Contrairement à ce qui s’était passé pour le V3 dont la cure d’amaigrissement avait entraîné une division de la puissance par deux ; le Legacy 3 conserve son quatuor d’El34 et donc sa centaine de watts. Du coup, son capot métallique a été rehaussé par rapport à celui du V3M vu que les transfos nécessaires ne sont pas du tout les mêmes, il pèse deux fois plus lourd, soit une quinzaine de kilos ce qui reste raisonnable comparativement aux têtes 100W à lampes traditionnelles qui, souvent, dépassent les 25kg. Bref, on ne s’extasiera pas devant son côté "mignon" comme ce fut le cas avec le V3M mais on appréciera son côté pratique pour une tête de cette puissance. Le Vai a mis son grain de sel à tous les étages ce dont on n’a qu’à se féliciter sauf sur... les couleurs : châssis marron foncé et capot marron crème ou, en option, mint green, ce qui le fait ressembler à un After Eight. Après... les coups et les douleurs comme on dit...
Le meilleur de ses prédécesseurs
Mais l’essentiel est ailleurs ; autant le Legacy 1 avait frappé un grand coup, autant le 2 n’avait pas forcément convaincu tout le monde. C’est donc très logiquement que le 3 reprend les 2 canaux du Legacy1 tels qu’ils étaient à l’époque et y ajoute le troisième canal, comme sur le Legacy2, mais voicé différemment. Ce troisième canal utilise l’égalisation 3 bandes du canal 2 ; comme le canal 2, il possède en revanche son gain, son volume et sa presence propres, y ajoutant, cerise sur le gâteau, un switch Gain qui vient surajouter une couche de gain supplémentaire alors que le canal 3, tout comme le 2 d’ailleurs en délivre déjà énormément de base. Autant dire que vous ne risquez pas d’en manquer ! Le canal 1, plus orienté sons clairs, présente une égalisation 3 bandes, un volume et un switch Presence, qui fait la même chose que les inter Bright qu’on trouve sur pas mal d’amplis. La face avant est complétée par une section Master, avec un master volume, le niveau du boost (déclenchable au pied) et celui de la reverb, plutôt jolie, ainsi que son switch de mise en/hors fonction. En bas, au milieu, trônent trois switches pour changer les canaux à la main. Bien sûr, les mains étant occupées à autre chose, on préfèrera déclencher tout cela au pied, grâce au footswitch fourni. Dommage que ce dernier, au moins celui du test, soit équipé d’inters un peu durs, qui outre qu’ils ne sont pas très agréables oublient parfois de déclencher la fonction qu’ils contrôlent.C’est la première fois que je vois ça chez Carvin donc cela ne concerne paut-être que l’appareil testé. A vérifier lors d’un essai en magasin.
A l’arrière c’est la teuf : deux sorties HP, un sélecteur d’impédance 4/8/16 Ohms, un sélecteur de puissance permettant de passer à 50% ou à 15% de la puissance initiale, un sélecteur de bias des fois que vous voudriez passer en 6L6, une sortie ligne compensée (cabinet voiced), un inter pour les LED internes (elles changent de couleur à chaque changement de canal), la prise du FS44M, footswitch maison pour changer les canaux et déclencher le boost, une entrée pour un footswitch dédié à la reverb, MIDI In et Thru, Send et Return de la boucle, Master Out pour aller attaquer un ampli esclave et Power Amp In pour devenir lui-même esclave d’un autre ampli. Notez que ces deux dernières prises peuvent aussi s’utiliser ensemble pour intercaler une pédale de volume par exemple.
Ca sonne !
Alors comment dire... ça sonne vraiment très bien tout ça. Le canal 1 balance des sons clairs à la fois cristallins et corpulents, avec des simples on est vraiment dans l’american classic et il y a fort à parier que ce soit encore plus flagrant avec des 6L6. Avec des doubles, c’est moins flatteur mais ça reste très musical. Canal 2, on attaque les sons crunch et on parle là dès le quart du gain de crunchs vitaminés pas de crunchs on the edge. Là on est dans de la franche saturation mais en gardant des attaques claires et précises et sans trop de graillon derrière. Cela dit, il suffit de pousser vers 6 et au-dessus pour avoir déjà un bon graoûh qui va bien. On embraye donc sur le canal 3, tout de suite plus chargé, un peu plus compressé aussi. On a intérêt à ouvrir un peu sur le volume du canal pour le laisser respirer. C’est vraiment une jolie saturation, qui, sans être vintage, n’en est pas moins authentique tant elle sonne de manière vivante et dynamique. Si on est gourmand, on enclenche le switch gain et vlan ! On en ramasse encore une pelletée dans les esgourdes. Sur tous les canaux le Bosst (+6dB) permet de se placer au sommet du mix (la place naturelle du guitariste dixit Vai ;-) et ne change que très peu le son qu’on s’est concocté ; on reçoit juste un bon coup de pied au cul supplémentaire. Seul bémol, lors de l’essai à fort volume, le capot s’est mis à zinguer sur une fréquence basse, la façade et l’arrière de celui-ci étant juste pliés mais non soudés au reste. Un petit patin caoutchouc bien placé devrait suffire à éviter ce problème.
Le Legacy3 est la meilleure évolution dont on pouvait rêver pour la série signature de Steve Vai : pas de compromis sur la puissance, la dynamique ou le grain, il gagne en saturax, perd en poids, en dimensions et conserve toutes ses fonctionnalités. Ce n’est pas pour rien qu’il a remporté l’award Best Of Namm 2012 et si vous vouliez acheter un Legacy, optez pour celui-ci.