le mec qui joue sa partie de guitare, tu te laisses captiver et puis tout d’un coup ça dépitche, vouiiit !, et puis ça repart comme si de rien n’était. C’est une approche différente tu as plus de recul et plus de contrôle sur le son d’une part et, d’autre part, un trémolo d’ordinateur n’a pas la même couleur qu’un trémolo en pédale.

- Quelles sont les guitaristes qui t’ont marqué ?

Bon mes grosses influences ont été Johnny Winter (et son frère Edgar), Rick Derringer (grand guitariste et songwriter, trop méconnu, qui a longtemps joué avec les frères Winter ensemble ou séparément, puis a fait une très honorable carrière solo NDR). C’est de là que je viens, de la guitare que tu fais rouler avec tes doigts, tu dois savoir te débrouiller, utiliser l’instant. En terme de son, j’ai été influencé par Hendrix bien sûr, Mick Ronson aussi et Adrian Belew dans les albums de King Crimson. Il a amené la guitare autre part à un moment donné. Quand je l’ai entendu faire des cris d’éléphants avec sa râpe, j’ai halluciné. J’avais dix-huit ans et à partir de là j’ai commencé à faire une exploration systématique sur la strato à la recherche de tous les cris d’animaux possibles, des oiseaux aux baleines, à l’éléphant. (Axel se marre...) Chris Withley avec Din Of Extasy, ça été un choc aussi.

- Sur scène les parties sont assez bien partagées entre Juan et toi : il n’y a pas le soliste et le rythmique...

J’ai joué beaucoup pour les autres, je sais ce que c’est de faire la rythmique et je considère que c’est un truc valorisant. Bon, je suis plutôt soliste de coeur, mais j’ai compris la rythmique à un moment donné et ça me plaît autant de jouer une pompe bien rodée, bien calée avec la basse/batterie, car là ce n’est plus seulement un plaisir individuel, ça devient un plaisir collectif.


 

Mots-Clefs

Type d’article
Interview
Musiciens/Groupes
Axel Bauer
Numéro
G&C 224

 

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