Genèse
A l’origine était la Cry Baby toute simple, inspirée de la wah Vox dont la fabrication avait cessé. Elle fut décliné en plusieurs versions dont la Jimi Hendrix, la fuzz-wah etc. La 535, dernière évolution en date, avait introduit le multirange chez Dunlop avec quatre positions différentes, et un booster réglable et enclenchable. La Q testée aujourd’hui représente l’étape suivante : on passe de quatre à six ranges différents, le boost reste réglable mais devient permanent et surtout, surtout, on dispose d’un réglage dit "Q" qui joue sur l’égalisation de la wah donc de facto sur le range, mais d’une manière différente. La combinaison de ces trois réglages fait de la 535Q la première wah entièrement customisable et lui donne un éventail jamais atteint sur une seule et même pédale. Seul inconvénient, on passe de 9V à 18V (boost permanent), ce qui oblige soit à utiliser deux piles soit à acheter l’adaptateur secteur ad hoc.
Fais wahr de qwah t’es cap’
On sélectionne les six positions grâce au potentiomètre métallique sur le côté droit du socle. Elles s’étagent de la plus aiguë (vers l’arrière) à la plus grave (vers l’avant). Il faut bien garder en tête l’interactivité des trois réglages et ne pas les cantonner à des utilisations par trop "classiques". Exemple : on aurait tendance à ne voir dans le boost qu’un utilitaire pour rattraper ou gonfler le niveau. Or, il agit de manière fort différente suivant le réglage de Q effectué, car étant plus audible sur les fréquences aiguës que sur les graves, on comprend qu’il aura plus ou moins d’incidence suivant le range choisi et le réglage du Q. Il devient donc un élément clef de la sonorité de votre effet wah, d’où sa mise en service permanente.
Passons au Q : plus il est baissé (vers Lo) plus il est "grave" et plus on va obtenir des effets wah vintage. Si on le combine alors à un réglage de boost poussé on se rapproche d’un rendu hendrixien, sous réserve du choix du range bien sûr. A l’inverse un Q poussé à fond (vers le Hi) nous rapprochera des wahs plus tranchées, chères aux hard rockers et sonnera de plus en plus chimique à mesure qu’on poussera le boost. Et bien sûr, on a toujours le choix entre les six positions de range. Tout cela peut paraître compliqué comme ça mais est en fait beaucoup plus simple une fois sur la bête, d’autant que le livret joint propose pas mal d’exemples pertinents.
Cela étant, les tenants d’une wah unique de type plug n’ play devront réviser un peu leur rapport à l’effet. En contrepartie, la 535Q vous permettra de retrouver la wah d’à peu près tout le monde (Prince, Fusciante, Hendrix, Zappa, Marley, Metallica, Soundgarden etc...) et surtout de trouver la vôtre celle qu’on n’a pas encore entendu. On pourra regretter que les réglages Q et boost soit reléguées en dessous de la pédale car on aurait aimé pouvoir les varier sur scène par exemple.
La 535Q est LA wah définitive, aussi à l’aise sur son clair que sur son saturé, en utilisation vintage que moderne, pour à peine plus cher que certaines pédales beaucoup plus classiques. Avec elle la question se pose réellement : pourquoi en acheter une autre ?