La guitare arrive dans un superbe étui, très cossu, à la surface toilée avec des bordures en cuir. L’intérieur vaut l’extérieur et, non seulement cela lui va très bien au teint mais il n’y aucun doute qu’elle sera extrêmement bien protégée. La magnifique finition Candy Apple Red est spécifique à cette version limited edition, la Caribou étant disponible habituellement en Narvik Blue ou en Black.
La bête est donc une single cut aux proportions agréables, donc le corps, en aulne, est « chambered », c’est à dire qu’il intègre des chambres acoustiques, qu’il est en partie hollowbody, particulièrement sur le tiers supérieur du corps qui comporte d’ailleurs une ouïe. La table, plate, est ornée de tous les élégants grigris métalliques habituels à la marque : le D emblème de Duesenberg, la barre, elle aussi ornée du D, soulignant la base des micros, les boutons de potards avec leur encoche spécifique, la tête façon cornet de glace du sélecteur trois positions, tout y est, et on n’a pas encore parlé du vibrato, le Deluxe Tremola. Celui-ci s’inspire largement de l’esprit Bigsby, tout en présentant des performances nettement plus en phase avec les exigences du guitariste actuel. On notera encore la plaque de protection du truss-rod, très art déco, les mécaniques à blocage maison Z-Tuners et les attaches de sangle qui auraient mérité d’être un peu moins standard.
L’arrière de la guitare est d’un noir uniforme, d’autant qu’il n’y a pas de plaque pour la cavité électronique, l’accès se faisant par l’avant, en dévissant le pickguard, sur lequel toute l’électronique est montée. La jonction corps/manche (en érable, collé) est à l’ancienne, pas de contourage, ce qui reste conforme à l’esprit classique de l’instrument. On a donc un petit paquet sous la main gauche quand on passe la quinzième frette. Enfin, attention, le vibrato n’est pas un Floyd les gars, c’est pour du vibrato gentil. Cela étant, on constate une bonne tenue de l’accord même, comme c’était le cas ici, avec des cordes neuves.
Sensations
L’instrument est agréable à porter et à jouer même en acoustique, ses chambres et son ouïe lui donnant de la voix naturellement. La Caribou est plutôt bien réglée d’origine, avec une action équilibrée, des tirés très faciles malgré une monte en 010/050, et fait montre d’un bon sustain. Le manche n’est ni trop gros ni trop fin. Bref, on est bien.
Duesenberg a opté pour une configuration qui a fait ses preuves, un Grand Vintage Humbucker en aigu et un Domino P-90 en grave. Alors certes, c’est un set de bonne tenue, mais j’ai trouvé le humbucker un poil trop orienté mids et j’aurais apprécié qu’il ait une personnalité un peu plus affirmée, avec plus de tranchant et plus de gras. Il y a fort à parier que Duesenberg a ici privilégié la flexibilité, optant pour un double qui saura s’adapter à différents styles mais qui, du coup, sonne un peu passe-partout. Le Domino, tout en rondeurs, met bien en exergue les sonorités naturelles de la guitare : on a un parfum d’hollowbody par moment, notamment sur les sons clairs ou crunch légers. Et, en même temps (ha ha), on garde le contrôle en son saturé, (même sur le double) comme avec une solidbody : pas de départs de larsen inopportuns. Le volume et la tonalité pourraient être montrés en exemple dans les écoles de lutherie comme les contrôles parfaits : ultra progressifs, ils sont exploitables sur toute la longueur de leur course avec mention particulière pour la tonalité qui est ici un réel outil musical, même à zéro. Bravo !
Temptation
A l’arrivée on a un concept esthétique affirmé, réussi et cohérent, une guitare qu’on ne trouvera pas à tous les coins de rue, édition limitée oblige, livrée dans un superbe écrin, qui sera à son aise sur tous les styles allant du blues, au classic rock en passant par la country et la pop anglaise. Et avec ça la Deutsche Qualität, foncez !