La prose de Judge Fredd
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Nils Lofgren

Aux sources du Nils

D 20 octobre 2007     H 16:27     A Judge Fredd    


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On n’a pas souvent l’occasion d’interviewer quelqu’un qui a derrière lui 40 années de carrière. Et pas n’importe laquelle : Neil Young, Bruce Sprinsteen, Ringo Starr font partie de ses compagnons de route sans parler de l’oeuvre solo du bonhomme. Un type qui aurait aussi bien pu devenir gymnaste professionnel, un grand musicien qu’aucune maison de disques n’a jugé utile de signer ces 13 dernières années, honte sur elles. Donc, une occasion pareille ça se refuse pas même par téléphone. Et quand en plus on se rend compte au bout de cinq minutes qu’on est tombé sur le type le plus cool de la terre juste derrière Homer Simpson... c’est que du bonheur.

- Parlant des sessions d’enregistrement de Play It As It Lays, Patti Scialfa les décrit comme très riches pleines d’idées, d’inspiration, « ...tout s’est fait très facilement, très naturellement... » dit-elle. Vous partagez ce sentiment ?

Oui entièrement. L’album précédent (23rd Street Lullaby) était déjà très satisfaisant de ce point de vue. Et là, sur ce nouvel album il est apparu que Patti avait encore gagné en densité et en confiance comme songwriter et comme chanteuse. Du fait que nous avions fait le précédent, nous nous sommes sentis encore plus à l’aise plus libres et l’album est devenu plus blues... Patti avait un bon paquet de bonnes chanson et ça a vraimenbt été un plaisir de faire cet album

- Répartition des parties de guitares

Ca s’est fait très naturellement. En fait à l’époque où Steve (Stevens) est revenu au sein du E Street Band, nous nous sommes retrouvés à quatre guitares avec Bruce et Patti. Il n’y a pas toujours la place pour quatre guitares donc, je me suis intéressé à d’autres instruments, pedal steel, lap steel etc. On est donc habitués à fonctionner comme ça, la répartition se fait très naturellement, j’ai joué du dobro dans cet album, Bruce a aussi joué des parties de clavier, on a eu aussi Chris Carter au piano électrique. Le fait d’être autant de musiciens à pouvoir jouer de ceci ou cela rend les choses plus simples : on va au fond des choses sur tous les titres, ça élargit l’espace musical et rend l’album plus dense, parce que quand on en avait fini, chaque titre était pratiquement finalisé.

J’ajoute que Bruce et moi on a grandi avec les mêmes musiques et souvent je ne suis plus très sûr de qui a joué quelle partie. Sur certaines guitares un peu bluesy, je crois bien que c’est moi mais... En fait au départ pour chaque titre chacun prenait un instrument et au fur à mesure s’imposait ce qui était le mieux pour la chanson donc on pouvait commencer avec un instrument et finir avec un autre.

Nils Lofgren

- Par parenthèse vous changez souvent d’instrument avec le E street band sur scène, c’est pas un peu difficile physiquement de se remettre chaque fois dans une situation différente ? Assis, debout, devant un clavier, des cordes etc...

De mon point de vue, tu sais j’ai grandi en jouant de l’accordéon, ensuite je suis passé à la guitare puis j’ai joué du piano donc je suis habitué à changer d’instrument, je crois que ça m’aide et au fil du temps ce qui se passe physiquement est devenu secondaire. J’aime à me concentrer sur le côté émotionnel et spirituel du titre, c’est le plus important. De plus depuis 1984 au sein du E Street Band, Bruce m’a régulièrement demandé de jouer de nouveaux instruments donc, le truc c’est la chanson. Je dirai même que la qualité de l’instrument sur lequel je joue m’importe moins qu’avant, bon, c’est sûr je joue sur de bons instruments de toute façon, mais je veux dire que si on se concentre sur le message spirituel du titre, on n’a plus le temps de se poser des questions du style « Ok je joue du dobro, quel accordage vais-je employer etc. » Pendant l’enregistrement j’ai descendu le dobro en Sib, les cordes étaient toutes molles, c’était un peu bizarre de jouer comme ça mais... ça sonnait super bien pour le titre...

