De toutes le guitares inspirées par la Randy Rhoads, cette SV est sans doute l’une des plus réussies en cela qu’elle conjugue une certaine fidélité spirituelle aux grandes lignes de la RR et une personnalité propre très affirmée.
Bestiale et raffinée
On retrouve donc un manche conducteur, raisonnablement large, au profil en D plat, ni trop rond ni trop plat, en érable, entouré d’un binding et accompagné de deux ailes en aulne formant le corps. La partie corps est vernie blanc soulignée de lignes noires qui renforcent l’impact visuel de la forme du corps (il existe aussi une version noire à lignes blanches), de même que les chanfreins avant et arrière sur les pointes. C’est très bien vu, à la fois sobre et flashy. Au chapitre confort, on trouve une découpe stomacale à l’arrière du corps et on note que l’aile inférieure est reculée par rapport à son homologue du dessus, pour faciliter l’accès aux aigus parce qu’avec 24 cases... Toujours derrière le corps, la top feature : un logement à pile (électronique active oblige) métallique et... pivotant ! Il suffit de pousser légèrement avec le doigt (si, si, là où qu’c’est marqué « Push » zyva, m’sieur ESP il a dit oui !) pour voir pivoter le logement et apparaître la pile. Plus cool tu meurs !
Abordons maintenant le seul point un tantinet litigieux, l’arrêt pas super esthétique du vernis à la jonction corps/manche. En effet, ce dernier est traité natural satiné, c’est super agréable sous la main et c’est une aide incontestable au jeu rapide mais du coup, le vernis blanc du corps s’arrête un peu sèchement la où commence le manche. Cela dit, ce n’est que de la cosmétique et vous êtes le seul à le voir alors... La touche ébène ornée de repères dots et d’une incrustation ESP rectangulaire, hérite de frettes jumbo qui, elles aussi, concourent à réveiller le shredder qui sommeille en chacun de nous.
L’accastillage chromé mérite lui aussi tous les éloges : mécaniques Gotoh Deluxe à bain d’huile, boutons attache-bandoulières larges et idéalement positionnés pour concilier un excellent équilibre une fois debout et une grande liberté à la main gauche dans les dernières cases, guide cordes derrière le sillet, coquille de jack sou l’aile supérieure, bouton de potard cranté et... un Floyd Rose original réglé aux petits oignons. Un vrai plaisir, souple, parfait en dive bomb comme en tiré, capable de notes grelottées à la moindre sollicitation, il est tout simplement di-vin ! Et, ce qui ne gâte rien, tout ça en gardant un accordage impeccable.
I’m the king of the world !
Comme le reste de la guitare, l’électronique donne dans le simple, le vrai et l’efficace : deux EMG 81, un volume, un sélecteur trois positions et roulez jeunesse ! Alors déjà, assis, à vide, posée sur la cuisse, la SV m’avait bien plu. Pis j’me suis levé, j’ai fait péter la bandoulière et le stack Marshall et là, « la SV m’a tuer ». Tous les petits détails mentionnés plus haut prennent sens et on se retrouve aux commandes d’une vraie tuerie, on est saisi d’une vraie furie, ça tient à la fois du ravissement, de la curée, et du feu d’artifice. Micro grave, son saturé, compression naturelle, je me prends pour Steve Vai dans For The Love Of God pendant la seconde et demi où j’fais pas de pain. Micro aigu, riff au rasoir, me voici tel Richard Z dans Feuer Frei, le lance-flammes me lèche le crâne. Tenir cette gratte entre ses mains est super jouissif et quand dans un dernier accès de lucidité vous réalisez que c’est la SV qui tire le meilleur de vous-même et non l’inverse, il est trop tard : vous êtes possédé.
Vous aimez les guitares à pointes ? Vous ne concevez pas la vie sans Floyd ? Vous kiffez les EMG ? Toutes les raisons vous mènent à la SV y compris la plus évidente : c’est un excellent instrument avec un petit supplément d’âme, sans supplément de prix.
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