La S2800 testée ici tend plutôt vers le haut de gamme et pourrait faire la nique à bien des Shecter et autres Valley Arts de la grande époque précitée, tant du point de vue de son équipement que du confort de jeu qu’elle procure. Bref , c’est un excellent instrument et la seule réserve que l’on puisse émettre tient à sa forme de Stratocaster goldorackifiée, même si l’allongement de sa corne supérieure se justifie amplement par la stabilité qu’il apporte en position debout.
La guitare est entièrement en érable : une pièce d’érable doux (mais si mais si...) pour le corps, surmontée d’une table deux parties en érable coupé sur quartier, et une pièce d’érable dur (hé hé) pour le manche. Seule la touche, vingt-deux cases a préféré le palissandre. Un sunburst assez joli, même si on a déjà vu plus progressif, recouvre le corps et contraste agréablement avec le pickguard façon nacre dont on apprécie la découpe originale. On retrouve les chanfreins habituels sur ce type de corps plus un amincissement bienvenu à la jonction corps/manche qui facilite encore la progression de la main gauche, d’autant que le profil du manche, sa relative minceur et la finition de l’ensemble incitent à la performance.
L’accastillage, entièrement doré comme la visserie n’est pas en reste du point de vue qualité : vibrato Wilkinson VS50K accompagné de son sillet à roulement, mécaniques à blocage Sperzel Trim-Lok, deux guide-cordes placés sur la crosse pour plaquer les quatre cordes du milieu (La, Ré, Sol, Si) contre le sillet, potards métalliques et boutons attaches courroies avec tampons de feutre intercalés pour protéger le bois du corps. Tout est bien pensé, bien réalisé et seule la finesse du jeu de cordes installé prête à la critique.
La mise en voix est assurée par Seymour Duncan avec deux simples SSL et un double TB4 en aigu, routés via un volume et une tonalité (tous deux très progressifs). Cette dernière est équipée d’un push-pull qui coil tappe le double ; en clair, cela inhibe une partie des bobinages à un point déterminé, ce n’est donc pas comme un split qui coupe l’un des bobinages même si le but est le même : faire sonner le double suffisamment proche d’un simple pour que la position intermédiaire milieu/aigu soit exploitable. Tout cela dote la S2800 d’un potentiel sonore étendu. En son clair on retrouve toutes les qualités d’une Fender avec le même genre d’applications que ce soit pour le blues, la country, le rock, le hard, la variété etc. Le grain est fin, les attaques claires et belles, seul le double coil tappé tout seul n’est guère convaincant. En son saturé le double met la barre assez haut puisqu’il se ballade sans problème du crunch le plus classique à la thrasherie la plus endiablée, avec beaucoup de musicalité là encore.
Grâce à ses qualités de lutherie et à ses performances sonores la S2800 convaincra les guitaristes les plus exigeants, à condition de la monter avec des tirants un peu plus conséquents.