Cette nouveauté ne date pas d’hier puisqu’elle fut proposée dès 1981 sur les basses Passion et les guitares Arpège. Voyant que le monde de la six cordes ronronnait un peu trop Vigier a décidé de la remettre au goût du jour sur base Excalibur, profitant en 97 d’une demande de Shawn Lane. Ainsi naquit la Surfreter.
Pour le reste, c’est une Excalibur normale avec un corps en aulne, un manche en érable avec ligne de carbone au milieu, selon la règle du 90/10 (90% de bois, 10% de carbone), marque de fabrique des Excalibur. La guitare est équipée d’un accastillage doré, d’un chevalet cordier ressemblant à un vibrato Fender, de deux boutons de potar métalliques, deux attaches de bandoulière et six mécaniques Shaller/Vigier à bain d’huile. Deux guide-cordes se chargent de plaquer les quatre cordes les plus aiguës contre le sillet métallique. L’électronique se compose de deux doubles, un Tone Zone en aigu, un PAF Pro en grave et d’un simple HS-1 en position centrale, tous de marque Di Marzio. Ils sont routés via un sélecteur cinq positions, un volume et une tonalité. Les micros présentent un fort niveau de sortie, le volume très progressif permettant d’en varier le rendu subtilement.
Surfin’ with the alien !
La touche est un alliage de métaux, incluant entre autres du cuivre, baptisé Delta Metal. Plus dur que le cuivre, il est censé bien résister à la corrosion. Les avantages de cette touche sont multiples ; d’abord, lorsque vous jouez au bottleneck vous n’avez pas l’obstacle des frettes que l’on racle trop souvent, surtout quand l’action est trop basse. Ici, même avec une action basse, vous pouvez heurter la touche de votre bottleneck sans que ce soit nuisible à votre son, puisque cela fait comme si vous frettiez la corde sur du métal au même endroit. Encore n’est-ce là qu’une utilisation bien conventionnelle de la Surfreter, parce qu’en fait vous pouvez tout aussi bien obtenir des effets de slide sans bottleneck. Il est possible aussi d’inclure dans vos riffs des effets de glissando très sympas, que vous jouiez country ou thrash. En exagérant le mouvement, par des allers et retours rapides, vous simulerez un vibrato ou une Whammy. L’absence de frettes vous donne aussi accès aux quarts de ton, alors bonjour sitar et autres instruments exotiques. J’ai également tenté des effets de glissando avec un delay long et une wah automatique et je me suis retrouvé au milieu des mouettes et des cormorans. Ce qu’on apprécie, après un petit quart d’heure de perplexité, c’est la liberté totale qu’offre cette guitare. Seule contrainte, si vous voulez jouer juste, il faut appuyer vos doigts à l’endroit exact où se trouverait la frette et non au milieu de la case. Rassurez-vous, les repères de tranche sont bien présents. Le sustain est bon à condition d’appuyer ferme pour les accords.
On saura gré à Vigier de sortir des sentiers battus, de ne pas se contenter de ronronner à sa place de co-leader français de la lutherie électrique. Cette guitare est innovante, même si elle demeure assez déroutante dans un premier temps. Elle ouvre la voie à des utilisations bien délirantes et on l’aurait préférée juste un peu moins chère.