Le corps de la Ninja est tout acajou, l’intérieur du V prend la forme d’une voûte gothique et ses ailes se terminent par un angle plutôt élégant. Il est décoré d’un imposant pickguard miroir, dont les pointes sont un poil agressives. On a beau être un gros méchant heavy-metalleux, on craint les éraflures m’sieur ESP. Le manche, collé à hauteur de la dix-huitième case (sur 22) est constitué de trois pièces d’acajou, technique qui garantit une bonne stabilité dans le temps. La jonction a été légèrement travaillée sur le bord inférieur du corps pour aider la main droite à accéder aux aigus. La touche palissandre reçoit des repères nacrés en forme de shuriken (ninja concept, trop bien...) et des frettes XJ dont on suppute que cela veut dire X Jumbo tant elles sont larges. Un sillet en os, six Spertzel à bain d’huile, deux Strap-Lock Shaller, un jack coquille sous l’aile supérieure, deux potentiomètres métalliques, un switch 3 positions ainsi qu’un chevalet et un cordier Gotoh complètent l’armement de la Ninja. Il n’y a rien à redire sur la qualité et la finition de l’instrument à une exception près, l’entrée jack en coquille est à mon sens mal placée pour deux raisons : trop proche du Strap-Lock elle est rétive aux branchements et, sur le modèle testé, elle n’épouse pas exactement la courbure du corps.
Levez-vous ! Tout l’monde debout !
La mise en voix de la Ninja a été confiée à deux grands classiques Seymour Duncan, le Jeff Beck en aigu et le 59 côté manche, soit respectivement les numéros 1 et 2 du Top Ten des ventes de la marque. Un excellent choix comme dirait mon caviste. Bon alors, on se met debout bien sûr, la guitare, légère et équilibrée, se positionne d’elle-même, le manche tombe sous les doigts, c’est du pur confort. Sur l’instrument objet de ce test, le réglage du chevalet n’était pas optimal et les cordes un poil hautes. Malgré cela, la guitare s’est montrée agréable, joueuse et pleine de qualités. La première d’entre elles est sans conteste un très bon sustain naturel du à la bonne circulation des vibrations.
Sur une aussi bonne base, les Seymour n’ont plus qu’à dérouler et franchement c’est que du bonheur. Chacun dans son registre fait preuve d’un remarquable équilibre et de beaucoup de rondeur. Le 59 produit de très beaux sons clairs et chante bien en saturé sans jamais être à la peine sur les basses. Le JB, moins à l’aise sur les sons clairs, se rattrape sur les crunchs, les saturés et les archisaturax : les harmoniques sont bien rendues, les basses présentes et tights, les larsens faciles et musicaux. La conjonction du confort de jeu et du confort sonore donne des ailes, c’est génial. Certains regretteront l’absence de tonalité, pas moi : primo je préfère que la tonalité gicle plutôt qu’un des volumes et deuxio, le propre d’un modèle Signature c’est que le gars qui a son nom dessus décide, en principe...
Guerrière
La Ninja est une guitare très réussie qui mériterait d’être mieux réglée en sortie d’usine. Autres petits bémols à ce niveau de prix, la coquille de jack susmentionnée et la finesse des panneaux de l’étui fourni avec l’instrument.