- Vous êtes un guitariste très talentueux et très souvent vous avez un rôle secondaire dans les morceaux, pas de chorus ou de partie spectaculaire, d’autres se sentiraient frustrés, pas vous ?

Je comprends ce que tu veux dire mais franchement tout ça ne m’a jamais paru très pertinent. Je ne me sens pas frustré tu sais j’ai commencé à 17 ans avec Grin, j’écrivais des chansons et je chantais, je jouais du piano de la guitare ou de l’accordéon mais c’était pour aider à créer la chanson mon principal job dans le groupe c’était songwriter. J’aime choruser et je crois que je ne m’en sors pas trop mal...

- Je confirme

(rires...) mais des fois je m’éclate plus à faire tourner une rythmique acoustique, où tu te transformes en shaker géant, tu essaies de trouver ta place par rapport à la charley et tu t’y abandonnes, tu te perds dedans, c’est hypnotique et c’est un des trucs les plus transcendantaux qui existe. Je ne m’ennuie jamais quel que soit l’instrument, à partir du moment où je joue des titres auxquels je peux m’attacher ce qui est le cas avec Bruce et Patti. J’ai joué de l’orgue Hammond pendant la dernière tournée et c’était un défi aussi excitant et gratifiant que n’importe quel solo de guitare.

- D’où vient la couleur une peu bluesy de l’album ?

Sur le disque au début des sessions l’ingénieur du son Yobby Scott a apporté une vieille guitare Kay, je l’ai essayé sur un titre et elle avait ce son bien funky on l’a branchée sur un vieux Twin Reverb avec vibrato et ce son... A chaque chanson j’essayais différentes guitares et tout le monde me disait : « Prends la Kay, prends la Kay », et finalement la plupart des parties guitares que j’ai jouées live sur le disque l’ont été « on this old funky and noisy Kay guitar » ! Elle avait un son tellement différent, clair, doux et funky à la fois... Et c’est devenu une des constantes de l’album de Patti puisqu’on l’a utilisée sur pratiquement toutes les chansons. Bien sûr, il y a aussi le dobro et de très belles parties de guitares enregistrées par Bruce et Patti sur de magnifiques vieilles acoustiques.

Bruce est un maître guitariste, un grand musicien quel que soit l’instrument qu’il prend il est très doué pour trouver des parties qui vont apporter un plus immédiat au morceau. Il n’a pas besoin de chercher pendant des heures, il trouve très vite les notes qui vont s’intégrer et qui vont créer un feeling particulier. Tout le monde s’est branché de cette manière : on a exploré nos feelings c’était très organique comme processus, très inspirant ce qui n’est pas toujours le cas même avec des grands musiciens c’était vraiment un honneur de participer à ce disque avec tous ces personnages et Patti au centre.

Et puis les morceaux eux-mêmes nous ont amené à jouer plus bluesy. A certains moments nous avons enregistré à quatre avec Steve Jordan à la batterie, Bruce tenait la basse, je prenais la Kay et cette simplicité et ce son clair et funky nous emportaient vers une direction plus rythm and blues.

La simplicité de l’enregistrement et la complétude des premiers titres m’ont rappelé les séances d’ After The Gold Rush, par leur contenu émotionnel et le jeu sans fioritures, bref un côté terrien qui me rappelait After The Gold Rush et un côté funky qui me faisait penser à Fresh l’album de Sly Stone (1973). Puis Chris Carter avec le Wurlitzer et le Fender Rhodes en a remis une couche dans le côté funky.

Nous savions tous ce qu’un groupe peut apporter et nous savions que quand on a une idée, pas la peine d’en parler trop, il faut l’essayer. Une fois qu’elle est jetée au milieu de tous des musiciens talentueux, elle passe de mains en mains et s’enrichit ou est abandonnée mais tout va plus vite, on voit tout de suite si on doit creuser dans cette direction ou laisser tomber et partir dans une autre.

