La mouture actuelle de la Starfire III est très proche de l’originale exception faite du pickguard qu’on trouvait alors sur les versions IV, V et plus, ainsi que les mécaniques, des Grover à bain d’huile, qui ont varié au fil du temps. La guitare est disponible en six finitions différentes : Blonde Antique Burst (comme la nôtre) et Translucides claires d’une part et rouge transparent, Natural et Black d’autre part. Ces différences ne sont pas innocentes puisque si toutes partagent le même manche d’une pièce d’acajou, le premier groupe est doté d’un corps en érable tandis que le deuxième reçoit un corps en acajou, avec les différences sonores que cela entraîne.
La table, ceinte d’un double binding, est naturellement voûté et percée de deux "f holes". Le cutaway, dit florentin, permet à la main gauche d’accéder à la vingtième case sans problème. On retrouve le double binding et une jolie courbure au dos de l’instrument. A l’intérieur, pas de poutre centrale, mais deux baguettes/longerons parallèles qui supportent les micros, le chevalet (réglable en hauteur) et le cordier/vibrato Bigsby.
Cela donne beaucoup d’air au son pour résonner et circuler, communiquant des vibrations à l’ensemble de l’instrument. Le manche est quant à lui un régal d’équilibre entre rondeur et effacement, minceur et confort pour les doigts (que j’ai moyennement épais). Là aussi un binding achève de donner à la Starfire une certaine touch of class. Belle, superbement réalisée, confortable et légère, telle est la Starfire III. Le système d’ancrage ainsi que le tirant des cordes ne permet pas un jeu échevelé. Les tirés demandent de l’énergie, mais le jeu en accord et les phrasés plus "académiques" passent en douceur.
I, II, III, Start, Fire !
Le son acoustique de l’instrument est puissant et chaleureux avec des attaques franches et claires dues sans aucun doute à l’érable de la caisse. Une fois branchée, la Starfire fait preuve d’une grande générosité et d’une polyvalence qui s’arrête, comme pour toute demi-caisse, là où commence l’accrochage, le larsen. Chaque micro (des doubles Guild) possède une personnalité affirmée. Le grave, rond et chaud se montre très à l’aise en son clair, laissant une large place à l’interprétation, rendant toute les subtilités du jeu (pour autant qu’il y en ait). Il sera idéal pour le jazz et le blues. Pour le saturer mieux vaudra aimer les sons grenus un poil compressés.
L’aigu sonne franchement médium et râpeux. Il nous transporte illico vers les sons clairs à la Muddy Waters ou bien alors en crunch dans l’univers d’un Georges Thorogood. En son franchement saturé, vous pourrez vous prendre pour Ted Nugent dans la mesure ou vous n’accrochez pas trop. L’intérêt de la position intermédiaire vient de ce qu’elle est un mix parfait des qualités de chacun. Cette guitare sonne de belle manière, le Bigsby venant telle une cerise sur un gâteau parachever le tout. L’instrument vit et sa "vie intérieure" affleure dans les sons délivrés, lui donnant un aspect "organique" très plaisant.
Au prix où elle est proposée, la Starfire est une bonne affaire car elle allie tout ce que la tradition a de bon : goût du travail bien fait, chaleur et générosité. Au fait l’étui est superbe.