Le cahier des charges du Pod a dû commencer par une ligne du genre : tout, partout et facilement. C’est en effet le premier appareil de ce type qui soit, nous le verrons, capable de se comporter avec un égal bonheur en studio, sur petite scène ou branché sur un ampli de puissance.
Tout et facilement
Que l’habillage sexy du Pod ne vous "enduise" pas d’erreur, il n’a rien d’un jouet et beaucoup d’engins au look plus austère n’offrent pas autant que lui. Côté sonore d’abord, le Pod, comme ses compagnons d’écurie utilise la technologie de modélisation pour émuler toutes sortes d’amplis avec beaucoup de réalisme, avec un maximum de transparence pour l’utilisateur qui, grosso modo, a affaire aux réglages typiques d’un ampli : drive, basses, mids, aigus, volume, reverb (numérique, bien sûr), plus le réglage du niveau de sortie. Sur le rotocontacteur Amp Models, on retrouve des modélisations déjà présentes sur le Flextone : Small Tweed : 1952 Fender Wide panel Deluxe, Tweed Blues : 1959 Fender Bassman, Black Panel : 1964 Fender Blackface Deluxe, Modern Class A : 1996 Matchless Chieftain, British Class A : 1961 Vox AC30 Top Boost, British Blues : 1965 Marshall JTM45, British Classic : 1968 Marshall Plexi, British Hi Gain : 1986 Marshall JCM 800, Rectified : 1994 Mesa Boogie Dual Rectifier, Modern Hi Gain : 1989 Soldano Slo, Fuzz Box : Arbiter Fuzz Face Octave Box, plus cinq nouvelles, Tube Preamp et Pod Clean, Crunch, Drive et Layer. C’est déjà très impressionnant d’autant que la plupart des émulations sont superbes. Pour ceux qui connaissent ce sont exactement les mêmes que celles de l’Amp Farm de Pro Tools, et pour cause : ce sont les gens de Line 6 qui les ont faites.
C’est déjà beaucoup et pourtant ce n’est toujours pas tout : le Pod abrite aussi un multieffet simplissime d’emploi mais diablement efficace. Un rotocontacteur vous donne le choix entre Tremolo, Chorus, Flanger, Rotary Speaker (Leslie), Delay et Compresseur plus des combinaisons des effets précités et une position bypass. Deux réglages complètent la panoplie, Effect Tweak pour ajuster le taux ou le volume de l’effet et Tap Tempo pour déterminer le temps de delay ou la vitesse des effets de modulation par deux impulsions sur le bouton. N’oublions pas la reverb déjà citée et le noise gate enclenchable via un petit switch noir au centre de l’appareil. Petite gâterie enfin, un accordeur qui mute automatiquement la sortie audio sympa non ? Mais c’est loin d’être tout, car des quatre presets, présents sur le Flextone on est passé à trente-six, soit neuf banques de quatre, tous entièrement paramétrables et sauvegardables par l’utilisateur. La connectique est au niveau et regroupe à côté de l’inter secteur, une entrée instrument, la prise du transfo externe (fourni), deux prises MIDI In et Out, le connecteur pédalier (optionnel) deux sorties jack (left et right) encadrant un switch Amp/Direct et une troisième pour brancher un casque. Le switch Amp/Direct permet, vous l’avez deviné d’indiquer au Pod si vous êtres pluggé à un ampli ou à une table, un Minidisc, un sampler ou que sais-je encore. En Direct/Mode l’A.I.R. fait fonctionner son cabinet emulator.
