La prose de Judge Fredd
Vous êtes ici : Accueil » Bancs d’essais » Guitares » Classique débridé

Philippe Dubreuille Torpedo

Classique débridé

D 21 octobre 2010     H 15:50     A Judge Fredd    


agrandir

Fermez les yeux et imaginez une guitare qui serait la parfaite synthèse d’une Rickenbaker, d’une Guild et d’une Gretsch, tout en ayant une personnalité bien à elle, des formes à se damner et des sonorités monstrueuses. Ne rêvez plus elle est là, ouvrez les yeux.

D’abord il y a cette forme qui, tout à la fois, vous surprend, vous rassure et finit par vous envoûter. Mélange d’audace maîtrisée et de classicisme bien compris, cette Torpedo a des accents de Rickenbagretsch. Son corps se compose d’une base en jelutang, un bois clair, poussant en Malaisie, relativement tendre, et d’un top en frêne flammé. Une chambre de résonance tient toute la partie supérieure au-dessus des micros d’où l’ouïe qui orne la table. A l’arrière un chanfrein stomacal aide à rendre la Torpedo confortable en jeu assis. A l’avant, on trouve un large pickguard transparent rehaussé d’une peinture dorée et pailletée appliquée à sa base.

Torpedo

Le manche, collé, en érable, reçoit une touche palissandre 22 cases et se termine élégamment par une tête 3+3 d’inspiration clairement rickesque. Ses mécaniques Grover, à bain d’huile et son sillet en os lui assurent une parfaite tenue d’accord. La jonction corps/manche très contourée fait que la main gauche trouve tout naturellement son chemin vers les hauteurs et aucun mal à aller au bout du bout. A l’autre extrémité, un wraparound qu’on peut régler grâce à deux petites vis Allen perpendiculaires donne à la guitare une gnaque et une dynamique sonore de bon aloi ainsi qu’un certain cachet. L’action est relativement basse, c’est tout confort, la guitare est vraiment agréable à jouer. De plus, elle vibre de partout, dans la paume, sous les doigts, contre le bide, sous le bras droit , elle est carrément vivante.

Légère pour sa taille (merci la chambre et le Jelutang), elle est parfaitement équilibrée quand on la joue debout. C’est simple : on la positionne comme on veut et elle reste en place.

Growl and shout !

Philippe récupère de vieux micros Gretsch, les rebobine, retire l’aimant qui se trouve à leur base, il les « TVjonise » en quelque sorte et leur adjoint un volume, deux tonalités, et un sélecteur trois positions sis sur la corne supérieure. Les potards et l’entrée jack suivent la courbe inférieure du corps, c’est très harmonieux.

Avec ces micros, plus la chambre, plus la lutherie qui résonne et vibre à fond, cette Torpedo ne sonne pas, elle grogne, elle éructe, elle hurle. On va de très beaux sons clairs à des sons saturés façon ZZ Top sur Rythmeen, on se la pète façon stoner, à nous les QOTSA avec un sustain quasi infini en son saturé, sans oublier ses crunchs rugueux qui vont titiller le son AC/DC de manière très convaincante. This Torpedo is born to rock ! Et le pire, c’est que même quand ça dégueule, le son reste super précis, on entend chaque corde au sein du maelström, c’est géant. Les micros Gretsch rebobinés sont de pures merveilles, conjuguant une grande fidélité aux sons Gretsch et une patate plus proche des Powertron. L’aigu a un caractère plus agressif, râpeux et mid, limite canard parfois, mais toujours bien plein, regorgeant d’harmoniques. Le grave, plus doux, se montre graillonneux et tight à la fois. Les potards, très progressifs, permettent toutes sortes de variations mais, pour moi, c’est à fond les ballons qu’elle fait la loi, avec rendu agressif dans le bon sens du terme, délité en saturation et plein de mids qui traversent bien le mix.

Noire

Cette Dubreuille est un instrument de rêve, elle demande un jeu très roots, on peut la malmener, elle tient l’accord sans problème et répond immédiatement sans jamais rendre gorge. C’est une guerrière !

P.S. J’ai aussi pu essayer sur Paris une Torpedo noire, sans pickguard, équipée de simples Hofner vintage, assez rares, que Philippe Dubreuille a passé au bain de cire, plus un Bigsby des Grover etc. Là encore une lutherie au-dessus du lot, des micros très péchus et un côté bestial et vivant.


Autres infos
  • Design de ouf
  • Sons de ouf
  • Sustain de ouf
  • Confort de ouf
  • Prix raisonnable
  • Pas pour les moutons (à vous de voir si c’est un contre...)
  • Prix indicatif : 2 200 €
  • Distribution : Philippe Dubreuille

Portfolio

 

Mots-Clefs

Instruments
Guitare électrique Luthier
Type d’article
Banc d’essai
Marques
Philippe Dubreuille
Numéro
GX41

 

Plus sur le web


Rechercher

5 articles au hasard

1.  De la relativité de ce que nous percevons

2.  Quand le chien fait wah-wah, c’est le pied !

3.  Home metallists, à vos marques...

4.  L’arrivée des effets numériques, les delay

5.  Guitare de bonne tenue


Dans la même rubrique

22/08/2017 – The new Reeveserend

22/06/2017 – The girl in red

20/06/2017 – Neeeeeeeed !!!!

22/04/2017 – Nouveau départ

20/04/2017 – Show yourself !