Soldano c’est le bidouilleur type. Il explique lui-même qu’étant d’une famille modeste de Seattle, il avait pris l’habitude lorsqu’il voulait quelque chose (vélo etc.) de le fabriquer plutôt que de le demander à ses parents. C’est ainsi qu’il bricole sa voiture avant même d’avoir l’âge de conduire et qu’il se construit sa première gratte. Aussitôt ses potes en veulent une et Mike commence une "carrière de luthier" dans la cave de ses parents. Deux choses vont l’amener vers l’amplification : il rachète une mauvaise copie de Bassman qui tombe tout le temps en rade et, parallèlement, la bibliothèque municipale de Seattle, où travaille sa mère, décide de jeter tous ses ouvrages traitant de l’amplification à tubes pour cause "d’obsolescence technologique" et de besoin de place. Il récupère les bouquins et les potasse.
Rapidement, il devient réparateur d’amplis et de guitares. En 1980, avec l’aide de Doug Roberts, il réalise enfin son premier ampli : "Pas terrible mais j’ai pas mal appris..." En 82, il lance, sur son châssis fétiche "Mr Science" le projet de sa vie (il ne le sait pas encore). Vers 85, il tient la bête, c’est le Super Lead Overdrive 100. Des guitaristes de Seattle, conquis par le SLO, le persuadent d’acheter suffisamment de pièces pour construire d’autres appareils. Mike investit, mais à l’heure dite, seul Tommy Martin, un de ses potes, honore son engagement et devient, par là même, le premier possesseur de SLO au monde. Dégoûté, Soldano vend sa maison de Seattle, part à L.A., ouvre un magasin et galère dur pendant deux ans, vendant encore deux amplis. Heureusement pour lui, en 87 alors qu’il est prêt à jeter l’éponge, Tony Antidormi, en quelque sorte son apprenti, arrive à voir Steve Lukhater. Luke essaye, achète et joue sur le SLO.
Et c’est la ruée : de retour d’un gig où il fait le roadie pour croûter, Mike trouve sur son répondeur des messages de Vivian Campbell, Lou Reed et Mike Landau, tous désireux d’essayer "L’AMPLI". L’année suivante, Mark Knopfler et Eric Clapton craquent à leur tour et c’est parti.
Le SLO c’est une tête d’ampli à la fabrication et à la finition exemplaire, où les composants sont triés et testés avant d’être montés. Tout technicien vous le dira, travailler sur un SLO c’est comme ouvrir le capot d’une voiture de luxe. Tout est nickel, clair et solide. Ce sont aussi quatre 5881 qui dotent l’engin d’une super puissance, c’est enfin un son de tuerie. Le SLO n’est pas loin d’être l’ampli idéal, l’arme ultime, le nec plus ultra de l’amplification guitare. La preuve, même Mike Soldano n’a pas fait mieux depuis...