Wayne Charvel fut l’un des premiers sinon le premier à proposer ce qu’on a appelé par la suite des superstrats, des guitares entièrement customisées, hot roddées et prêtes à écumer la scène. Même lorsqu’elles étaient à la mode, elles sont toujours restées relativement peu nombreuses et dures à trouver dans notre beau pays. C’est pourquoi il est plaisant de voir revenir ces machines à graoûh, du Japon cette fois.
Les deux belles présentent une foultitude de similitudes : corps stratoïde en aulne, manche vissé à hauteur de la dix-septième case, en érable, de type mapleneck, Floyd Rose flottant, Straplocks Dunlop complets, mécaniques Grover, un volume, un sélecteur trois positions, étuis SKB façon arme de guerre, même prix aussi, bref deux guitares bien dotées qui ne diffèrent que par une partie de leur électronique et son implantation.
Eddie es-tu là ?
Je ne vous le cacherai pas plus longtemps, ma préférée c’est la San Dimas, que ce soit esthétiquement avec son Candy Red très seyant qu’aucun fâcheux pickguard ne vient gâter, son accastillage chromé qui se marie bien avec le mapleneck, sa dotation micro Seymour Duncan, un Jeff Beck et un 59, et le fait qu’ils sont vissés directement dans le corps. Elle évoque vraiment pour moi la quintessence des modèles US de l’époque. Très sonore à vide, avec beaucoup de brillance, elle se montre très souple, confortable à jouer et tient l’accord sans faille. Moyennant quelques réglages sur l’ampli on retrouve très vite le son californien à la EVH qui va bien, c’est très agréable. Le manche de type autoroutier avec un radius progressif, la touche devenant plus plate à mesure qu’on monte vers les aiguis, aide et ajoute au plaisir de jeu. La San Dimas est aussi à l’aise en son clair, avec une jolie brillance, des graves pleins et ronds, qu’en sons crunch, où elle allie finesse et souplesse et grain serré, qu’en gros saturax. Elle chante alors de sa plus belle voix, les harmoniques sont à la fête, chaque corde restant perceptible même dans les plus gros accords, une tuerie ! Les fans de ce type de grattes vont se régaler et les autres (comme moi) aussi.
La So-Cal, reçoit elle deux Di Marzio, un Tone Zone en aigu, un Evolution en grave, montés sur un pickguard qui, à mon humble avis et comme l’accastillage noir, jure un peu avec le Candy Blue du corps mais bon, les goûts et les couleurs... Les Di Marzio tout en étant assez sympas n’ont pas le côté immédiatement gratifiants des Seymour notamment en sons clairs et crunchs. N’allez pas croire que je m’acharne mais je pense que cela vient aussi de la différence d’implantation (pickguard vs vissés dans le corps). Reste que la So-Cal est tout de même un bon instrument mais comme elles coûtent le même prix... mon choix est vite fait.
Duo gagnant
On avait déjà pu juger de l’excellence et du fantastique rapport/qualité prix de la production japonaise récente du groupe Fender à travers l’EVH Wolfgang Special, une bonne impression qui se confirme notamment avec cette San Dimas qui séduira tous ceux qui cherchent un outil souple, simple, puissant et efficace pour la scène.