Le BV 120HB adopte le look robuste et rassurant d’un stack Marshall dont on aurait encore amélioré la présentation : l’ébénisterie massive est recouverte d’un tolex noir plutôt costaud protégé par des cornières métalliques dorées. La tête est équipée à l’avant d’un grillage métallique noir aussi pratique pour la ventilation qu’esthétique une fois t’engin en marche. En effet, les quatre 12AX7 de préamplification et surtout les quatre 6L6B Groove Tubes de l’ampli de puissance se reflètent dans un revêtement miroir posé sur le fond de la tête, créant un effet à ta fois joli et chaleureux. Le panneau des commandes, noir, est assez classe si l’on excepte les deux inter (power et stand by) un peu cheap. Le baffle est lui aussi de belle facture avec un grillage métallique noir à l’avant, quatre roulettes confortables et silencieuses et de larges poignées de transport. À l’image des baffles Marshall, il peut fonctionner en mono (4/16 ohms) ou en stéréo (8 ohms sur deux HP), mais le plus se trouve à l’intérieur avec les quatre HP Celestion Vintage 30. Ces HP, très prisés, ont plus de claquant, plus de précision dans leurs attaques grâce à leur dôme plus petit et leur cône plus profond, mais ne rechignent pas non plus à délivrer un son joufflu et chaud s’ils sont bien sollicités par la tête. Un bon point pour Crate donc. D’une manière générale, la fabrication du BV 120HB répond aux meilleurs standards de qualité et semble bénéficier d’une grande attention portée aux détails.
Deux canaux pour vous servir
Le BV 120H est un ampli deux canaux : le premier, dédié aux sons clairs, regroupe un volume et une égalisation trois bandes, le second bénéficie lui aussi de sa propre égalisation trois bandes, d’un gain et d’un volume. De plus, chaque canal possède un réglage de reverb propre, et l’ampli dispose d’un réglage de présence. Sur la face avant, on trouve aussi un switch de mise en/hors service de la boucle d’effets et un autre pour baisser la puissance du Send afin d’attaquer certaines pédales d’effets avec un niveau plus adapté. Cela permet aussi de baisser instantanément la puissance de l’ampli si vous avez connecté un jack directement du send au return. Dès que vous enclenchez la boucle, votre niveau baisse. Un pédalier (fourni) permet aussi de changer de canal et de mettre en/hors service la boucle d’effets : sa connexion se trouve à l’arrière, près des prises Send et Return de la boucle ; un peu plus loin, on trouve une sortie ligne et deux sorties HP.
Sur le canal 1, en son clair, on est d’abord frappé par la puissance de l’engin. Le son reste limpide jusque vers 4 ou 5 au volume, après quoi il crunche, mais pas de la plus belle manière, du moins avec la guitare (une Gibson) qui a servi à l’essai. Sans doute le résultat sera t il meilleur avec des simples bobinages ou des micros à niveau de sortie plus modéré. Cela étant, les sons clairs sont extraordinaires et bien épaulés par l’égalisation trois bandes, pleine de ressources, qui permet de vraiment modeler le son. En passant sur le canal 2, on obtient de beaux sons crunchs en maintenant le gain entre 0 et 2. Il faut alors pousser le master mais le résultat est plutôt sympathique, d’autant que là encore l’égalisation apporte une aide substantielle. On se rend compte cependant que la puissance constatée sur le canal 1 n’est pas vraiment au rendez vous, même si on ne manque pas de coffre pour autant. En passant la deuxième graduation au gain, on entre dans les sons franchement saturés avec une égalisation plus difficile à maîtriser pour cause de profusion de suraigus. Peut être des EL34 gommeraient elles un peu ce travers. Cela ne gênera nullement les adeptes des sons saturés actuels qui retrouveront là de quoi sonner industriel et mécanique. En revanche, les tenants d’un son saturé plus chaud resteront sur leur faim. En règle générale, les (beaux) larsens sont bien présents ainsi que la compression naturelle du son si l’on joue à un volume conséquent.
Le BV 120HB conviendra donc à ceux qui recherchent un ampli bien fabriqué et plus tourné vers les sonorités actuelles que vers les sons vintage. Ceci vaut surtout pour la tête, le luxueux baffle pouvant, lui, séduire tous azimuts.