J’ai l’habitude de me représenter le processus créatif comme la recherche d’un trésor : je creuse, je creuse jusqu’à ce que je trouve la pépite. Et bien avec cette équipe on n’avait pas besoin de creuser bien loin avant que la pioche ne heurte le coffre au trésor. Et des coffres il y en avait plein, tous les jours, on n’avait plus qu’à les ouvrir.

- Bon je vous dis des noms et vous men parlez : Patti Scialfa

Patti a rejoint le E Street Band en même temps que moi en 1984 et comme on étaient les deux nouveaux et qu’il y avait du boulot pour s’approprier le répertoire, c’est quelque chose qui prend du temps de faire sien un titre, ce n’est pas seulement savoir le jouer ! Donc on travaillait beaucoup ensemble nos parties de chant en s’accompagnant à la guitare acoustique. Et c’était comme une répétition juste avant chaque show et il y en a eu 165 sur cette tournée. On est devenu proches et je l’ai encouragé dès son premier album Rumble Doll, un très bel album aussi d’ailleurs.

- Neil Young

En 68 je suis allé voir un concert de Neil avec Crazy Horse, je suis allé backstage et par chance Neil m’a laissé traîner avec eux, parler avec lui, et leur jouer quelques titres. Une amitié est née qui dure encore... avec Neil et son producteur David Briggs. Je crois que j’avais 18 ans, en 69, Neil m’a expliqué qu’il voulait que je joue du piano de la guitare acoustique et que je chante aussi sur l’album qu’il préparait, After The Gold Rush. Neil pensait que du fait de ma pratique de l’accordéon je pourrais inventer des parties de piano simples et c’est ce que j’ai fait. C’est une grand amitié et une riche collaboration artistique : j’ai joué sur le premier album de Crazy Horse (sans NY) avec Danny Whitten, puis Tonight’s The Night très bel album, très sombre, dans lequel j’ai joué du piano et de la guitare électrique. En 83, j’ai fait le Trans Tour après l’album Trans, puis en 86 ou 87 le MTV Unplugged avec le Harvest Moon Band. J’ai une longue histoire avec Neil et je pense vraiment que c’est un des plus grands de tous les temps.

- Bruce Springsteen

Avec Bruce c’est aussi une longue amitié, nous traînions dans les mêmes studios, les mêmes clubs, les mêmes concerts et aussi loin que je me souvienne Bruce était toujours dans le coin et progressivement je suis devenu fan de son travail... Bon pour la faire courte, en 84, il cherchait un guitariste et coup de chance je suis le premier qu’il a appelé. On a passé deux jours à jammer avec le E Street Band et ça l’a fait aussi bien pour moi que pour eux. Et Bruce m’a fait ce... cadeau, il m’a demandé de me joindre au E street Band.

- Ont-ils des points communs ?

Ce qui les rapproche ? Je dirai que ce sont deux des plus immenses songwriters et performers de l’histoire. Il se ressemblent aussi par l’extraordinaire niveau de passion et de talent qu’il mettent dans leur travail. Et pour ce qui est de la scène, ils ont le même type d’approche, improviser, faire passer de l’émotion ne pas jouer un morceau de la même façon deux soirs de suite mais l’améliorer de soir en soir. Bien sûr il doit toujours avoir le même feeling mais à l’intérieur de cela on est libre on peut en quelque sorte improviser. Et comme ils sont tous les deux pareils cela a été vraiment deux super expériences surtout concernant la scène qui est ce que je préfère dans ce métier.

