La prose de Judge Fredd
Vous êtes ici : Accueil » Interviews » Rencontre d’un super type

Rudolf Shencker

Rencontre d’un super type

D 22 juin 2007     H 19:26     A Judge Fredd    


agrandir

Unbreakable avait remis Scorpions sur les rails, Humanity - Hour 1, leur nouvel album, confirme leur retour au firmament du hard-rock mondial. Rudi Shencker étant de passage à Paris en avril dernier, nous avons pu vérifier que le bonhomme pétait la forme, conjuguant enthousiasme juvénile et sagesse de grand ancien.

A l’écoute de votre album on est frappé par la cohabitation entre des titres très modernes basés sur des riffs bien lourds en Réb et même en dropped C et d’autres beaucoup plus dans le style Scorpions traditionnel.

On a commencé à descendre notre accordage en 82 donc ça ne date pas d’hier. Klaus s’étant fait opérer c’était une façon de ménager sa voix, surtout qu’on faisait des tournées très longues à cette époque. Par la suite, on s’est rendu compte que certaines chansons pouvaient être jouées encore plus bas, car elles n’en sonnaient que plus heavy, Love’em Or Leave Me sur Unbreakable par exemple. On ne le fait pas pour être hype : différentes raisons nous ont conduit à descendre notre accordage. Aujourd’hui c’est devenu un standard, c’est vrai, mais nous on y est venu par un cheminement propre et parce qu’on a toujours été ouverts aux changements s’ils apportent quelque chose.

Rudolf dans ses oeuvres

J’insiste un peu : sur Hour One le riff est très actuel, et au contraire sur Game Of Love je crois on a quelque chose de beaucoup plus « scorpionesque ».

Oui parce que nous voulons faire des albums dans lesquels chaque chanson a sa personnalité propre sans remplissage, de manière à ce que l’auditeur voyage à travers l’album. Nous voulions pour chaque morceau que tout colle, c’est pourquoi nous avons travaillé avec Desmond Child, car c’est quelqu’un qui sait ce dont une chanson a besoin. Une chose qu’on oublie trop souvent c’est que 1+1=3 ! C’est la synergie ! Elle vient quand vous avez la bonne musique avec les bonnes paroles et que tout ça se met bien en place. C’est comme ça que naissent les grands titres et c’était le rôle de Desmond. Les guitares c’était plus le domaine de James Michael (co-producteur NDR) un petit nouveau dans le monde la production. Il est fan de Scorpions depuis tout petit, et il a été capable d’apporter du neuf à notre musique en prenant soin de ne pas casser l’esprit Scorpions. Ça fait que pas mal de gens en écoutant l’album reconnaissent tout de suite la griffe Scorpions mais perçoivent aussi qu’il y a une composante très actuelle.

On ne doit pas être figé dans le temps, on ne peut pas monter sur scène pour proposer la même chose qu’il y a 25 ans...

Dans le même ordre d’idée, les rythmiques de l’album sont très power, on sent l’énergie...

Attitude, attitude, pas de rock n’roll sans attitude man ! C’est la clef ! Here I am, rockin’ like a hurricane !

Et ça, avec tout le respect que je dois à Scorpions, même à vôtre âge ? C’est pas dur certains jours ?

Non non pas du tout. Le truc c’est que je fais attention à moi et je fais attention à ceux qui viennent pour nous voir en concert. J’ai pas envie de monter en scène gras comme ça (il écarte les bras et se balance façon sumo), rester planté au même endroit et jouer en ne pensant qu’à rester en vie jusqu’au jour suivant. Le moment magique c’est maintenant ! Demain c’est demain, hier c’était hier. Si tu vis l’instant présent, chaque moment est intense et ta vie devient belle. Beaucoup de gens l’oublient et passent à côté de leur chance.

Rudolf loves guitars

Te rappelles-tu quelles guitares tu as utilisées sur les différents morceaux ?

Non, avant je notais tout ça mais maintenant avec les nouvelles technologies genre Pro Tools on fait plein de prises, on essaie plusieurs guitares pour voir et à la fin, ça devient très difficile de s’en rappeler. Le seul qui sache ça, c’est mon guitar tech, il note tout : guitares, accordages, effets etc. De plus, bien souvent, je joue la même partie avec des guitares aux caractéristiques différentes qui sont mixées ensuite. Donc la guitare que tu entends est en fait l’addition de deux guitares.

Et les amplis ?

J’avais l’habitude de jouer sur Engl mais cette fois-ci j’ai utilisé un Diezel VH4, c’est un excellent ampli. En discutant avec Billy Corgan, j’ai appris qu’il y en avait un nouveau mais moi j’ai utilisé l’ancien modèle et j’en ai été très satisfait. J’ai aussi joué sur un Engl, un Hiwatt et un autre... mais le Diezel est celui que j’ai employé le plus... sur des 4x12 Marshall.

