La ML, née de l’imagination fertile de Dean Zelinsky, fut longtemps la guitare de prédilection de Sammy Hagar avant de séduire Dimebag Darrel, autre grand allumé devant l’éternel. Prenez une Explorer et une Flyin’V que vous aurez préalablement sciées en deux au milieu du corps, badigeonnez de colle forte, pressez fortement pendant une dizaine de minutes et vous obtiendrez une ML. Cela donne une guitare aux dimensions généreuses, petits gabarits s’abstenir, nécessitant un étui gargantuesque, heureusement fourni et compris dans le prix, merci Dean. Le modèle ici testé est baptisé Coupé, sans doute pour souligner le fait qu’il est fabriquée aux Etats-Unis dans le Custom Shop Dean.
Belle et bien faite
Comme celui d’une Flyin’V, le corps, en acajou de la ML se voit percé de six orifices destinés au passage des cordes. Elles sont retenues par six oeillets métalliques et ressortent au milieu d’une pointe de flèche (accent circonflexe ?) de métal doré. Le manche, également en acajou, est surmonté d’une touche ébène vingt-deux cases, sertie de repères dot en nacre. La jonction s’effectue à hauteur de la dix septième frette offrant un accès aux aigus qui ne souffre aucune critique ou... presque : l’attache bandoulière située au dos du corps aurait pu être reculée d’un ou deux centimètres. Le dos du manche, à la fois rond et plat présente un galbe agréable sous la main, les frettes jumbo et l’action assez basse accentuant encore le confort de jeu. La crosse, reprise de l’Explorer originale, arbore six Shaller à bain d’huile, fonctionnant bien. Cela dit, l’angle imprimé aux cordes au sortir du sillet fait qu’elle mettent un peu plus de temps à se stabiliser. La monte d’origine aurait pu se faire avec de plus gros tirants sans préjudice quant au confort, les cordes étant vraiment très souples. De plus, cela aurait peut-être augmenté le sustain de l’instrument, seul point qui ne mérite pas de superlatif. Le reste de l’accastillage se compose d’un chevalet de type Tune O’ Matic et d’une prise jack montée sur un support plastique circulaire. En résumé, pas de défaut rédhibitoire, un bon niveau de finition et de bonnes sensations de jeu. En position debout, l’instrument s’avère très stable et équilibré ; par contre, vu son encombrement évitez d’en jouer dans votre couloir.
Sans être branchée, la ML est déjà assez sonore, elle vibre bien et possède de bonnes attaques, qualités que l’on va retrouver en mode électrique. Les deux Seymour Duncan JB Model qui l’équipent n’y sont sûrement pas étrangers. Une configuration classique : deux doubles, un sélecteur trois positions, deux volumes et une tonalité. Cette dernière n’était pas vraiment efficace sur le modèle testé, dommage. D’entrée, le décor est planté : la ML sature même en son clair, et va jusqu’au larsen. Le seul moyen d’atteindre de véritables sons clairs consiste à baisser le volume des potars. Fins et veloutés ils ont du corps et semblent tout à fait exploitables. Les différences entre les deux micros sont nettes et affirmées, la position intermédiaire s’en trouve donc enrichie. En mode saturé, la ML donne sa mesure, car elle est née pour tuer. Les harmoniques fusent, le son est à la fois gras et tranchant. On se surprend vite à enchaîner les gros riffs bien lourds en dropped D, bref la gratte vous rend méchant, pas étonnant que le Dimebag ait viré barbichette et bermuda. Le micro grave, un poil plus polyvalent que l’aigu, donne toute satisfaction dans un registre plus bluesy. Cela peut étonner mais après tout Albert King jouait bien sur une Flyin’V...
Un bon choix alternatif
La ML Coupé est une machine à grâouh qui, plus surprenant, se montre capable de choses plus subtiles pour peu qu’on se baisse au volume. Son niveau de fabrication la hisse au meilleur niveau et son prix ne devrait pas trop décourager surtout qu’il englobe celui de l’étui en plastique moulé extrêmement résistant et bien conçu. Reste la forme qu’il faut aimer et plus difficile, pouvoir porter.