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Effets Spatiaux

Delays

D 1998     H 00:32     A Judge Fredd    


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"Taïaut oh, taïaut oh, tayoooooo..." Ceux d’entre vous­ qui ont essayé savent que l’écho, poli comme il est, ne fait que ­renvoyer vos élucubrations, au bout d’un certain temps, d’un­ certain délai (delay en anglais).

Tout a commencé pour les musiciens avec des magnétophones dont la bande tournait en boucle. Une première tête enregistrait le signal qui était lu par une, deux, trois, voire quatre têtes (nombre de répétitions) puis effacé, la bande enregistrant un nouveau signal (cf Robert Fripp).

Fulltone Tube Tape Echo
Echo à bande à lampes Fulltone Tube Tape Echo

Aujourd’hui, on utilise une ligne à retard, qui stocke le signal et le régurgite un certain nombre de fois à intervalles réguliers. On distingue deux types de fonctionnement : analogique et numérique (syn : digital). Dans le premier cas, le signal est traité tel quel par l’effet et on aura tendance à parler d’écho ; dans le second, il est d’abord converti en une série de chiffres (digits), comme dans un ordinateur ou sur un compact-disc, puis traité et enfin reconverti en signal analogique. Les delays numériques sont beaucoup plus performants tant sur le plan des temps de retard que sur celui de la qualité des répétitions qu’ ils génèrent, que leurs homologues analogiques. Le manque de chaleur qu’on a pu un temps leur reprocher, n’existe plus que dans le cerveau de certains esprits chagrins. Le delay trouve de multiples applications dans le domaine de la guitare.

Boss DD6

Au plus court, (de 5 à 40 ms), il superpose à votre son, un doublage qui va grossir celui-ci, sans être identifiable en tant que delay par l’auditeur et pouvant d’ailleurs se faire passer pour un effet chorus (cf le chapitre chorus pour comprendre pourquoi). En augmentant légèrement le taux de retard (de 50 à 100 ms) et en limitant le nombre de répétitions à une, on obtient le fameux slap-back, dont rockabilly et country sont friands. Dans la même veine, le signal "délayé" à un volume tout juste plus faible que le signal dry, réglez le temps de delay sur la croche (voir note 2) et jouez une phrase composée de noires : toutes vos notes sont doublées à la croche. Vous pouvez faire la même chose avec toutes les subdivisions du temps en ajustant le nombre de répétitions audibles pour qu’il tombe juste avec la subdivision choisie : une pour la croche (note jouée + répétition), deux pour le triolet de croches, trois pour la double croche etc. Le système marche pour tout schéma régulier, que ce soit une phrase, un pianotage ou une rythmique. Il va sans dire que vous pouvez choisir autre chose que la noire comme subdivision de référence. Pour corser le tout, placez une pédale de volume devant le delay et coupez systématiquement toutes les attaques, vous m’en direz des nouvelles, surtout sur des arpèges... Evidemment, tout cela demande une grande rigueur dans la mise en place. En contrepartie, cela permet de mieux s’approprier le côté rythmique de la théorie musicale (à moins que vous ne soyez déjà un cador en la matière), tout en s’amusant. L’harmonie n’est pas en reste puisqu’il est possible, en jouant sur vos répétitions des notes qui s’accordent avec elles, de créer des accords. Tout le problème sera de pouvoir utiliser ce système de manière musicale, sans tomber dans la musique concrète.

Cela dit, la plupart d’entre nous utilisent le delay comme l’ingrédient qui lie la sauce, que ce soit en rythmique ou, et même surtout, en solo. Pour ce faire, on baisse le niveau des répétitions de manière à ce que leur attaque ne soit pas trop audible, on réduit leur nombre (réglage du feedback) pour ne pas se retrouver avec des notes traînant trop longtemps, et on adopte un temps de retard peu ou prou adapté à l’ambiance, au groove et au tempo du morceau joué. A partir de là, en variant volume et feedback on peut obtenir des résultats sensiblement différents. Certains delays sont stéréos, ou du moins créent une image stéréo, ouvrant par là même de nouveaux horizons : on peut régler les temps de delay sur des subdivisions différentes du temps. Si elles sont espacées de façon régulière (sur la noire et la croche par ex.) on obtient le fameux effet ping-pong, si l’espacement est irrégulier : ping-pong bancal. Il est possible également d’avoir un delay de type slap-back d’un côté et long de l’autre, ou bien encore deux delays présentant +/- 20 ms de décalage, effet garanti en chorus avec des niveaux de delays assez présents et des temps compris entre 300 et 600 ms. Les multieffets proposent également des delays dont les répétitions sont inversées, ainsi que des tapped delays qui relève plus du bruitage cinéma que de l’effet guitare mais bon... De fait, tout, ou presque, est possible avec les appareils actuels, le reste dépend de l’imagination et de la maîtrise théorique et pratique de l’effet.

Danelectro DTE1

Concernant son positionnement, il est préférable de placer le delay en insertion, surtout sur un ampli à lampes, et ceci pour deux raisons : mieux vaut délayer un signal saturé que saturer un signal délayé (essayez, vous verrez...), et d’autre part, l’insert en "bouffant" légèrement l’effet, lui donne un rendu plus naturel, amalgamé au corps du son. Si vous utilisez une pédale de volume, placez le delay derrière : vous aurez accès aux effets décrits plus haut (élimination des attaques) et pourrez couper votre volume tout en conservant les répétitions du delay. A l’inverse, et d’autant plus si vous utilisez un fort et long delay, si vous voulez contrôler les répétitions, placez le delay avant la pédale de volume. D’une manière générale, essayez de le positionner en fin de chaîne. Note : certains delays comportent un "hold" sorte de "sampler" du pauvre au temps d’échantillonnage limité. D’autres comporte une fonction Ducking qui sous-mixe (voire coupe) les répétitions tant que vous jouez et les libère dès que vous faites silence. D’autres encore, permettent grâce à un footswitch sur lequel on tape deux temps d’obtenir un delay automatiquement calé sur le tempo ; cela est appréciable, en scène où l’on ne joue pas forcément les morceaux aux tempos d’origine. Cependant, si vous préférez jouer vos titres strictement aux tempos originels, rien ne vous empêche de donner un coup de médiator en étouffant vos cordes : c’est alors le delay qui vous donnera le tempo.

Note 2 : A ce sujet : le tempo indique un nombre de battements par minutes (bpm). Si on le donne à la noire cela indique le nombre de noires en une minute. Or :

une minute = 60 secondes

une seconde = 1 000 millisecondes

donc, une minute = 60 000 millisecondes

Par conséquent, en divisant 60 000 par le tempo, on obtient le temps de delay à la noire en millisecondes, et pour cela il suffit d’une simple calculatrice de poche. Pour caler le temps de delay sur une autre valeur, il suffit de modifier le résultat obtenu, suivant le rapport de cette valeur à la noire. Ex : temps à la noire/2 = temps à la croche.

Roland RE-800

Etant probablement, avec la disto et le chorus, l’effet le plus utilisé par les guitaristes, le delay a été décliné sous toutes les formes, pédales, racks et se retrouve dans … peu près tous les multieffets existants. Vous n’avez donc que l’embarras du choix. Il en existe à tous les prix mais attention : prix bas peut être synonyme de performances limitées.

Portfolio

  • Electro-Harmonix Deluxe Memory Man
  • Line 6 Echo Park

 

Mots-Clefs

Effets
Delay
Numéro
Memento

 

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