Pour le corps, c’est encore la série RG qui s’y colle, pas de surprise de ce côté donc. Le manche, par contre, n’est pas le Wizard habituel mais quelque chose d’un poil plus épais, bien que son profil en D et le caractère plan de la touche palissandre concourent à favoriser le jeu rapide, ainsi que les vingt-quatre frettes jumbo et le binding qui le ceint. Les sensations de jeu sont agréables d’emblée, une fois la hauteur des cordes réglée. L’accastillage est un classique de la marque : six mécaniques à bain d’huile, deux attaches de bandoulière surdimensionnées et le Lo-Pro Edge, vibrato à blocage maison. Le tout fonctionne bien, sans mauvaise surprise.
L’électronique est, elle, plus inattendue : deux doubles Di Marzio, SFP en aigu et Norton Lite en grave, servis par un sélecteur trois positions, un volume très progressif et une tonalité efficace. Les deux micros sont montés directement dans le bois (grâce quand même à de petits inserts métalliques), ce qui évite tout risque de larsen intempestif même à fort volume. De plus sur la position intermédiaire du switch, les deux bobinages internes de chacun des micros sont mis à contribution pour générer des sons clairs à la fois ronds et cristallins auxquels le caractère progressif du volume et l’efficience de la tonalité ajoutent toute une palette de nuances. Sur le micro aigu on va plutôt donner dans le saturé, avec un son d’origine assez creusé mais présent. La saturation est immédiate, même avec peu de gain à l’ampli, mais pas grossière le niveau de sortie du micro restant raisonnable. Le Norton Lite est relativement polyvalent clair/saturé, et amène dans le deuxième cas de figure une onctuosité agréable à l’oreille. Simple, efficace et agréable à manoeuvrer.
Conclusion, rien de tel qu’une guitare pensée par un guitariste. Pas de doute, la JPM100 a suffisamment d’atouts pour séduire au-delà du cercle des fans de Dream Theater. Reste la déco... je préfère quant à moi la version noir et blanc, plus "Picassienne" à mon sens, mais bon, les coups et les douleurs comme on dit...
Interview
- Comment a commencé ta collaboration avec Ibanez ?
- Cela fait environ dix ans que je joue sur Ibanez. Nous avons enregistré notre premier album très près de leur usine de Pennsylvanie, j’ai été les voir et c’est comme cela que notre relation s’est nouée.
- Quelles sont les différences entre ton modèle signature et la série RG dont elle est issue ?
- C’est surtout la forme qui vient des RG series, le corps est en tilleul, bois très léger, et le manche est un compromis, pas trop fin, pas trop gros. Deux doubles montés directement dans le bois et pas de micro au milieu car cela me gêne pour jouer, je cogne dedans. De même, tous les contrôles ont été repoussés vers le bas, pour ne pas gêner la main droite (élément primordial et suractif du jeu de John NDR). Le switch enfin, se manipule facilement mais pas trop. Comme j’ai besoin de sons clairs, lorsqu’il est en position milieu, les deux bobinages internes de chaque micro sont en fonction ce qui donne un super son clair.
- D’où vient la déco de ta guitare ?
- C’est un design original d’un dénommé Dan Lawrence qui travaille en free lance pour Ibanez. Pendant l’enregistrement d’Images And Words, j’ai eu besoin d’une guitare équipée de micros différents de celle que j’avais à l’époque. J’ai appelé Ibanez et ils m’ont demandé :
- "Est-ce que le look de la guitare est important ?"
- "Non c’est juste pour enregistrer."
- "Bon j’ai un truc "à la Picasso", je te l’envoie mais tu ne t’étonnes pas, c’est vraiment laid."
Naturellement, quand j’ai ouvert l’étui, j’en suis tombé amoureux !
- Le nouveau modèle est noir et blanc...
- Oui, il existait déjà deux coloris différents et lorsqu’il a été question d’un troisième on a pensé à l’une des sept cordes custom que j’ai, qui est noire et blanche, et voilà.
- Y a-t-il quelque chose que tu reprocherais à cette guitare ?
- Non rien, car d’année en année nous avons travaillé à traquer le moindre petit détail, ce qui fait d’ailleurs que le modèle actuel est assez différent de la première guitare que j’ai conçue avec Ibanez, meilleur en fait.