- Ringo Starr

J’étais sur le Born in the Usa Tour 85 et on allé à une birthday party de Ringo Starr après le gig. Bien sûr on a jammé. Les Beatles sont ceux qui m’ont fait aimer le rock n’roll, ce sont mes héros musicaux ultimes si tu veux. De là est né une amitié avec Ringo, j’allais régulièrement le voir en Angleterre, il venait nous voir en concert assez souvent. En 89 et en 92 j’ai rejoint le All Star Band en tant que guitariste. C’était une super expérience car en plus d’accompagner tous ces musiciens fabuleux, chacun venait chanter une de ses chansons à lui et donc on changeait de leader à chaque chanson, c’était à la fois un challenge et du fun. J’ai joué avec quelques-uns de mes héros, Levon Helm, Billy Preston, Dr John... tous les musiciens que Ringo avait rassemblés étaient extraordinaires. Encore une super expérience live.

Nils et Tom Lofgren

- Tom Lofgren, votre frère, vous jouez ensemble il joue un peu les mêmes instruments que vous, piano, guitare, il chante aussi. Pour c’est comme un miroir ou bien vous êtes très différents ?

Nous sommes deux personnes différentes mais il y a effectivement une alchimie spéciale surtout au niveau des voix. D’ailleurs Tom est l’autre musicien pro de la famille mais nos deux autres frères chantent aussi, c’est un de leur hobbies, quand on est sur scène tous les quatre effectivement se dégage un son « familial » dans une espèce de melting pot d’inspiration sixties : British invasion, Stax, Motown, vieux blues, country-rock. Il existe d’ailleurs un DVD d’un concert qu’on a donné tous les quatre à Washoington DC. Par ailleurs Tommy est présent sur les deux derniers disques de Grin.

- Jimi Hendrix

J’ai commencé par l’accordéon la guitare à 15 ans et à 17, bon j’étais pas mauvais pour un musicien local mais au milieu des sixties, dans la middle-class américaine, personne n’imaginait faire une carrière de musicien rock. On aimait les Beatles, Jimi Hendrix mais on voyait pas ça comme un job. Je me souviens en 67 avoir vu Jimi Hendrix à l’Ambassador Theater de Washington DC je crois. En le regardant cette nuit-là, c’était la première tournée du Jimi Hendrix Experience je pense, j’étais comme possédé par le pouvoir musical et spirituel de sa musique et au petit matin, j’ai réalisé que je voulais devenir musicien de rock n’roll professionnel. C’était une pensée un peu effrayante à l’époque parce que personne ne le faisait. Et en 3 semaines, dans un état second, comme si je me regardais agir, j’ai quitté l’école, la maison, je suis parti à Greenwich Village et j’ai commencé à chercher des engagements. J’ai commencé ma carrière comme ça à 17ans. Ca a été une enchaînement délirant de périodes fastes et de vaches maigres. J’ai monté Grin, qui est devenu un groupe local assez renommé, j’ai rencontré Neil comme je l’ai déjà dit, j’ai beaucoup travaillé avec David Briggs à qui j’ai dédié une chanson (M. Hardcore) sur mon dernier album, Sacred Weapon, un type vraiment intense, superbe et musicalement enrichissant.

- De votre point de vue quel est le plus gros changement dans la musique depuis que vous avez débuté.

D’abord je veux dire qu’en tant que fan j’adore regarder des super vidéos d’un artiste que j’aime. J’aime aussi beaucoup les vieux tap dancers Fred Astaire tout ce qui bouge, donc pour moi un performer comme Jimi Hendrix est une des plus belles personnes que j’ai vues sur scène. De même, j’adore Prince parce qu’il incorpore la danse à sa performance.

Quand j’ai commencé il n’y avait pas de vidéos vous ne pouviez pas hisser quelqu’un qui n’avait aucun talent, qui était juste « good looking » comme on le fait maintenait avec une équipe de producteurs, des ingénieurs, des chorégraphes, des danseurs, des paroliers, des pitch changers, des costumiers, coiffeurs, maquilleurs, et créer une star. Vous deviez savoir jouer ou chanter ! Vous deviez jouer devant des gens. Vous deviez faire un minimum vos preuves avant de décrocher un deal. Et elles se faisaient devant un public, sur la route et on l’a tous fait, jouer et jouer encore, live, sur scène !

