La Lucifer c’est d’abord une forme inédite qui en rappelle plusieurs autres sans en copier aucune. Le corps en acajou, décoré d’un un flammé rouge et noir assez joli sur le dessus se dégradant vers le noir sur les bords, comporte de multiples chanfreins qui rendent la guitare confortable, même en position assisse, malgré ses cornes pointues et relativement agressives. Dos, manche et crosse sont noirs et si on ajoute les repères pentacles de la touche palissandre, la Lucifer nous transporte dans un univers gothique chic. Noirs comme les ténèbres également, le chevalet de type Tune-O-Matic et le reste de l’accastillage, notamment les six mini Grover. Chose remarquable, vu l’esthétique « bec de rapace » de la crosse, les cordes demeurent d’une rectitude impeccable derrière le sillet ce qui aide à la bonne tenue de l’accord. Mis à part les oeillets de rétention (cordes traversantes obligent) le dos du corps est immaculé, toute l’électronique étant supportée par la plaque avant, de forme originale elle aussi.
Le manche, bien rond dans la main sans être trop présent séduira le plus grand nombre. La touche palissandre comporte 24 cases auxquelles on accède aisément même s’il n’y a pas de contourage à la jonction-corps/manche, pas besoin tout simplement. L’action plutôt basse rend le jeu aisé et les tirés faciles. On déplore juste l’absence de repères sur la tranche comme sur la touche sur les six dernières case, mais ça ne gêne pas vraiment. Une fois debout la Lucifer s’avère diaboliquement légère et agréable à porter, assez bien équilibrée avec une très vague tendance à piquer du nez si on utilise une bandoulière en nylon. Avec une bandoulière en cuir, RAS par contre.
Voix de l’enfer
Volume grave, volume aigu, tonalité et... pas de sélecteur de micros ! Que diable ? Le mix se fait exclusivement au volume : si on ne veut que le micro aigu il faut mettre le volume du grave à zéro et inversement c’est à la fois très simple et un peu déroutant au début mais on s’y fait. Et puis si vraiment ça vous manque, il suffit d’envoyer la tonalité au diable et de la remplacer par un rotocontacteur trois postions. La prise jack se trouve sur la tranche. Les deux doubles bobinages, sont des EMG HZ, les désormais célèbres micros passifs d’entrée de gamme de la marque. L’aigu sonne vraiment bien, le grave est un peu moins convaincant. Il faut dire que la Lucifer, même à vide, manque un peu de bottom ce qui lui donne un rendu assez medium aigu, avec, par contre, de la brillance et des attaques nettes en diable. Cela handicape un peu le micro grave. Il se différencie tout de même bien de son alter ego aigu (répétez-le plusieurs fois pour voir...) ce qui laisse à penser que l’installation de tirants plus forts que ceux installés pourrait corriger en partie cette tendance medium. Les potards sont relativement progressifs, on n’est pas dans le oui/non mais on les aurait aimés plus subtils, de manière à pouvoir varier les mixes entre les deux micros.
Esthétiquement craquante, la Lucifer est un instrument original, confortable et bien fini, qu’on pourra faire évoluer car la base est saine. Son prix plutôt bas la rend diablement intéressante et vous évitera de tirer le diable par la queue.
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