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Teuffel Birdfish Guitar

Teuflish und wunderbar (Diabolique et admirable)

D janvier 1999     H 14:00     A Judge Fredd    


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De temps à autres dans la vie d’un "bandessayeur", on croise des instruments exceptionnels par leur design, leur confort de jeu, leur qualité de fabrication, l’intelligence de leur conception, mais il est rare qu’un seul instrument cumule toutes ces qualités. Alors quand ça arrive...

Nos cousins germains dont on se moque parfois un peu trop facilement, nous mouchent régulièrement par de belles réussites tant à l’échelle industrielle qu’artisanale comme dans le cas qui nous occupe aujourd’hui. Ulrich Teuffel (diable à qq chose près) fabrique des guitares depuis 1984. En 90, il décide de suivre des cours de Design Industriel à Karlsruhe. Le mariage de ces deux passions enfantera, en 95, la Birdfish Guitar objet de ce test.

Teuffel Birdfish Guitar

Struktur (structure)

Cette guitare multiplie les défis : c’est un objet fabuleux avec un design à la fois innovant, beau, fonctionnel et cohérent, entièrement faite à la main (pièces métalliques, pièces en bois, peinture, micros etc.) par son inventeur, entièrement modulable avec une simplicité de mise en oeuvre rarement atteinte et en plus c’est un EXCELLENT INSTRUMENT.

La Birdfish s’articule autour de deux pièces métalliques principales, l’une en forme d’oiseau (bird) sur laquelle se greffent cordier, cheval et l’autre en forme de poisson (fish) sur laquelle est vissé, en trois points et à hauteur de la dix-septième case, le manche en érable bird’s eye. Entre les deux, une réglette graduée à l’arrière sur laquelle sont fixés les micros, ainsi que deux résonateurs en bois recouverts d’une laque douce comme du daim retourné, très résistante aux agressions qui recouvre également les micros. La rigidité de l’ensemble est irréprochable. Au bout du manche pas de crosse mais un système de blocage Shaller permettant d’utiliser des cordes standard (pas besoin de galérer avec des double ball end jamais dispos dans le tirant qu’on souhaiterait) et qui se montre très performant en terme de tenue d’accord. Enfin un bloc pivotant regroupe volume, tonalité et sélecteur cinq positions. La forme conique des potards est une autre démonstration de design bien compris tant ils sont agréables à manipuler.

Dos
Toutes les pièces de la guitare (exceptés le sillet et le chevalet) sont faites à la main.
Les micros sont bobinés par Ulrich Teuffel puis enclos dans ce design original.
Les pièces métalliques (en alu) sont coulées dans des moules en céramiques
eux-mêmes moulés autour de modèles en cire.
Les pièces sont ensuite polies à la main
puis recouvertes d’un alliage cuivre/nickel avant d’être chromées.
Manches et résonateurs sont également hand made

Seule petite réserve à force de pivoter le bloc demande à être resserré, ce qui prend dix secondes. Les micros et le bloc sont reliés par une tresse au bout de laquelle on trouve trois mini jacks d’un côté et une prise à bague vissée de l’autre. Cette tresse est parfaitement isolée par une gaine métallique et maintenue par une forte patte à l’arrière de l’instrument pour ne pas souffrir d’éventuels étirements. En résumé pas de panique c’est allemand donc solide et surdimensionné. La guitare est agréable à jouer à condition d’aller la taquiner, doigts tendres s’abstenir. Le manche prouve qu’il est aussi bon que beau et se coule dans la main très naturellement. La guitare sonne déjà bien à vide, et se montre acoustiquement plus puissante et pleine de sustain que bien des grattes en bois.

