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DNG Ramon Brelica’s Torpedo

Torpille droit devant !

D 20 octobre 2008     H 01:46     A Judge Fredd    


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Tester un instrument exceptionnel, c’est toujours un gros panard. Lorsqu’en plus il est unique, on touche au nirvana. Ouvrez bien vos mirettes, car cette Ramon Brelica’s Torpedo, fruit de la collaboration entre Franck Henry et l’atelier DNG, c’est de la super balle !

Il y a un an et demi Franck Henry, guitariste autodidacte, amateur de belle lutherie, est sur le point de s’acheter une Gretsch Billy Bo quand il se dit qu’il y a sûrement moyen de pousser le délire un peu plus loin dans l’esprit des automobiles américaines des années 50. Même s’il n’en est pas à son coup d’essai, Franck s’assure la collaboration de Greg, le G de DNG, avec lequel il a déjà mené plusieurs projets guitaristiques. Les deux autres compères sont également mis à contribution, Nicolas pour le frettage et Do pour le câblage.

DNG Torpedo

Gomme, crayon et... souris

Franck commence par dessiner la guitare, modifiant ça et là le dessin de la Gretsch. Puis, première difficulté, tente de trouver un dessin de tête à la hauteur des ambitions qu’il nourrit pour cette Torpedo, car dans son esprit tout, absolument tout dans cette guitare doit surprendre, être exclusif. Après de nombreux et infructueux essais, il reprend le dessin du corps, le réduit, l’inverse et oilà ! Sauf que... avec un tel design, comment placer des mécaniques ? Seule solution viable se tourner vers des mécaniques de banjo comme sur les Firebird. Franck parcourt le net à la recherche de photos de ce modèle et tombe sur une Epiphone équipée des mécaniques Steinberger. Celles-ci ont tout pour lui plaire car elles s’accordent à l’esprit de la guitare : évoquer les chromes des années 50 tout en adoptant des solutions techniques modernes et astucieuses.

Le corps en aulne, assez léger malgré ses dimensions, comporte trois chambres, quatre si l’on compte la cavité électronique. La pièce d’aulne a été coupée par la tranche, on y a creusé les chambres, puis les deux moitiés ont été réassemblées. Contrairement à celui, très plat, de la Billy Bo, le corps de notre Torpedo est parsemé de chanfreins, de nervures, de méplats, toute une géographie à la fois sensuelle, confortable, très étudiée et naturelle. Le manche, en acajou, se joint au corps aux environs de la dix-septième case avec un gros travail sur la jonction qui laisse tout loisir à la main gauche d’atteindre les dernières cases. Son profil, en V léger, se love au creux de la main, un vrai plaisir. Une nervure à l’arrière de la tête rappelle une fois de plus l’univers automobile.

Retour sur Google pour trouver un vibrato de type Bigsby mais pas un Bigsby, d’une part pour ne pas avoir le vibrato de tout le monde, d’autre part, parce que suivant les guitares, le Bigsby n’est pas toujours utilisable et finit souvent par n’être qu’un élément décoratif. Franck repère le vibrato des vieilles Burns, puis un luthier spécialisé dans les répliques de Burns dont il entreprend de faire le siège par email jusqu’à ce que l’autre lui cède un de ses vibratos. Très esthétique, c’est une sorte de Bigsby amélioré notamment par le placement du ressort en position centrale et l’adoption de roulettes partout où passent les cordes. Outre une action plus douce, il ne désaccorde pratiquement pas la guitare d’autant que le sillet et le chevalet ABM de la Torpedo sont eux aussi à rouleaux. Ainsi contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, grâce à tous ces rouleaux et au positionnement « six en ligne » de ses mécaniques qui assurent la plus parfaite rectitude aux cordes derrière le sillet, la Torpedo tient l’accord contre vents et marées.

Galuchat Story

Bon Judge tu nous parles des p’tits ronds blancs ou bien ?

