La cabine Leslie c’est un meuble de la taille d’un frigo moyen qu’on couplait aux mythiques orgues Hammond. A l’intérieur un tambour pour les graves et un cornet pour les aigus tournent en permanence selon deux vitesses, une lente, une rapide. Le son est donc envoyé à 360 degrés créant, en simplifiant à l’extrême un effet tremolo tournant. Deux facteurs enrichissent encore l’effet Leslie : le différentiel de rotation entre cornet et tambour et le fait que l’accélération et la décélération entre les deux vitesses soient progressives, créant des tas de variations de l’effet dont jouent les organistes aguerris. Notons encore le Brake (frein) qui permet de mettre un coup de frein sur la rotation créant encore des variations de vitesses momentanées.
Selon la légende, en 1965 lors de séances pour Junior Wells, l’ampli de Buddy Guy est tombé en panne, l’ingé son aurait alors bricolé une cabine Leslie pour qu’il puisse finir d’enregistrer. Par la suite, on a développé des pédales combo qui regroupaient preamp et contrôles de vitesse et tout le monde y est passé des Beach Boys aux Beatles, de Clapton à Gilmour, de Joe Walsh aux frères Vaughan. Problème, une Leslie ça ne rentre pas sur un pedalboard, ça l’écrase ! On a alors tôt essayé de reproduire l’effet Leslie avec des pédales ou des racks, certaines devenant des effets à part entière comme l’Uni-Vibe, d’autres, de véritables légendes comme le Dynacord CLS 22 ; aujourd’hui très recherché.
Alors bien sûr d’autres ont déjà réussi à recréer l’effet de manière crédible, mais le Rototron a en plus tous les réglages nécessaires et une connectique très complète.
Trombinotron
Sur le dessus du boîtier bleu on trouve de gauche à droite un Ramp avec lequel on va caler le temps que l’effet va mettre à passer d’une vitesse à l’autre, puis le réglage de la vitesse lente et celui de la vitesse rapide, et enfin la profondeur de l’effet. Ces quatre réglages permettent à chacun d’ajuster finement, presque de customiser l’effet aux petits oignons. Deux footswitches permettent ensuite à droite de mettre l’effet en/hors fonction, à gauche de passer d’une vitesse à l’autre. La connectique, très clairement organisée, complète tout ça à merveille : sur les côtés, on à deux entrées et deux sorties audios. Si vous utilisez les deux entrées, une seule sera traitée par l’effet que vous retrouverez sur une seule sortie, l’autre restant dry. Si, en revanche, vous entrez en mono, comme beaucoup d’entre nous le feront, vous pourrez soit sortir en mono soit en stéréo et, en pannant les deux sorties, une à droite, une à gauche sur une table, ou en utilisant deux amplis un peu écartés, l’effet est monstrueux. Mais ce n’est pas tout, car l’avant présente, outre l’entrée pour l’alim 18V fournie, une entrée Brake au centre, sur laquelle on peut brancher un switch momentané pour donner le fameux coup de frein, sur la gauche on connectera une pédale d’expression qui régira en temps réel la vitesse de rotation du cornet virtuel, donc des aigus, indépendamment de celle du tambour (graves) qui elle peut se régler de la même manière via l’entrée de droite. Bien sûr, à moins que l’effet Leslie soit constitutif de votre son vous n’utiliserez probablement pas toutes ces possibilités en live ; en studio, par contre, vous aurez toute latitude d’agir sur n’importe quel paramètre de l’effet, c’est très, très complet, c’est même probablement la pédale effet Leslie la plus complète du marché.
Sonotron
Côté sonorités, on retrouve le timbre particulier d’une cabine Leslie, on est vite à l’aise et le fait de pouvoir régler précisément vitesses lente et rapide fait qu’on peut avoir deux vitesses relativement rapides, les vitesses très lentes étant plus difficiles à utiliser avec une guitare qu’avec un clavier. La profondeur va jusqu’à des taux impressionnants, presque difficiles à maîtriser mais toujours intéressants musicalement et elle passe avant cela sur toutes les valeurs plus faciles à prendre en main. Les LED (Slow/Brake/Fast) sont très pratiques en conditions de jeu. Le Brake est génial, j’ai juste eu à brancher un vieux switch Ibanez que j’ai depuis les années 80 et le tour était joué, je pouvait freiner à l’envi ce qui rend génialement sur des fins de phrases ou des dive bombs par exemple si on vient d’une vitesse rapide. Le test sur ordi en entrant sur ma carte son par deux entrées, les pannant et le tout au casque est impressionnant de largeur, de richesse harmonique que ce soit en son clair où la pédale sonnera de façon tellement plus originale que le sempiternel chorus ou sur des solos rock texan avec son crunch poussé et à vitesse rapide. Seul petit bémol qui est vrai aussi sur une cabine, les micros simples donnent de meilleurs résultats que les doubles en général.
Rotofan
Grand fan des Fabulous Thunderbird version Jimmy Vaughan, ayant moi-même souvent joué du clavier et de la guitare sur une vraie cabine, je dis bravo à ce Rototron qui, s’il ne prétend pas remplacer l’originale (qui le pourrait ?) prend son sillage avec le bon esprit et une approche respectueuse et intelligente.