Mehrere Angesicht (Plusieurs Visages SGDG)

La Birdfish est livrée avec deux simples et trois humbuckers ce qui, en théorie, permet les configurations suivantes : 2 simples + un double, 2 doubles + 1 simple, et trois doubles. En réalité la dernière config n’est pas très intéressante car les trois doubles sont assez différents. Un code à l’arrière du micro l’explique : si votre double est marqué d’un point il est dit Bright avec beaucoup de niveau, beaucoup d’air, une égalisation régulière qui favorise tout le spectre des fréquences présentes. C’est mon favori et il est à l’aise en position aiguë. Celui côté deux points favorise les médiums et possède un taux de saturation apparemment moins important que les deux autres. Il est très à l’aise dans un registre clair/crunch et pourra avantageusement jouer le rôle du humbucker grave dans une config 2 doubles + 1 simple.

Enfin le double à trois points possède un grain serré propice aux sons très saturés bien méchants avec des mids un peu creusé et donc une présence moindre que le "un point". De plus il n’est pas très performant en son clair et ne se marie pas aussi bien que les deux autres avec les simples. Cela étant, si vous avez des rythmiques bien fat à enregistrer c’est "l’hum de la situation". J’ai donc testé la guitare dans les deux premières configurations successivement avec les différents résonateurs sur un Marshall JCM 900 des studios Eurêka.

Housse
La housse en cuir souple façon chausson à l’extérieur
et couette à l’intérieur est un petit bijou.
Sur son flanc deux longues poches logent les résonateurs
supplémentaires et deux petites peuvent servir aux micros surnuméraires
ainsi qu’au guitool indispensable livré avec l’instrument.
Clin d’oeil, la poignée qui dépasse est la partie de l’instrument
qui repose sur votre genou lorsque vous jouez assis c’est pas beau ça ?

Avec les résonateurs en frêne des marais, la Birdfish a beaucoup d’attaque, elle est très puissante. Le son est corpulent qu’il soit clair ou saturé. Sur les simples, on est vraiment très proche de l’univers fendérien avec une connotation moderne un poil hi-fi. On se retrouve en plein trip SRV. Les micros tiennent bien la saturation avec une belle finesse de grain et des positions intermédiaires excellentes. Le système permet non seulement de positionner les micros par rapport au manche et au chevalet mais aussi les orienter à la manière du micro aigu d’une Stratocaster pour bénéficier dans le même temps de graves plus ronds et d’aigus plus cinglants. Ici on peut le faire sur tout les micros et rien ne vous empêche de faire le contraire pour avoir des graves plus aigus et des aigus plus graves. On fait exactement ce qu’on veut.

Avec les résonateurs en érable on note une légère différence surtout sur les simples. La différence est moindre qu’entre une guitare en érable et une en frêne mais elle est audible. Gageons que les résonateurs en acajou qui ne devraient pas tarder se démarqueront un peu plus. Cet érable ne manque pas de rondeur et encore une fois la patate est au rendez-vous. C’est vraiment la constante : un son d’une grande qualité doté d’une puissance respectable. Toutes le manips sont extrêmement simples, un micro se change en trente secondes, les deux tubes en cinq minutes. Il faut juste prendre garde à les changer un par un et non les démonter tous les deux en même temps pour des questions de rigidité de la structure et ne pas oublier de se réaccorder après.

Prima Klass (D’enfer à donf’)

Alors voilà, si j’aurais beaucoup plein du l’argent, j’l’aurais gardée parce qu’une guitare comme ça c’est à la fois un (et même plusieurs en un) instrument exceptionnel, un tour de force et un bien bel objet. Au fait, celle-là c’était le n°63.


Autres infos
  • Look de tuerie
  • Hyper fonctionnelle
  • Confort du manche
  • Nombre de configurations possibles
  • Micros puissants et performants
  • Entièrement faite à la main
  • Ca n’a ni le look d’une Strato ni celui d’une Les Paul, c’est un scandâle !!
  • Prix indicatif : 24 500 F TTC env.
  • Distribution : California Music

 

Mots-Clefs

Instruments
Guitare électrique Luthier
Type d’article
Banc d’essai
Marques
Teuffel
Numéro
G&C 203

 

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