Son corps, assez mince (2cm d’épaisseur à vue de nez), en acajou est surmonté d’une table d’érable spalted (échauffé), bookmatched c’est à dire coupé par la tranche et ouvert comme les deux pages d’un livre. Erable encore pour le manche collé dont la touche palissandre compte 22 cases. La finition respire le luxe à l’asiatique, avec un binding multiplis dans lequel on a inséré de l’abalone, des repères rectangulaires avec triangle d’abalone à l’intérieur, un accastillage entièrement doré comprenant un chevalet Tune-O-Matic, une embase jack, qui, petite fausse note, n’épouse pas parfaitement la courbure du corps et six Grover à têtes en plastique noir. Pas de cordier, mais des cordes traversantes. On retrouve donc six œillets de rétention à l’arrière du corps. L’envers vaut d’ailleurs l’endroit : une découpe stomacale assez douce, un gros travail sur la jonction corps manche qui lui permet de se faire complètement oublier et de se couler imperceptiblement dans la paume de la main. On se sent très à l’aise jusqu’aux dernières cases. Le profil de manche, ni trop rond ni trop plat, plaira au plus grand nombre et s’adaptera à toutes les mains. La tête Aria habituelle reçoit un petit oiseau décoratif.
Bourgeoise mais sauvage
Malgré son côté cossu, cette PE se destine au bon gros saturax qui tache les murs. Aria l’a donc logiquement dotée de deux Dimebucker (SH-13) Seymour Duncan, servis par un volume, une tonalité et un sélecteur trois positions. Les deux boutons de potentiomètres sont un peu droits et un peu hauts par rapport à la table, ce qui génère un petit espace malvenu entre le bas de chaque bouton et la surface de la table. Là encore c’est un détail...
Assez bien réglée à la sortie du carton (on aurait apprécié un gig bag), cette PE-EXO-SP s’est montrée d’emblée agréable à jouer et légère à porter. L’action, basse mais pas trop, la rend « user-friendly », la tenue de l’accord est correcte, les tirés ne posent aucun problème. Bref, tout irait bien si on ne notait pas, déjà à vide, un manque de profondeur, de résonance qui se retrouve lorsqu’on branche l’instrument. La guitare produit des sons clairs plutôt sympas et des saturés qui se tiennent, mais le tout manque un peu de coffre. Le grave, assez chaud, fait cependant preuve de rondeur et se débrouille très bien dans un registre power blues. L’aigu produit de belles harmoniques dès les sons crunchs et on se prend à regretter que cette PE ne soit pas un peu plus épaisse, qu’on n’entende pas une peu plus la matière. Bien sûr, sa dotation micro lui permet de taper le graoûh des abysses de belle manière et on ne peut que se féliciter de ce choix judicieux. Le micro grave s’en sort d’ailleurs un peu mieux que l’aigu qui sonne un poil maigre pour un Dimebucker. Ses graves manquent de rondeur et de compression, mais en passant du temps sur l’équilibre entre les deux micros, qui sur le modèle testé n’était pas optimal, on pourra améliorer sensiblement ce point.
Bien faite, confortable, bien équipée, la PE-EXO-SP est un honnête instrument qui, pour quelques détails et un léger manque de coffre n’atteint pas le statut de méga tuerie auquel il pourrait prétendre au prix de quelques efforts supplémentaires.
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