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Le son du Texas Blues avec KWS

D novembre 1998     H 21:59     A Judge Fredd    


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Le Texas est probablement une des plus grosses pépinières de guitaristes de la planète. De T. Bone Walker à SRV en passant par Johnny Winter, Freddie King, Eric Johnson etc. etc., le Lone Star State a fourni plus que son quota de maîtres de la six cordes, probablement parce que comme le dit Billy Gibbons, "Il n’y a pas grand chose à faire au Texas à part... jouer de la guitare."

Au fil du temps, beaucoup de ces guitaristes jouant du blues, on en est venu à parler de Texas Blues, branche qui se définit autant par son ouverture au rock et au boogie, que par deux ou trois sons typiques du genre. Paradoxalement c’est à un guitariste de Louisiane, Kenny Wayne Shepperd que nous avons demandé de nous guider, sans doute parce qu’à vingt ans, il symbolise parfaitement l’évolution de ce style, à la fois fidèle aux anciens et capable de se renouveler.

- Tu sembles très influencé par SRV...

Oui par Stevie Ray et surtout par Jimi Hendrix, qui avait un certain nombre d’idées bien en avance sur son temps. J’ai aussi grandi en écoutant beaucoup d’Allman Brothers et de ZZ Top. Quand j’étais petit, j’écoutais leurs disques en sautant sur mon lit comme font les mômes. Donc, beaucoup de mon jeu et de mon son vient de ZZ Top et d’Hendrix. J’ai écouté Albert King, BB King, Albert Collins, j’ai beaucoup écouté Winter mais il joue vraiment rapidement des fois, ce qui est moins dans ma nature (sic). Pour en revenir à Stevie Ray, je l’ai vu jouer étant petit : mon père était promoteur de concerts, je me trouvais backstage et... c’est lui qui a déclenché en moi l’envie d’être guitariste.

Kenny Wayne Shepperd

- Quelle est ta part dans tout cela ?

Ce que j’ai essayé de faire sur mon disque c’est de partir d’une base blues standard 1/4/5 et de" tourner autour en essayant des progressions d’accords moins conventionnelles. Pareil pour les solos : j’essaie d’avoir du goût, de savoir quand jouer et quand laisser des silences. Même chose pour mon matériel. Je n’utilise rien de révolutionnaire en soi mais j’essaie de m’en servir de manière moins conventionnelle.

- Puisqu’on en parle, quel est ton set en scène ?

Trois Fender Twin Reverb 1965 Reissue en série, et un paquet de Stratocaster. J’en ai des récentes, les Relics, et des vieilles comme la 1961 ma favorite ou une 1958 pas mal non plus. Pour les pédales : une wah Vox, deux Tube Screamer, une Octavia Roger Mayer et une Univibe avec sa pédale de contrôle, dans cet ordre. Enfin mes cordes sont des 012/058 Ernie Ball.

- Tu es un inconditionnel des simples bobinages, pourquoi ?

Ca vient d’abord du fait que je ne joue presque que sur Stratocaster ; mes micros sont des simples améliorés pour faire moins de bruit (hum cancelling). J’aime beaucoup les simples ; pour mon son, c’est ce qu’il y a de mieux : on a de belles harmoniques, et puis le routage avec ses cinq positions, c’est cool. J’utilise la plupart du temps les micros graves et milieu, et les positions intermédiaires quand je cherche plus de finesse. Je me sers de l’aigu sur scène uniquement ; c’est parfois nécessaire pour faire sortir la guitare de l’ensemble. Je possède aussi une Guy (guitare suédoise) équipée de lipsticks, des simples encore, que j’apprécie beaucoup.

- Jamais de humbucker ?

La seule fois où j’ai utilisé un humbucker, il était sur une National dont je me suis servi lors de l’enregistrement du premier album.

- Sur Blue and Black d’où vient le son particulier du solo ?

De l’Octavia, c’est ce que je disais tout à l’heure : rien de révolutionnaire mais...

- Sur Trouble Is et Nothin’ To Do With Love, on reconnaît l’Univibe, c’est le nouveau modèle ?

Oui j’en ai une vieille, mais j’ai essayé la nouvelle et je préfère faire la route avec celle-là en laissant l’originale à l’abri à la maison.

- Quel matériel conseillerais-tu pour débuter dans le "Texas Blues Style" ?

