La LPJ 2014 est une Les Paul moderne, elle comporte donc un corps chambered en acajou surmonté d’une table en érable. Le corps est composé de plusieurs pièces, quatre a priori, bizarrement distribuées : on a une pièce centrale, une autre qui compose la partie basse (cutaway + cavité électronique) et deux petites pièces l’une juste au dessus de la cavité du sélecteur trois positions et l’autre formant le haut de l’arrière du corps. En gros, ça veut dire qu’on a collé trois morceaux d’acajou et qu’on a découpé la forme du corps à l’intérieur, les deux pièces du haut sont donc issues du même morceau d’acajou. Ça ne me pose aucun problème d’autant que c’est plutôt bien fait et que la guitare sonne bien mais gageons que les fans de belle ébénisterie, les amateurs de bois exotiques et tous ceux qui achètent une guitare pour la pendre au mur tordront le nez. Personnellement ce sont plutôt les qualités de l’instrument son aptitude à monter en scène qui m’intéressent et nous verrons qu’il n’y a aucun problème de ce côté.
La table érable est, elle, en deux parties qui ne matchent pas vraiment, encore une hérésie diront les sus-cités. Le manche, collé, au profil 50‘s Rounded, est en érable (ça y est, là, les inquisiteurs ont monté le bûcher ;-)), surmonté d’une touche palissandre 22 cases aux repères en trapèze. Le tout est recouvert d’un vernis « Chocolate » au fini mate satin. C’est très doux, très agréable sous la main, la couleur et la finition donnant de l’unité à l’ensemble qui, sans être un modèle d’esthétique, a de la gueule et n’a pas le côté cheap de certaines Faded du passé.
Bien équipée
L’accastillage, classique, Stop Bar/Tune-O-Matic, mécaniques Kluson Deluxe et boutons larges pour éviter les décrochages involontaires, est sérieux et se montre fonctionnel et efficace. La guitare sonne plutôt bien à vide, avec brillance, du sustain, une certaine profondeur et sans vibration parasite. Le confort main gauche est très correct, rien à dire ; ce n’est pas une Rolls, mais pas une trottinette non plus, l’action moyennement basse et les tirés faciles satisferont la plupart des guitaristes. Seul petit reproche, certains bords de frettes auraient mérité un peu plus de peaufinage mais rien d’horrible non plus.
On en arrive aux deux humbuckers AlNiCo V, une paire de 1961 version zebra. Ces micros sont très blues/rock/hard, on note tout de suite dès les sons clairs que le micro grave ne bave pas, qu’il est bien précis, avec peut-être un peu moins de chaleur que ce à quoi on s’attendrait, mais ça ne le rend que plus polyvalent. L’aigu est conforme aux attentes. Notons que Gibson propose désormais des montes micros beaucoup plus intéressantes, subtiles et tout-terrain qu’à l’époque des 49xT. Les deux micros se comportent également très bien en sons crunchs avec l’aide efficace de deux volumes et deux tonalités, tous très progressifs, qui permettent de revenir à des sons clairs en baissant le volume ou de changer la couleur via la tonalité. En saturax, ben c’est une Les Paul hein, donc no problemo même si là encore elle sonne différemment d’une standard, pas mieux ou moins bien, différemment. Mais tout est là, à dispo quand on le veut, les harmoniques sifflantes, les accords bien pleins et bien gras, le ronconcon compressé, le tout avec le sustain prononcé qu’on notiat déjà à vide et qui se trouve magnifié par la saturation.
En conclusion, la LPJ 2014 est une vraie guitare de scène, agréable et efficace, livrée avec une housse maison, bien dotée, bien née, à tarif doux. Bien joué.