De fait, la CE Bolt-On ressemble fort à la Custom maison, si l’on excepte son manche vissé et non collé. Cette particularité, de par les économies qu’elle permet de réaliser, positionne la CE à l’entrée de la gamme PRS. Une entrée de gamme qui a tout de même son prix.
Le corps, en acajou, recouvert d’une table en érable adopte la forme "Fenson/Gibder" commune à presque tous les modèles de Paul Reed Smith. Rien à redire, sauf sur l’esthétique de la pièce d’érable qui constitue la table de l’instrument testé ; à ce prix on peut se permettre d’être exigeant. Une simulation de binding l’entoure. Le manche, dont la jonction s’opère à hauteur de la vingt-deuxième frette, est en érable à l’image de ce qui se fait traditionnellement sur ce type de montage ; un manche en acajou supporterait moins bien les contraintes et les variations qui s’exercent sur un manche vissé. De type Wide Thin, il combine, comme l’indique son nom, une largeur confortable mais raisonnable à une minceur bienvenue sans être exagérée. C’est le type même du manche bien tempéré demandant peu d’efforts d’adaptation tant aux virtuoses tenants du pouce derrière, qu’aux adeptes des accords à un doigt. La touche palissandre compte vingt-quatre cases, de quoi se dégourdir les doigts. Le tout est soigné, bien fait , bien assemblé et présente un confort de jeu total.
L’accastillage se compose principalement du vibrato maison d’obédience vintage, couplé aux excellentes mécaniques à blocage de la marque, et secondé par le sillet en matériau lubrifiant. Le tout assurant un accord sans faille dans la mesure où on ne brutalise pas le vibrato. Pour le reste, on trouve deux attaches de bandoulière aux dimensions généreuses.
Comme beaucoup de PRS, la CE a troqué le traditionnel sélecteur de micros pour un rotocontacteur à cinq positions. En position 1 (vers le manche) on savoure le son fat, crémeux et sifflant du micro aigu. en 2, un son de type Fender intermédiaire nous est dispensé par les deux bobinages externes (près du manche et près du vibrato) de chaque micro. Les positions 3 et 4 tentent de recréer le son intermédiaire médium/aigu d’une strat, version chaude pour la 3 et plus agressive pour la 4. Paradoxalement c’est la 4 qui donne la sonorité la plus chaleureuse et veloutée, la 3 s’avérant plus médium donc, de facto, plus agressive. Enfin le micro grave, chaud à souhait est accessible via la sixième position. A l’usage il est un peu curieux que le rotocontacteur se manipule à l’inverse des positions des deux micros mais on s’y fait. En revanche, on déplore l’absence d’un deuxième volume qui enrichirait encore la palette sonore de l’instrument. On note par ailleurs la grande progressivité du volume et le fait qu’on puisse exploiter la tonalité sur toute la longueur de sa course.
Ce qui étonne toujours avec les PRS, et la CE ne fait pas exception à la règle, c’est leur faculté à s’adapter à pratiquement tous les styles de sons ou de musiques. En son clair, le blues et le jazz sont à vous avec un micro grave (Vintage Bass) plein de caractère de rondeur et de chaleur, la country le reggae ou le funk apprécieront les positions intermédiaires, tandis que les balladins du hard se régaleront des deux doubles. En son saturé, on est prêt à tout avec un micro aigu (HFS) se jouant des clivages, aussi à l’aise dans le boogie rock, que dans le hard ou l’indus. Ca chante, les harmoniques fusent à tous les étages, bref la guitare est aussi plaisante à entendre qu’à jouer.
Avec cette CE, PRS montre qu’il ne néglige en rien ses modèles les plus modestes. Bien sûr, c’est un peu cher, mais le soin apporté à la fabrication, le confort de jeu et les sonorités de l’instrument sont telles que vous en avez vraiment pour votre argent.