J’aurais bien voulu vous parler du DFX 94 Dod au temps de delay impressionnant, mais il n’est plus au catalogue et n’a pas encore de remplaçant. Je vous le signale tout de même car il y en a un certain nombre encore en circulation, même chez certains revendeurs. Nous voilà donc en présence de deux Boss aussi différentes que leur look est semblable, d’une Guyatone plus professionnelle qu’on ne pourrait le supposer à première vue et d’une Danelectro toujours aussi sympa.
Anatomie
Les deux Boss adoptent le boîtier maison, blanc satiné, sérigraphie et potards bleus. Le Dan-Echo tape dans les fifties avec un mauve pastel assez réussi, tandis que la Goldorak euh... Guyatone se fait très (trop ?) discrète dans sa robe bleue foncée. Chacune présente de bonne qualités en termes de solidité, de confort, de stabilité, possèdent un accès rapide à la pile et acceptent une alim externe 9V. Heureusement d’ailleurs parce qu’avec un delay digital, une pile dure trois/quatre heures au mieux. Si toutes possèdent les trois réglages de base, Time, FX Level (ou mix) et Feedback (ou repeats), chacun y ajoute sa touche personnelle. Sur la Guyatone c’est un switch A/B permettant de passer de temps allant de 30 à 200 ms en position A, à des temps compris entre 120 et 800 ms en position B. On retrouve le même type de réglage par inter sur la Danelectro plus un hi cut altérant les répétitions pour simuler un écho à bandes sur les temps les plus courts.
Le DD3 propose quant à lui un rotocontacteur quatre positions, la première dédiée aux delays courts (de 12,5 à 50 ms), la seconde au temps moyens (de 50 à 200 ms) et la troisième aux temps longs (de 200 à 800 ms). La position 4, dite, Hold permet de répéter un échantillon très court de musique tant qu’on maintient la pédale enfoncée. Sur le DD5 le rotocontacteur propose onze positions différentes. Les quatre premières pour des longueurs de delays croissantes un peu comme sur le DD3 sauf que là on démarre plus bas (1ms) et on arrive bien plus haut avec deux secondes pleines de delay ! En cinquième, on retrouve le hold mais cette fois l’échantillon peut durer deux secondes ce qui devient intéressant musicalement parlant. Sixième position : reverse delay (répétitions à l’envers), puis simulation de chambre d’écho, et quatre positions tempo. Avec un switch momentané externe on peut fixer le temps de delay par quatre impulsions du pied, soit à la noire (8) soit à la croche (9) soit à la double (10) soit au triolet de croches (11). Terminons avec la connectique, de base (In et Out sur la MD2 et le Dan-Echo, avec un direct Out en plus sur la DD3 si on désire envoyer le son dry d’un côté et le delay de l’autre, et sur le DD5 une sortie Panning Out pour l’image stéréo et une prise Tempo pour le switch externe.
Perfs
Tous les delays ont été testés en insert sur plusieurs amplis à lampes. Malgré sa petite taille, le MD2 est un excellent effet capable de toutes les prestations qu’un guitariste attend habituellement d’un delay. Sur la position A on accède à tout ce qui est doubling pour les temps les plus courts. On peut gonfler son son de manière assez naturelle ; le slapback cher au rockabilly et à la country est aussi au menu. Sur la position B, delays longs : on apprécie la fidélité des répétitions qui peuvent avec pas mal de niveau sonner plus métallique si on le désire. Note : le niveau de l’effet reste toujours légèrement en deçà du son dry même avec l’Effect Level à fond ce qui correspond à 95% des utilisations. Le réglage de Feedback donne toute satisfaction et, poussé à fond, produit un curieux effet de montée progressive du niveau des répétitions. C’est peut-être involontaire mais peut s’avérer utile si vous cherchez des bruitages un peu délire.
Grâce à son Hi Cut le Dan-Echo offre, sur la position Lo notamment (delays courts), la possibilité de s’approcher du rendu d’une chambre d’écho à bande. Sans ce réglage, on retrouve la position A de la pédale précédente. En position Hi on va atteindre des temps de delay proches de la seconde. Par sa couleur sonore, le delay Danelectro se démarque des autres pédales de ce comparatif. Moins rigoureusement fidèles, mais moins métalliques aussi, ses répétitions sonnent plus naturelles, plus chaudes. Attention, nous sommes là dans la plus grande subjectivité, et nous parlons de différences aussi infimes que subtiles. Enfin son réglage de mix, à l’instar de celui des Boss, permet de favoriser le son de l’effet par rapport au son dry.
Le DD3 est probablement (avec son prédécesseur le DD2) la pédale de delay la plus répandue sur la planète. A ce titre c’est devenu la référence, l’étalon à l’aune duquel les autres pédales sont jugées. Les trois positions décrites précédemment sont pensées en termes musicaux. La première (S) va servir uniquement pour les effets de type doubling, la seconde pour le slapback et la troisième pour les delays longs (soli, architectures rythmiques etc.). Sa couleur est une bonne balance entre chaleur du son et précision/froideur digitale. Il couvre à peu près toutes les utilisations courantes et comme les deux pédales précédentes permet des effets de dépitchage impressionnants lorsqu’on manipule son Time tout en jouant. Sa fonction Hold, plus publicitaire que réellement efficace prend d’ailleurs un autre relief en étant dépitchée.
Le DD5 se taille la part du lion, car c’est vraiment la pédale la plus complète et la plus aboutie du moment. Ses trois premières positions reprennent celles du DD3, la quatrième allant d’un peu moins d’une seconde jusqu’à deux secondes. Quand on pense à certains super racks d’antan qui culminaient à 1 seconde... Ici la manipulation du Time ne dépitche pas mais produit des aberrations rythmico/radiophoniques assez marrantes et très technoïdes. Vient ensuite un Hold, insensible, lui, aux manips du delay Time et surtout allant jusqu’à deux secondes, donc très exploitable. Ici on appuie sur la pédale tant qu’on veut sampler (dans la limite des deux secondes bien sûr). Dès qu’on relâche, le sample se met en boucle et tourne jusqu’à ce qu’on réappuie sur la pédale. On peut ainsi faire tourner de mini suites d’accords, poser des ambiances en samplant le gras d’un gros accord qui va servir de nappe ou que sais-je encore... Bref un Hold hyper musical. La position 7 ravira tous les fans de Robert Fripp puisqu’elle répète le signal d’abord à l’endroit puis à l’envers et pendant vraiment longtemps si vous poussez le Feedback, impressionnant et cosmique. Enfin, les quatre derniers crans dits Tempo, sont le parfait outil de scène. Dans un premier temps restez sur la position 8, le temps de delay correspondra alors au tempo que vous avez tapé. Quand vous aurez un peu de pratique et si vous le désirez vous pourrez diviser votre tempo par deux et obtenir un delay à la croche de ce que vous avez tapé en position 10, 9 et 11 offrant d’autres subdivisions.
Sentence
Le DD5 est sans conteste le plus complet et le plus performant des delays de ce comparatifs. C’est aussi le plus cher et il nécessite un switch externe pour profiter de sa fonction tempo. Beaucoup lui préfèreront donc une pédale moins onéreuse et plus simple. Les trois autres delays répondent à ce signalement et ne seront départagés que par des éléments subjectifs comme le look ou la couleur du son des répétitions, car ils sont relativement équivalents pour le reste.