Une Stratocaster parce que beaucoup de "Texas Players" jouent sur Strato. Si vous avez la chance de trouver un Fender Vibroverb c’est le top, un vraiment bon ampli. Beaucoup de gens préfère le Bassman. Moi-même sur scène j’utilise des Twins pour disposer de plus de puissance, mais le Vibroverb c’est vraiment mon ampli préféré. C’est quelque chose dans le son, dans la manière dont il sature, on dirait presque qu’il y a un Tube Sceamer à l’intérieur (rires). Avec le Twin, tu es obligé d’avoir un Tube Screamer pour la saturation. Donc pour commencer : une Strat, un Tube Screamer et un ampli Fender, ça baigne.

- Toi, tu as deux Tube Screamer...

Parce que j’ai deux réglages différents directement sous le pied.

- La wah c’est plus récent ?

Je n’ai pas utilisé la wah sur le premier album parce que je pense qu’il faut les chansons ou les riffs appropriés pour la wah. Sur le dernier album, elle s’imposait naturellement, donc je m’en suis servi. Mais ça fait longtemps que je pratique. (Remember Hendrix. NDR)

- Quelle acoustique as-tu jouée sur l’album ?

Une vieille Martin, de toute façon j’adore les vintage.

- Et la slide ?

Je ne suis pas un très bon slide man, donc j’apprends et on verra...

LE SET

Guitare :

La Stratocaster, une des deux ou trois références absolues de la guitare électrique. C’est notamment la guitare fétiche d’Hendrix, Stevie Ray Vaughan et bien d’autres. Les Relics sont des reissues assez huppées de modèles vintage dont les spécifications sont respectées presque à la lettre. Cela étant le Texas Style s’accomode d’autres instruments, la Telecaster pour un rendu plus rock (Jimmy Vaughan parfois), la Firebird avec ses mini humbuckers puissants (Johnny Winter), la Les Paul et son son bien gras (Billy Gibbons).

Le pedal board de Kenny Wayne Shepperd

Effets :

Si l’on excepte les Tube Screamer qui compensent l’absence de fuzz, le set d’effets de KWS est très hendrixien avec au premier chef la wah Vox. Elle reste la référence même si d’autres pédales (Cry Baby 535 par ex.) peuvent lui être substituées. Elle est placée en début de chaîne. Les Tube Screamer amènent la saturation dont manque le Twin. Le Tube Screamer, développé par Ibanez pour reproduire la saturation des vieux amplis à lampes est devenu une institution. Il sera donc difficile de lui trouver un équivalent même si de nombreux overdrives tireront très bien leur épingle du jeu (à ce sujet guettez un prochain Club des 5). L’Octavia, entièrement analogique, développée en 1967 par Roger Mayer en collaboration avec Hendrix, rajoute l’octave supérieure au signal de la guitare. Il a la particularité de "ring moduler" les harmoniques. Hendrix le couplait souvent à une fuzz (solo de Purple Haze). Enfin l’Univibe est un simulateur de cabine Leslie. Si vous en avez les moyens et les biscottos vous pouvez vous servir d’une véritable cabine Leslie comme les frères Vaughan ou Gibbons sur Sure Got Cold. Plus économique, la Rotovibe fait bien la farce tout en tirant un peu plus sur le phasing. Vous pouvez d’ailleurs si vous en possédez un bon, vous servir d’un phasing pour imiter une cabine Leslie.

L’amplification :

Trois Twin en série, là on est plus dans le monde de SRV que dans celui d’Hendrix qui utilisait des Marshall. Avec une puissance variant entre 80 et un peu plus de 100W suivant les époques et les HP dont on l’équipait, le Twin Reverb est connu pour allier puissance et clarté. Il est équipé d’une reverb et d’un vibrato à lampes de très bonne qualité. Revers de la médaille, il ne sature pas très vite et pas très beau. Le Vibroverb dont parle KWS, est lui plus souple et plus chaleureux en la matière au détriment de la puissance (40W). Le Vibrolux peut aussi faire l’affaire car il est proche du Vibroverb. Le Bassman, le Blues Deville et le Hot Rod Deville constitueront de bons choix alternatifs, ainsi que certains Matchless pour ceux qui ont les moyens de se démarquer.

 

Mots-Clefs

Type d’article
Interview
Musiciens/Groupes
Kenny Wayne Shepperd
Numéro
G&C 201

 

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