Petit rappel pour ceux qui aurait raté le début : la cabine Leslie est un système d’amplification originellement à lampes développé pour l’orgue. Elle envoie les aigus dans un double cornet et les graves dans un boomer surmontant un tambour comportant des évents qui laissent s’échapper le son. Cornet et tambour sont rotatifs, ce qui provoque un effet tremolo flangé, l’auditeur percevant le son plus fort lorsque l’une ou l’autre bouche du cornet et/ou l’un des évents du tambour sont face à lui, que lorsqu’ils se trouvent sur les côtés ou à l’opposé. Cornet et tambour ont chacun leur propre système d’entraînement. De plus, la cabine propose deux vitesses : lente et rapide. Au moment où l’on va passer de l’une à l’autre, cornet et tambour vont accélérer différemment et ne vont donc pas mettre autant de temps pour se stabiliser, créant de multiples variations de l’effet. Cela est aussi vrai dans le cas d’une décélération. C’est pourquoi de nombreux organistes aiment à changer sans arrêt de vitesse.
La totale
La force de la Rotosphere est d’avoir tenu compte de tout ce qui précède en le proposant dans un boîtier à pan incliné, hyper robuste et antidérapant qui ne dépaysera pas les amateurs de Leslie puisqu’on y retrouve toutes les fonctions d’une pédale combo. Côté lampe une ECC83/12AX7 maison a pour mission de réchauffer le rendu et de recréer la saturation naturelle d’une cabine ; elle est servie par un drive, un niveau de sortie et une LED jaune qui s’illumine lorsque la lampe sature. Cela permet un ajustement fin des niveaux. Côté effet tournant, deux autres témoins, rouge et vert clignotants, nous renseignent sur la rotation respective du cornet et du tambour virtuels, une balance permettant de favoriser l’un ou l’autre dans le mix. On peut constater que le déphasage entre cornet et tambour lors des changement de vitesse est respecté. Lesdits changements s’effectuent grâce au switch de droite, un témoin rouge s’allumant en vitesse lente, pour une lecture immédiate du mode de fonctionnement. Deux autres switches autorisent l’arrêt ou le redémarrage progressif de l’effet (Breaker, au milieu) et sa mise en/hors fonction (Bypass).
A l’arrière, la connectique comprend deux entrées et deux sorties (l’appareil fonctionne en stéréo ou en mono), un sélecteur guitar/keyboard, une prise pour contrôler bypass et vitesse par switch externe (utile si vous préférez poser la Rotosphere sur votre clavier pour garder les autres réglages à portée de la main) et la prise de l’alim externe 12V (fournie).
J’ai d’abord testé la pédale avec une guitare. Les meilleurs résultats ont été obtenus en la branchant dans l’insert d’effets de l’ampli car, le signal entrant étant plus fort, la 12AX7 sature plus vite, et l’effet a plus de corps. L’effet Leslie est à la fois réaliste et enveloppant, ce qui lui donne une grande authenticité même en vitesse lente ; appréciable car ce n’est pas toujours le cas de la concurrence sur guitare tout au moins. En vitesse rapide on se prend rapidement pour Jimmy Vaughan. La saturation s’avère très proche de celle d’une pédale, chaleureuse et crunchy. Le deuxième essai avec un orgue BX3 Korg a confirmé la première bonne impression et a permis de prendre la mesure de l’effet en stéréo sur une sono. La largeur est au rendez-vous sans toutefois que les points extrêmes du panoramique ne soient trop éloignés l’un de l’autre gardant à l’effet un caractère naturel. Le seul véritable reproche adressé à la Rotosphere concerne le Breaker qui ralentit trop vite, cela dit tout le monde ne s’en sert pas, donc...
La Rotosphere se situe dans les meilleures simulations de Leslie quant à l’effet délivré et, de plus, est certainement le simulateur le mieux pensé en terme d’ergonomie. Son prix restant raisonnable elle constitue un excellent choix tant pour la guitare que pour les claviers.