Sylvain fabrique son premier micro à l’âge de 12 ans, pour électrifier la vieille guitare folk de sa soeur, un truc à base de microphone de combiné téléphonique et d’ampli de tourne-disque. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il a fait du chemin depuis, sa double casquette d’électronicien et de prof de musique ne faisant que renforcer cette inclination.
Pour des raisons pratiques, je lui avais demandé de ne m’envoyer que des micros au format double bobinage, ma fidèle Sainte Poubelle et son fameux bornier me permettant de les essayer très facilement. La seule limite de l’exercice vient de ce qu’elle est full acajou, paramètre qu’il faut garder à l’esprit lors de l’essai de simples. Sylvain Muller nous a donc envoyé un assortiment comprenant un set de ses humbuckers standards, coloris blanc, un deuxième set composé d’un Daisho convertible et d’un simple au format double tous deux zebras et un NoPAF, version Kami du PAF, comme son nom ne l’indique pas, tout noir.
Les noms de ses micros nous avaient déjà mis la puce à l’oreille, le gars aime le Japon et sa culture. Confirmation à la réception : packaging soigné à la fois sobre et classe. Chaque micro ou set de micros arrive dans une jolie boîte blanche et noire dont le toucher évoque un tissu laqué, un peu comme si le luxueux traiteur japonais du coin vous faisait parvenir une friandise. Une fois dénoué le ruban qui la ceint, on ôte le couvercle, on soulève un papier de soie rouge et apparaissent le ou les micros niché(s) dans un logement en mousse. Ce soin et cette minutie se retrouvent lorsqu’on examine les micros : tout est parfaitement ajusté, bien fini et on serait bien en peine de relever le moindre défaut même sur les parties qui seront cachées à la vue une fois le micro installé. Bref, dès le premier contact, les Kami impressionnent.
A l’essai, une constante se dégage quel que soit le micro testé : les notes sont précises, avec une bonne articulation, on entend chaque corde individuellement et dans le même temps on a un son d’ensemble puissant, défini, compact et dynamique.
Premier set en double
Le micro grave (AlNiCo 2) fait très fort : précis, il ne bave pas, ne s’écrase pas en son saturé, les basses restent bien tights sans qu’on perde chaleur et rondeur pour autant. Un grave vraiment très convaincant. L’aigu (AlNiCo 5) se montre lui aussi très précis sans pour autant devenir “clinique”. Assez agressif, corpulent, il donne des graves joufflus et beaucoup d’aigus, mais attention de beaux aigus, musicaux et étincelants, avec entre les deux des mediums présents qui lient le tout. En position intermédiaire la complémentarité est parfaite, aucun des deux ne prenant le pas sur l’autre. Ces deux doubles de base, que Sylvain décrit lui-même comme des doubles sans particularité spécifique, sont déjà excellents et plein de caractère.
Deuxième set en double et en simple
Le Daisho procède d’une démarche inversée que ne renieraient pas la philosophie japonaise. Quand on splitte un double on obtient un son plus fin, mais outre qu’il est souvent plus plat, ce n’est pas un vrai son de simple. Muller retourne le problème : il part d’un vrai simple bobinage typé 60’ avec aimant AlNiCo 5, bobinage plain enamel et tout et tout, et lui adjoint un deuxième bobinage céramique. Résultat, quand on “splitte” on n’a que la partie single coil et forcément ça sonne comme un simple, puisque c’en est un. Non splitté le micro sonne comme un humbucker.
En position manche le simple au format double est un leurre : bien qu’il adopte le look d’un double, ce micro ne renferme qu’une seule bobine, soit un véritable single coil au choix de type Strat Vintage ou moderne. Le propos est ici de permettre à des possesseurs de guitares de type Les Paul SG, Explorer etc. d’implanter des simples dans leur guitare sans rien avoir à modifier. Intéressant soit pour avoir un simple en position manche ou se faire une config de type strato ou HSH à partir d’une SG trois micros par exemple. Là encore, AlNiCo et fil plain enamel ou poly suivant l’option, vintage ou moderne.
Le Daisho a une une tonalité très medium dès le son clair ce qui lui donne une orientation bien moderne dès qu’on enclenche la saturation, c’est à la fois grenu et brillant avec des harmoniques qui ne demandent qu’à fuser. En position simple comme il est en position chevalet il est aussi et pas plus exploitable qu’un micro aigu de strat seul. Par contre en position inter avec le simple c’est la joie, la Ste Poubelle sonne comme une Strat, juste en un peu moins brillant (acajou remember ?).. Deux micros astucieux de bonne qualité, réactifs au volume, à l’attaque et partant au(x) bois de la guitare.
Jeu décisif
Le no PAF est normalement destiné à être monté en manche. Je l’ai monté en chevalet (ce Judge quel esprit de contradiction !) et PAF ! LE micro ! Là encore précision, puissance et chaleur avec des aigus assez claquants. En saturé c’est velu et Les Paulien à mort, des graves pleins, du graillon, de la compression, grosse présence et authenticité dans tous les compartiments du jeu, on aligne les riffs à la ZZ première manière comme à la parade et ça sonne plus que bien !!!! Le Judge a bien kiffé sa race et le no PAF est clairement son préféré. Si vous cherchez des micros d’obédience PAF qui soient dans l’esprit tout en ayant leur personnalité propre, avec un niveau de sortie sympa sans être outrancier et qui transcrive fidèlement le son de la guitare, ben...
Vous l’avez compris, Kami ce sont des micros boutique, que vous pouvez dans une certaine mesure mettre à votre main en en discutant avec Sylvain Muller, des micros faits main avec tout ce que cela apporte de supplément d’âme pour un prix égal voire inférieur à celui d’un micro « industriel ».
Sons à venir