Aujourd’hui il y a toujours de bon groupes, Pearl Jam, RHCP qui reviennent sur le devant de la scène, mais il y énormément de gens qui sont juste des produits vendables on ne sait pas d’où ils sortent s’ils chantaient ou pas avant de faire un disque. Je ne dis pas que c’est mal mais ç’est très différent. Moi je prétends que le live c’est vraiment là qu’on apprend le plus sur ce qu’on fait de bon ou de mauvais.

Attention hein j’adore les beaux costards j’aime beaucoup les fringues, j’aime être élégant mais quand la musique touche ton âme c’est bien plus fort.

- Vous êtes gaucher vous jouez comme un droitier n’avez-vous pas été tenté d’imiter Jimi sur ce point ?

Non, mon frère avait une vieille guitare et a commencé à m’apprendre les accords et honnêtement Judge, après avoir joué autant d’accordéon, instrument qui met en jeu les deux mains plus le corps, ça m’était complètement égal. Dès lors qu’on a besoin de ses deux mains, la main la plus faible doit forcément combler son handicap quel que soit son rôle. Donc quand j’ai vu Hendrix j’avais déjà pas mal de pratique derrière moi et ça n’aurait eu aucun sens de retourner la strat et d’avoir à tout recommencer.

- Mais quand même en général la main « faible », la droite dans votre cas, est moins apte que l’autre au niveau rythmique.

Oui mais... bon une autre particularité de mon jeu vient de ce que j’utilise un onglet au pouce. Et là c’est pareil très vite j’ai rencontré d’autres jeunes guitaristes qui m’ont dit : « Man, tu devrais jouer avec un médiator c’est beaucoup plus cool ! ». Et là pareil je me suis dit que je n’allais pas tout recommencer du début alors que je commençais à peine à m’amuser avec l’instrument, que j’avais un certain confort de jeu et que ce que je jouais ressemblait un tant soit peu à de la musique (rire). Et ensuite je n’ai eu qu’à m’en féliciter car l’onglet me permettait de jouer très facilement en fingerpicking et d’autre part si j’avais joué en gaucher j’aurais loupé des centaines de jam avec des centaines de musiciens dans les petits clubs et ça...

- Vous faites pas mal de slide mais vous ne jouez pas toujours d’une manière traditionnelle

Au début j’ai fait ça très instinctivement : j’ai mis ma Stratocaster à plat sur mes genoux, accordée de façon standard avec un bottleneck en verre, et j’ai joué slide comme ça pendant des années, jusqu’en 99 ou 2000 où Bruce m’a demandé si je ne pourrais pas faire quelques parties de pedal steel. Donc j’ai pris quelques cours de pedal steel, j’avais aussi des parties de dobro et là c’est Mile Aldridge, un très grand du dobro, qui m’a instruit. Et là évidemment j’ai utilisé l’open de Sol. En fait je suis devenu le « Swing Man » du E Street Band, parce qu’il n’y a pas toujours la place pour quatre parties de guitare dans un titre. Mais j’ai vraiment pris ça comme une fantastique opportunité d’apprendre différents instruments, et ça se retrouve sur mon dernier album, j’ai écris mes deux premières chansons au dobro en slide, et ma première au pedal steel. Ca m’aide à rester frais malgré les années de carrière et à me sentir progresser.

- Vous jouez beaucoup sur Stratocaster, qu’est-ce qui vous plaît dans cette guitare ?

J’adore pratiquement tout sur la Strat : les sons des cinq positions, le bouton de volume sur lequel je mets du caoutchouc pour pouvoir le manipuler tout en jouant comme le faisait Roy Buchanan, j’utilise aussi beaucoup les harmoniques que je peux générer avec les doigts de la main droite tout en jouant la note avec l’onglet, du coup elles peuvent sonner en même temps que la note ou je peux le faire sortir après, j’appelle ça les harmoniques rebondissantes. La Stratocaster a beaucoup de chaleur c’est une guitare très physique. Mais j’ai joué sur beaucoup d’autres guitares dans ma vie et encore une fois sur le disque de Patti il y très peu de Stratocaster, et beaucop de Kay. C’était le première fois que je mettais les mains sur une Kay, encore un truc rafraîchissant.

