Comme toutes les Gibson, elle bénéficie d’un fantastique étui rempli de peluche rose, ici dans un gabarit assez imposant. Ce qui frappe à l’ouverture, c’est la sobriété de l’instrument. Paradoxalement, on pourrait presque dire que cette sobriété vous saute au visage. Tout est noir dans ces guitares hormis les frettes, les plots des micros, le tour du sélecteur et le logo assez réussi d’ailleurs. Sobriété aussi sur la touche, en ébène (noir oblige), qui ne comporte qu’un repère, à la 12e case, formé d’une étoile et d’un croissant de lune. Et puis, lorsqu’on la retourne, on découvre le détail qui tue : le portrait d’Orville Gibson, fondateur de la marque en noir et blanc dans un médaillon juste derrière le sillet, à la naissance de la crosse. Un autre avantage du parti pris gothique est d’avoir obligé les concepteurs a équiper cette Explorer d’un sillet noir ; résultat il est en graphite, ce qui assure à la guitare une tenue d’accord irréprochable, les six mini Grover à bain d’huile complétant le tableau.
Pour le reste, cette Explorer ressemble à ses soeurs en tout point. Corps acajou, manche en acajou avec profil Rounded Les Paul 1959, Tune-O-Matic et Stop Bar, deux doubles, 496 R et 508T, routés via un sélecteur trois positions , dotés chacun d’un volume et partageant la tonalité. Oui mais voilà, cette fois-ci on a vraiment soigné la lutherie : ici pas d’à peu près, corps et manche sont très précisément ajustés, l’action est réglée au poil près, les frettes sont idéalement posées, la touche est très bien planifiée, bref, tout a été fait pour assurer à cette Explorer une qualité maximale. Il en résulte une guitare bien faite, ludique et confortable, à la sonorité naturelle très riche.
Graaaaaaouuuhh !!!
Coté micros, comme souvent chez Gibson, on a privilégié le niveau de sortie par rapport au grain. Si cela peut être discutable sur certains modèles, aucun problème sur l’Explorer, dont il faut bien dire que la vocation première est d’être une machine à graoûh. Alors on se branche, on fait un rapide tour d’horizon des sons clairs et crunchs, volume guitare un peu baissé, et drive de l’ampli maintenu dans des limites raisonnables. En cherchant bien on trouve des choses intéressantes dans ces registres, surtout sur le micro grave et la position intermédiaire. Et puis on craque, on remet le volume à fond, en poussant le drive de l’ampli, et là, bonjour ! Le son est on ne peut plus gras, fat, ça chante, ça fuse, les larsens sont là, bref, on s’amuse vraiment. On se surprend à aligner grosses rythmiques en drop D, solos dévastateurs, harmoniques sifflantes, et, tout à coup on regarde sa montre, pour se rendre compte que cela fait une demi-heure qu’on emm... son voisinage à gros bouillons.
L’Explorer Gothic réussit donc là où d’autres reissues avaient échoué en combinant une fabrication irréprochable, de grosses qualités de lutherie et de sonorité, et en se rapprochant de l’esprit des anciennes Explorer comme aucune réédition récente ne l’avait fait jusqu’à présent.