Déjà comme ça on en aurait largement pour son argent, mais... ce n’est toujours pas tout et on arrive au plus indéniable du Pod : avec le Pod est fourni un CDrom (Windows et Mac, à quand Linux ?) contenant le programme E Magic Sound Driver. Grâce à lui et à condition d’avoir le MIDI sur votre ordi, vous accédez à une multitude de fonctions : d’abord la gestion des sons : édition, sauvegarde, remplacement de certains presets, récupération ou transferts de sons sur un autre Pod, et gageons-le, bientôt, intégration de nouveaux sons téléchargeables par Internet. Signalons que lorsque le Pod est branché sur le port Midi vous pouvez éditer les presets en agissant soit sur l’interface soit directement sur le Pod (l’interface reflétant vos actions) pour les réglages dispos sur le boîtier. Car, et là je sens que certains lecteurs vont vraiment halluciner, E Magic Sound Driver vous donne accès à une foultitude de réglages inaccessibles autrement : d’abord des modélisations bonus qui vont du Champ, au Dumble Overdrive Special en passant par le Budda Twinmaster et le Boogie Trem-O-Verb, certains de ces amplis n’étant même pas en vente en France ! Puis l’accès à une présence, une disto et un bright que vous pourrez paramètre à la souris, à un delay allant jusqu’à trois secondes, à vingt sortes de baffles différents pour le simulateur, la possibilité d’agir sur les réglages du noise gate, la longueur et le type de la reverb, et d’autres choses encore dont je vous laisse la surprise.
Donc s’il peut s’envisager comme un simple mais performant préampli/multieffet, le Pod avec son programme driver se révèle un formidable engin, paramétrable à loisir puisque toutes vos manips peuvent être sauvées soit dans la machine (dans la limite des trente-six presets, soit sur le disque dur de votre ordinateur. Donc plus de choix déchirants : vous avez envie de vous servir de tel et tel preset mais vous aimeriez bien conserver tel et tel autre ? No problemo, sauvez les seconds sur votre ordi et chargez les premiers à leur place. Vous avez un "Pod pote" qui s’est taillé des presets supers ? Vous pouvez vous les échanger de Pod à Pod ou d’ordi à ordi. Si je vous dis qu’en plus le Driver sera updaté régulièrement et que l’update sera dispo au téléchargement sur http://www.line6.com, vous comprendrez que le prix auquel est proposé l’engin est plus que largement justifié.
Ajoutons l’existence de deux accessoires bien vus : la housse de transport (300 F TTC env.) et surtout le support multifonctions qui permet de poser le Pod sur un ampli ou de le fixer à un pied de micro standard (200 F TTC env.). Les prix indiqués sont une estimation, les prix définitifs n’étant pas encore fixés. Enfin, signalons que le Pod fonctionne avec tous les pédaliers de la marque dont l’impressionnant Floor Board et que la documentation, tant papier qu’électronique, est surabondante, claire et détaillée.
Testing...
J’ai essayé le Pod, d’abord sur mon PC pluggé dans la carte son SB 16 PnP. C’est vraiment super qu’on prenne la sortie casque ou les deux sorties left et right. L’ordi devient un AC30, un Marshall, une Fuzz, c’est grave. Bien sûr en cherchant bien, un vrai AC30 ou un vrai Marshall seront plus pertinents mais je vous laisse juge du rapport encombrement/performances des deux solutions. Là, le Pod plus une guitare et deux câbles et vous disposez de l’équivalent d’une superbe collection d’amplis avec quelques effets numériques en supplément. Me rendant aux studios Eurêka j’ai ensuite branché le Pod sur une table de mixage avec encore une fois des résultats très probants, les réglages par potards permettant d’ajuster très rapidement l’égalisation ou le taux de saturation en fonction de la configuration utilisée. Enfin, test suprême j’ai routé le Pod directement dans l’ampli de puissance de mon stack Marshall VHM (par le retour de la boucle) et là... c’est la première fois qu’un préamp sonne aussi bien dans cette config, à l’exception des V-Twin Boogie et Tube Toner Engl. Tout y est : harmoniques, compression, larsens, attaques, corps, c’est impressionnant.
Alors bien sûr je ne vais pas vous conseiller de jeter votre ampli pour un Pod. Non. Mais si vous recherchez un préampli simple d’utilisation, évolutif, qui soit capable de vous accompagner partout, de vous tirer d’affaire dans toutes les situations et de produire des sons crédibles et exploitables, pour un prix très très correct, le Pod Line 6 est probablement la meilleure affaire du moment. L’informatique musicale arrive à maturité en matière de guitare et c’est tant mieux.