Il est à l’origine de The Damage Manual, sorte de supergroupe au sein duquel il a rassemblé d’autres allumés à fort pedigree : Jah Wobble, ex PIL, à la basse, Geordie Walker, ex Killing Joke, à la guitare et Chris Connely, Revolting Cocks/Ministry au chant. Si l’on ajoute diverses collaborations dont celles de Bill Laswell et Orb sur certains remixes, on est quasi‑obligé de plonger. Si on retrouve d’emblée les fortes personnalités de chacun des quatre membres (moulin à guitares prenantes aux harmonies si particulières, basses telluriques, batteries martelées et sûres de leur bon droit, chant torturé limite Bowie par moments), The Damage Manual a sa personnalité propre.
Loin de s’abandonner à une facilité que leurs noms et leurs réputations auraient pu camoufler, les "fantastiques quatre" ont construit quelque chose d’original, une synthèse jouissive plus forte encore que la simple addition de leurs talents respectifs. Easy listening s’abstenir. Aucun titre n’est faible, certains sont plus expérimentaux, Denial, Broadcasting, tandis que d’autres sont plus "rock", Age Of Urges, The Peepshow Ghosts et le superbe Sunset Gun, sorte d’hommage halluciné au Led Zep de When The Leevee Break. Le groupe se révèle maître dans l’art d’élaborer des architectures musicales alliant finesse, fureur et chaos, drapées dans des textures sonores à ta fois lisses et abrasives. The Damage Manual est certainement ce qui pouvait nous arriver de mieux en ce début de millénaire. Longue vie !