La Comète doit son look très sixties, façon médiator géant, à Grégoire (le G de DNG) : allant voir Johnny Winter, il flashe sur l’Erlewine Lazer du grand albinos et se promet d’y réfléchir. Le temps passe et remonte à la surface l’émotion esthétique que ressentait le jeune Grégoire devant l’horloge de la défunte ORTF égrenant ses secondes sur la télé familiale. Bref, la Comète est le fruit des amours virtuelles et improbables de Johnny Winter et de l’ORTF dans le cerveau ébranlé de notre ami.
Noyau et chevelure
Un bout d’aulne français pour le corps, une pièce d’acajou du Honduras pour le manche, un peu de palissandre indien pour la touche et c’est parti. On remarque d’emblée le soin extrême qui a présidé à la réalisation de cet instrument. Le binding en ivoroïd ceignant le corps, les neuf couches de vernis lie de vin, le placage d’ébène sur la crosse, le sillet en os en sont autant d’indices. Je ne vous parle pas de la plaque d’argent gravée main qui orne la crosse car elle n’est présente que sur une Comète qui a été vendue au musée de Montluçon. Le pickguard, très épais (3mm), provenant de l’industrie lunetière italienne est constitué d’une "tranche" de matière plastique colorée recouverte d’une couche transparente qui la protège et met les coloris en valeur. La touche, sertie de frettes Dunlop limite jumbo, assez larges mais pas trop, s’orne de repères en nacre. Elle compte vingt-trois cases ! C’est plus qu’un clin d’oeil, puisque cela permet, en effectuant un léger tiré sur la dernière case,d’aller jusqu’à l’octave sans les contraintes de fabrication qu’entraîne l’adoption d’une touche vingt-quatre cases. La guitare se montre plaisante à jouer, le manche,bien que rond, se fondant dans la main. L’impression de confort est renforcée par une découpe stomacale et une espèce d’ergot pour jouer assis, qui à l’origine devait se rétracter dans le corps et a finalement trouvé sa place, ajoutant à l’esthétique. Le chevalet/cordier de style "wraparound" présente six pontets séparés réglables, à mi-chemin entre la combinaison Stop Bar/Tune O’ Matic et le wraparound classique. Six mécaniques Grover à bain d’huile complètent l’accastillage.
Les micros, des P90 Seymour Duncan, se montrent assez fidèles aux P90 vintage, mariant bien attaques cinglantes façon simple bobinage et une texture de son proche du double avec une saturation assez précoce si on appuie un peu. Le micro grave est surtout mis en valeur en son clair ou alors en tandem avec le micro aigu, pour des rythmiques qui marient les graves et les attaques ; le micro aigu donne sa pleine mesure dans les sons crunchs et saturés, l’idéal pour choruser. Lorsqu’on tire la tonalité, les deux micros se retrouvent en série. Cela est profitable en position intermédiaire où l’on bénéficie d’une sorte de double formé par les deux micros. Les son est alors plus soft, plus fin qu’en parallèle. De plus, le volume et la tonalité, très progressifs, permettent beaucoup de variations pleinement exploitables et enrichissent encore la palette sonore de l’instrument.
Halley la Comète !
On se retrouve vite à aligner des plans sur la Comète, tant à cause de son look que de ses sons et des sensations de jeu qu’elle procure. Ne venez pas me dire qu’elle est trop chère, alors que beaucoup de guitaristes dépensent bien plus pour des guitares qui n’offrent rien de mieux si ce n’est une marque connue. A vous de savoir si vous achetez une guitare pour faire un placement, pour frimer, ou pour jouer. Dans ce dernier cas la Comète sera parfaite, d’autant que, comme pour toutes les grattes de luthiers français vous avez le fabricant sous la main...