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Bogner Ecstasy 101B

Un ampli de "rave"

D avril 1998     H 12:46     A Judge Fredd    


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Comme souvent avec les stacks un peu hors norme, on en avait entendu parler bien avant de le voir. Eh bien il est là, bonjour l’extase !

Côté fabrication, c’est la grande classe avec une ébénisterie massive et recouverte d’un épais (mais vraiment épais) vinyle noir. Le baffle adopte le design Marshall, avec roulettes et une superbe toile jaune paille, dont on regrette fortement de ne pas retrouver un rappel au fronton de la tête. Seul petit moins, le logo plastoc, là encore façon Marshall, qui fait d’autant plus cheap que le reste est classieux. La tête a donc droit à une espèce de grille noire métallique crantée, solide, qui participe à la ventilation de l’ensemble mais jure un peu avec les potars flèche blancs, le pilote vert/bleu et les belles couleurs des LED. Le châssis maintenu par quatre grosses vis, supporte deux énormes transfos et une dizaine de lampes sagement alignées. Pour le reste, gros patins antidérapants, grosse poignée et grosse grille de ventilation arrière. On note aussi, les interrupteurs métalliques à l’ancienne qui semblent devoir durer toujours. Bref, une fabrication et un niveau de qualité rares qu’il convenait de souligner. Livré avec l’ampli, un gros pédalier permet de commander la commutation des canaux, la mise en/hors fonction des deux boosts et, raffinement suprême, de mettre l’ampli en standby, c’est-y pas beau ça ? Lui aussi bénéficie d’une construction digne d’éloges. En clair, vous n’êtes pas prêt de le casser.

Bogner Ecstasy 101 B

Le principal handicap de cet ampli vient précisément de ses immenses capacités. Du coup, et malgré l’effort de simplification opéré par son fabricant, on a du mal à s’y retrouver au début et, lors d’un essai en magasin, on risque fort de passer à côté de son potentiel par manque de temps. Aussi vous prierai-je de me manifester quelque indulgence si, malgré de gros efforts, mes explications n’étaient pas toujours limpides. Alors voilà : l’Ecstasy possède trois canaux dont le rendu peut-être notablement modifié par un maximum de réglages, tant au niveau de la préamplification que de la section puissance. Sur le canal 1, on va rechercher les sons clairs et crunchs. Sur les deux autres, on va aller des crunchs aux saturés, chacun dans leur genre.

Préamplification

Tout ce qui suit sauf avis contraire est valable pour les trois canaux, étant entendu que le 1 possède sa propre égalisation tandis que le 2 et le 3 partagent les réglages de basses, mids et aigus. Chaque canal présente un switch de pré égalisation à trois positions B1 (boost 1), N (normal) et B2 taillant le signal avant qu’il n’entre dans la section égalisation. Sur le canal 1, cela permet de se rapprocher du son d’un Twin (B1) ou de creuser le son (B2). Sur les deux autres canaux, l’intérêt est encore plus grand puisque cela leur donne toute latitude pour se singulariser. Il faut savoir que plus le gain est poussé, moins ces pre EQ sont efficientes. Or justement, le canal 1 possède un gain boost et le 2 et le 3 en partagent un autre (tous déclenchables au pied), ce qui autorise de multiples interactions entre gain et pre EQ, avant même de toucher à l’égalisation proprement dite. Viennent ensuite un switch Plexi, pour le canal 2 ou 3, qui en minorant le taux du gain (ce qui oblige à pousser le Master pour sonner) veut satisfaire les amateurs de Marshall des sixties. Faut aimer et mieux vaudra sans doute posséder un baffle d’esprit vintage pour en profiter à plein. Dans le même genre, mais visant plus les sons blues ou country, le switch Structure réduit le gain sur les canaux 2 et 3.

La boucle, irréprochable et déclenchable au pied, n’échappe pas à l’inflation d’autant qu’elle peut fonctionner en série ou en parallèle avec tous les réglages que cela implique plus un réglage de niveau en retour.