Nils Lofgren

- Vous devez avoir une collection d’instruments ahurissante...

Oui bien sûr , j’ai des dobros des pedal steel des lap steel j’ai quelques magnifiques Grestsch, des 12 cordes, des Danelectro, un paquet de Strats et de Tele, des électroacoustiques Takamine que j’aime beaucoup utiliser sur scène. Et quand Steve est revenu dans le band j’ai tenté un truc avec une jazzmaster équipée de grosses cordes et ça sonne juste entre la Strat de Steve et la Tele de Bruce donc j’en ai acheté plusieurs parce qu’avec le E Street Band il faut avoir chaque truc au moins en trois exemplaires vu que Bruce change beaucoup de choses au dernier moment : la set list, la tonalité des titres etc. donc forcément ça veut dire beaucoup de guitares. J’ai aussi deux magnifiques Paul Reed Smith avec le sélecteur cinq postions qui sonnent vraiment super bien.

- Si vous deviez n’en garder qu’une ?

La Stratocatser sans aucune hésitation. Tout est beau dans une strat : le look, les sensations, le son. Avec une Strat je peux me trouver n’importe où, sur n’importe quel scène et jouer n’importe quoi, blues, country rock, soul, R&B même du jazz si je savais en jouer (rires). Je siais que je pourrais toujours en sortir quelque chose de musical et expressif.

- Coté amplis ?

J’ai commencé avec les Blackface et les Supereverb, après j’ai utilisé des Music Man, puis des Mesa Boogie Mark III légèrement modifiés pour sonner plus chaud pendant une longue période, et là j’ai switché pour les Hot Rod Deville depuis quatre ans. Ils me rappellent les Supereverb, il saturent joliment en restant chaleureux. Mais bon il y a tellement de bons amplis...

- Effets ?

Je suis très pédales d’effets mais depuis la dernière tournée avec Bruce j’utilise le GForce pour certains chorus et delays. J’ai aussi cette pédale Line 6 verte (DL4 ? NDR) qui a tous ces delays et ce switch Reverse génial. Je l’emploie sur les solos c’est ça donne une espèce d’atmosphère orageuse sans rendre le son trop boueux. Sinon j’ai mon Octave Divider Boss marron et avec l’acoustique, le PME Flanger (Korg), très subtil, comme si on avait une 12 cordes avec un peu de compression.

- Un conseil de vieux sage ?

Le meilleur conseil serait de trouver un prof qui vous aidera à apprendre, qui vous fera travailler les chansons que vous aimez et qui saura vous accompagner dans la direction que vous désirez. Et jouez, jouez, jouez, partagez, apprenez, prenez du plaisir. Oh et puis de temps en temps exercez-vous avec un métronome parce que les guitariste on tendance à speeder (moi compris).

- Des projets personnels à court terme ?

Je suis en train d’enregistrer plusieurs leçons pour mon site www.nilslofgren.com, (on y trouve d’ailleurs aussi des morceaux gratuits à télécharger NDR) et puis on a une dizaine de shows à la télé avec Patti et je travaille sur des titres pour mon prochain album.

- Et le trampoline, vous en faites toujours ?

Non (il se marre). J’aimerais bien... d’ailleurs ça m’arrive de temps en temps quand j’en trouve un. Mais je ne m’entraîne plus sérieusement.

- Bon il ne me reste plus qu’à vous remercier pour nous avoir consacré un peu de votre temps...

C’est moi qui vous remercie : « Au réwoir and take care ! »


 

Mots-Clefs

Type d’article
Interview
Musiciens/Groupes
Nils Lofgren
Numéro
GX23

 

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