Ca fait bien deux paragraphes que je sens votre impatience alors allons-y : les connaisseurs auront reconnu du galuchat autrement et plus prosaïquement dit, de la peau de raie (torpedo en anglais,quand je vous disais qu’il y avait concept...). Au naturel, celle-ci est pleine d’aspérités (au 17e et 18e siècle on s’en servait comme papier de verre), qui une fois poncées deviennent ces petits cercles de couleur ivoire. Utilisé dans la maroquinerie de luxe, le galuchat est omniprésent sur la Torpedo : micros, pickguard, plaque arrière, bouton de potards, queue du vibrato et, last but not least, on le retrouve dans les magnifiques repères de touche ou il se voit cerclé d’aluminium. Aluminium utilisé par ailleurs comme binding autour de la touche ébène avec des vis de ring de micro noires comme repères sur la tranche.

Ultimes gadgets

Une Torpedo se doit d’avoir des phares et des chromes. Jamais en panne d’idées, Franck récupère les enjoliveurs et le feu arrière d’un vélo, quant au feu avant c’est un clignotant de moto. Les DNG installent un système de contacteur dans le vibrato pour les allumer à chaque fois qu’on « vibrate ». Le système nécessite une pile. La structure interne du corps impose de la loger dans un endroit difficilement accessible, d’où l’adoption d’une batterie rechargeable avec prise d’alim sur la plaque arrière et témoin de charge.

Tout véhicule ayant un klaxon, il en fallait un à la Torpedo. L’avertisseur est placé sous la corne supérieure, petite déception pour l’équipe qui voulait que le klaxon soit toujours en La, ce n’est pas possible, car à mesure que la batterie se décharge, la tonalité descend. En revanche, bonne surprise, par microphonie le son du klaxon passe dans l’ampli. On termine cette revue de détail par le support du sélecteur trois positions, formé d’une combinaison entre une ouïe de résonateur et une grille de bonde de lavabo, le tout, comme l’ensemble des pièces métalliques, rechromé avant d’être posé, l’attache bandoulière du bas du corps, télescopique à l’instar de la tige d’une contrebasse pour pouvoir poser la guitare sur le sol sans endommager le feu arrière, et, sur la tête, deux plaques en argent gravées au laser.

Conduite

L’excellente surprise, c’est que loin de n’être qu’un animal de foire, cette Torpedo est une vraie guitare, jouable, confortable et gratifiante. Moins lourde que pas de mal de Les Paul, équilibrée et joueuse malgré son encombrement comparable à celui d’une Firebird, on se sent très vite comme à la maison. Les 010/046 Elixir montées d’origine contribuent à la glisse et au confort général du manche.

Dès les sons clairs, l’aulne du corps et l’ébène de la touche apportent un certain claquant, de la brillance, les notes se détachent bien, netteté des attaques, présence des mids et aigus musicaux. Les chambres et les De Armond la dotent d’une profondeur qui aide les graves à s’épanouir en toute rondeur avec souplesse et tenue. Le sustain, excellent, permet de s’amuser avec le feedback dès les sons crunchs. Là, les micros délivrent un son graillonneux qui peut aller jusqu’au délitement complet en saturé mais garde toujours des attaques franches et nettes. Cette Torpedo se montre souveraine sur tout le registre blues, rock, boogie.

Elle allie une grande fidélité à l’esprit du vintage ricain, mêlant excès et goût, délire et réflexion, confort de jeu et extravagance esthétique, tout en adoptant des solutions techniques modernes. Exemplaire unique, pour le moment, Franck Henry, au vu de premières réactions très enthousiastes de pas mal de musiciens pros, ne serait pas contre une petite série limitée à coût raisonnable. Wait and see...

http://www.judge-fredd.fr/media/son...

dng torpedo

Autres infos
  • Classe, excentricité et bon goût
  • Cohérence du concept
  • Son ramage vaut son plumage
  • Confortable et plaisante à jouer
  • Tenue de l’accord impeccable
  • Y’en a qu’une... pour l’instant...
  • Prix indicatif : Non fixé
  • Distribution : Atelier DNG

Portfolio

 

Mots-Clefs

Instruments
Guitare électrique Luthier
Type d’article
Banc d’essai
Marques
DNG
Numéro
GX29

 

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