Alors oubliez le côté folklorique (qui personnellement ne me déplaît pas d’ailleurs) et plongeons à la rencontre de cet oiseau exotique.
Convenons qu’il peut paraître déroutant au premier abord, mais c’est justement parce qu’il est riche, très riche même. L’ampli est architecturé autour de six ECC83 en préamplification et de quatre EL84 qui le dotent logiquement d’une puissance de 30W, mais attention, des vrais, pas des watts de nain. Sa fabrication fait bonne impression avec une toile avant argentée rigide, un vinyle argenté de bon aloi, une protection optimale tant des lampes que des HP (2x10" HH Invader) assurée par des grilles métalliques à l’arrière ; une poignée en cuir confortable, un évent de ventilation chromé sur le panneau supérieur et des patins très stables complètent le tableau.
Le Chrome O Zone comporte deux double canaux : celui du haut regroupe un clean et un crunch partageant la même égalisation trois bandes, le même réglage de reverb et le même réglage de mix de la boucle d’effets. Le mode clean bénéficie d’un volume et d’un switch Bright, le mode crunch, d’un drive et d’un volume, un switch permettent de basculer d’un mode à l’autre. Le canal du bas est organisé de la même manière, rassemblant deux canaux saturés qui possèdent chacun leur drive et leur volume. Un switch bascule vers le haut ou vers le bas. Les deux canaux peuvent fonctionner en triode ou en pentode : cela joue sur le mode fonctionnement de lampes de puissance, réduisant la puissance d’un bonne moitié et changeant aussi le grain vers quelque chose de moins agressif. Un dernier switch de Damping à trois positions agit, lui aussi, sur le rendu général, réduisant plus ou moins le champ de fréquences, ce qui donne des sons plus ou moins généreux ou contraints. L’arrière est également généreux avec trois boucles d’effets, la première, générale, pouvant fonctionner en série ou en parallèle et bénéficiant d’un niveau de retour, les deux autres étant dédiées à un canal et dotées d’un retour supplémentaire commun aux deux canaux. Viennent ensuite la prise footswitch (fourni) au format DIN cinq broches, une sortie ligne venant du préampli et une entrée ligne entrant directement dans l’ampli de puissance et deux sorties HP accompagnés d’un sélecteur d’impédance 4/8 Ohms.
De bon gènes ce Chrome O Zone...
Les sons clairs, très musicaux, peuvent devenir puissants et ne souffrent d’aucune raideur ou agressivité malvenue. Le Bright peut donner un peu trop d’aigus suivant la guitare utilisée alors possesseurs de Tele attention. En mode crunch, mieux vaut rester dans un registre léger car c’est là que ce canal se débrouille le mieux. Le deuxième canal (en bas), sera idéal pour les sons crunchs et les sons hard voire thrash. Bien sûr, tout dépend ensuite des choix effectuées ailleurs (pentode/triode, Damping). Tous passe plutôt bien et l’ampli tire son épingle du jeu en toutes circonstances avec élégance. Le seul reproche que l’on pourrait lui faire vient du partage d’égalisation par des canaux qui nécessiteraient des égalisations très différentes (surtout clean et crunch) ce qui oblige finalement à choisir un de deux modes et à s’y tenir, sauf à changer d’égalisation entre les morceaux.
Bien sûr cela n’empêche en rien le Chrome O Zone d’atteindre son objectif : fournir le maximum de sons dans le minimum d’encombrement avec une puissance suffisante pour jouer en scène. Son look surprenant constituera selon les goûts, un atout ou un handicap, mais sachez aller au-delà des apparences, il en vaut vraiment la peine.