Puissance

A tout ce que nous avons vu jusqu’à présent s’ajoute la possibilité de faire fonctionner les EL34 en triode ou en pentode (old/new style), à demi ou à pleine puissance (Half/Full), en class A ou class A/B ; ce n’est pas tout, puisqu’ Excursion et Presence vous attendent. La première (couplée avec la deuxième) limite le déplacement du cône du HP, pour un rendu plus ou moins tight avec plus ou moins de rondeur dans les basses. Cela s’entend mais reste assez discret. N’allez pas chercher là le réglage magique qui fait le son à lui tout seul. Les présences fonctionnent de la manière suivante : par défaut, c’est la A qui est affectée à tous les canaux. Cependant, le switch "presence B select" affecte ladite présence soit au canal 1 soit au canal 3. Cela permet à un de ces deux canaux de bénéficier d’un réglage de présence particulier ce s’avère profitable surtout sur le canal 1, pour rehausser aigus et attaques. Gardez cependant en tête que sur cet ampli la présence agit elle aussi de manière subtile et mesurée. Plutôt que d’essayer de vous décrire tous les sons que j’ai obtenus avec l’Ecstasy, ce qui prendrait X pages, voici, en vrac quelques...

Impressions

Tout d’abord l’ampli est très puissant et, de ce point de vue, n’usurpe pas son appartenance au club fermé des mégastacks. Tous les canaux ne donnent pas le meilleur d’eux-mêmes avec les mêmes réglages à l’arrière : le 1 et le 2 par exemple donnent de très bons résultats avec la combinaison Old Style/Full Power/Class A/B, tandis que le 3, lui, préférera le fonctionnement en pentode, qui peut convenir au 2, mais n’est guère flatteur pour le 1. Il faut donc procéder à de délicates mises au point si l’on veut disposer de trois canaux avec trois sons véritablement optimums. La position la plus passe-partout pour avoir trois sons semble être Old, Full et AB. Cela dit, on peut préférer n’avoir que des crunchs (un clair et deux crunchs) et là le problème sera moindre. Tout ce qui précède est à relativiser en fonction de la guitare utilisée, l’ampli étant très respectueux du son de l’instrument. On aura donc des rendus très différents entre doubles et simples, acajou et érable etc. En Old Style (triode) on perd de la puissance, mais le son est plus crémeux. Sur les sons saturés on préférera positionner le switch Structure sur High. Par contre l’utilisation des boost et des pre EQ dépendra vraiment de la guitare utilisée. Ce sont des réglages fins qu’il vaut mieux garder neutres au début et ne faire intervenir qu’en fin de recherche pour orienter le son dans tel ou tel esprit. Les lampes de préamplification ne semblent pas avoir été sélectionnées aussi judicieusement que les quatre EL34 et il y a fort à parier que l’ampli sonnerait mieux avec de meilleures lampes de préamp.

L’Ecstasy a du coffre, impressionne par sa puissance, ses capacités sonores et sa versatilité époustouflante. Le seul problème à mon sens est qu’on a trop voulu courir après la versatilité. Souvent l’acheteur de ce type de stack craque sur la personnalité de l’ampli (Soldano, VHT, Marshall VHM custom), or là, l’approche est plus celle d’un combo ou d’un système modulaire. Cependant, il est fort possible qu’il soit capable de délivrer le son qui vous plaît, auquel cas... économisez !!!


Autres infos
  • Look
  • Haut niveau de fabrication
  • Versatilité impressionnante
  • Puissance
  • Standby au pied
  • Trop riche ?
  • Financièrement inaccessible à la plupart d’entre nous
  • Prix indicatif :
    • Tête : 26 000 F TTC env.
    • Baffle : 7 900 F TTC env.
  • Distribution : Cofraco

 

Mots-Clefs

Amplis/Préamplis
100 W Lampes Stack
Type d’article
Banc d’essai
Marques
Bogner
Numéro
G&C 195

 

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