Rien à redire ni sur le look torride ni sur la construction on ne peut plus sérieuse. L’acier inoxydable du boîtier donne fière allure à l’ensemble, tandis que sa largeur et ses patins monstrueux lui assurent une stabilité exemplaire.
Exit tuyau, bonjour micro
Le Talker est en quelque sorte une machine à mixer votre voix et le son de votre instrument. Sa connectique se montre de ce fait très complète avec les entrées instrument et micro (XLR + pad -10 dB), les sorties vers ampli et table de mixage (XLR) et la prise secteur pour le transfo 9,75 VAC fourni. Les contrôles permettent de : choisir parmi les six programmes proposés, bypasser l’effet ajuster séparément les niveaux d’entrées de l’instrument et du micro, le niveau de sortie du signal traité et, sur le devant de la pédale, de router le signal soit vers l’ampli soit vers la table (avec réglage du niveau), soit vers les deux. Le Talker s’avère un peu plus long à mettre en oeuvre qu’une pédale standard puisqu’on doit d’abord le connecter à une gratte, une table, un ampli et un micro. Il faut ensuite régler les niveaux ce qui prend du temps si l’on ne veut cartonner la sono.
Les six programmes du Talker constituent un éventail de ce qui peut se faire en matière de mélange voix/instrument :
NuVo semble être le vocoder de base, simple à utiliser et sans effet trop envahissant. On parle, et la voix s’intègre à la musique : rien de plus simple. Nuwah est une sorte de wah automatique ou d’envelope filter aux accents humains fonctionnant sans la voix ; seul défaut, son niveau n’est pas aligné sur celui des autres programmes. TazMania utilise le bruit blanc pour transformer votre voix en celle d’un démon, c’est assez impressionnant et plutôt rigolo mais ne peut servir souvent sous peine de lasser au bout d’un moment. TalkBox se rapproche du rendu d’une Talk Box bien que le passage par le micro ne puisse totalement rivaliser avec le son de la combinaison tuyau/cavité buccale. Alien est une sorte de vocoder avec doublage à l’octave dont le son est parfaitement décrit par son patronyme. Enfin AutoTalk est sans doute le plus intéressant d’un point de vue pratique puisqu’il ne se déclenche que lorsque vous parlez dans le micro, n’intervenant pas sur votre son le reste du temps, une sorte de programme à bypass automatique en quelque sorte. En tout état de cause, pour un guitariste, mieux vaudra se cantonner à la sortie vers la table de mixage, le rendu sur ampli n’ayant pas grand intérêt. Il en ira bien sûr tout autrement pour un clavier dont l’ampli est d’une certaine manière, plus proche d’une sono (pas de saturation, trompe d’aigus).
Dans la perspective d’une utilisation scénique, deux problèmes principaux se posent : d’une part les différents programmes sont nantis de noise gate de différentes longueurs et intensités, sans qu’il soit possible d’intervenir. D’autre part on note sur certains programmes des décrochages lors de tirés de cordes par exemple. Le Talker devrait par contre être tout à fait à son aise en studio d’autant qu’il n’est pas exclusivement ciblé guitare et pourra officier tant sur des claviers que sur une basse, une boîte à rythme ou des samples.
Paradoxalement c’est donc moins au guitaristes qu’aux bidouilleurs en tout genre que le Talker s’adresse, avec une inclination prononcée pour le studio. Il représente une tentative intéressante dans un créneau où, finalement, peu de marques se risquent, dommage qu’il soit si cher.