Le line up du groupe a varié à travers les années, et ces dernières années on a vu Michael Shenker et Uli Jon Roth remonter sur scène avec vous. Scorpions va-t-il finir avec quatre guitaristes comme un groupe de rock sudiste ?

Non, non (sourire), Uli a quitté le groupe à une époque car il devait suivre sa route. Il devait le faire et il l’a bien fait. Il y a deux ans à Colmar il ouvrait pour nous et est venu sur scène avec nous pour quelques titres. Il était heureux de jouer avec nous et nous, heureux de le retrouver. De plus sur différents sites web on a vu que les fans étaient très enthousiastes à cette idée. Donc cela se reproduira, mais à certains moments, ça doit rester quelque chose de spécial.

Scorpions c’est une famille ?

Oui c’est une famille, sans aucun doute. Imaginez une famille qui vit ensemble et puis un jour, un des frères veut partir tenter sa chance aux Etats-Unis... on va pas le retenir de force, on lui souhaite bonne chance et voilà. Un jour il revient, il a fait son expérience et il préfère rentrer au bercail, il est le bienvenu, c’est normal ! Certains ont continué leur vie sans faire de musique, d’autres comme Michael et Uli ont fait des trucs vraiment super en dehors de Scorpions. Maintenant, nous avons l’occasion de montrer ce qu’ils ont apporté à l’histoire de Scorpions, pourquoi s’en priver ?

Avez-vous déjà envisagé que vous pourriez arrêter de jouer, arrêter de tourner ?

Tout peut arriver, il faut rester ouvert. Je ne mets aucune pression du genre : « C’est ma vie et rien n’y changera quoi que ce soit etc. ». Jusqu’ici tout va bien, c’est notre façon de vivre, nous sommes nés pour jouer de la musique, et on le fera aussi longtemps qu’on le pourra, qu’on y prendra plaisir et que les gens viendront nous écouter. Les Stones, qui sont de la génération précédente, tournent toujours et c’est génial car leur musique fait partie de notre quotidien et de notre histoire contemporaine. Nous voyons Scorpions un peu comme ça aussi et si notre destinée est d’être Scorpions jusqu’au jour de notre mort, on est prêts.

Vous aussi, vous avez plusieurs générations de fans qui viennent vous voir ?

Oui bien sûr. C’est super, et par exemple, pendant l’enregistrement de Humanity - Hour 1, on était à Los Angeles. On va sur Melrose pour acheter des fringues et là, derrière moi, j’entends « Still loving You hou hou... », et tu sais qui c’était ? Le chanteur de System Of A Down qui nous explique que tout le groupe est fan de Scorpions depuis longtemps et qu’on les a beaucoup influencés. Pareil pour Greenday ou Nickelbag... C’est vraiment génial de voir qu’on a compté pour des gens aussi talentueux, dans leurs choix et dans leur goûts, surtout qu’on vient d’Allemagne, c’était pas évident au départ. Alors si on peut influer de manière aussi positive sur d’autres, allons-y !

Rammstein c’est un peu la génération suivante, vous vous connaissez ?

Oui, Rammstein est sans conteste le plus grand groupe allemand... à part Scorpions... (il se marre). Till n’est pas à proprement parler un ami, mais nous nous étions vus à l’époque où Rammstein allait partir à la conquête des Etats-Unis. Il se posait pas mal de questions.. par exemple devait-il chanter en anglais ou en allemand etc. Personnellement, je l’avais encouragé à ne rien changer car ils ont un style bien à eux, tout fonctionne parfaitement et en plus ils cartonnent en live. Du Hast a été un hit aux States... fantastique.

Pour finir as-tu un groupe ou un guitariste allemand à nous recommander ?

Edguy est un bon groupe allemand avec de bons guitaristes, et comme guitariste je dirais Axel Rudi Pell.


Rudolf Schenker et le Judge se téléphonent avec des haut-parleurs

Les photos de Rudolf Shenker en scène viennent du site officiel de Scorpions.


 

Mots-Clefs

Type d’article
Interview
Musiciens/Groupes
Rudolf Schenker
Numéro
GX21

 

Plus sur le web


Rechercher

5 articles au hasard

1.  Et un... et deux... et trois micros !

2.  Furtive

3.  Enfin !

4.  Mise en Root de la Tele

5.  Vous, votre ampli et vos auditeurs


Dans la même rubrique

27/08/2016 – Blackfoot the reboot

24/04/2016 – C’est l’histoire d’une blonde…

27/12/2015 – Groove or die !

28/10/2015 – L’homme aux deux notes

22/12/2013 – No Way But The Hard Way