Intro
Pour ceux qui auraient raté le début, Blackstar est une toute nouvelle marque britannique, fondée par des anciens de chez Marshall, qui a été lancée officiellement au salon de Francfort de cette année. Deux séries d’amplis tout à lampes, l’une baptisée Artisan Series, d’obédience vintage, l’autre répondant au nom de One Series plus « modern style » seront commercialisées avant fin 2007, mais en attendant, la marque nous a gratifié de la meilleure série de pédales à lampe qu’on ait vu depuis un bon moment.
Pédales cinq étoiles
Les cinq HT ont en commun un solide boîtier rectangulaire métallique d’environ 12x16 cm à l’aspect solide et rassurant, assez haut (dans les 6 cm), reposant sur un large patin caoutchouc pour gripper au sol. Au-dessus, une grille d’aération évacue la chaleur générée par la lampe et donne un assez joli look à l’ensemble laissant filtrer une lueur orangée (générée par une diode placée sous la lampe) qui va bien à l’ensemble. Un léger chanfrein sur les côtés et l’arrière atténue l’aspect massif du boîtier. Les potentiomètres, solidement fixés, sans jeu aucun, se trouvent à l’avant avec leurs boutons métalliques agréables à manipuler. Sur le pan droit on trouve l’entrée instrument, sur le gauche, les sorties et, à l’avant, la prise pour l’alimentation 16VAC ainsi que le logo de la marque. Les footswitches, accompagnés de leur LED témoin, demandent qu’on appuie franchement dessus mais devraient s’adoucir au fil du temps. Ils dégagent eux aussi une impression de grande robustesse. Les pédales sont livrées dans une boîte en carton contenant également l’alimentation, et un mode d’emploi multilingue proposant quelques exemples de réglages.
La spécificité des HT, selon Blackstar (également selon nos mesures et nos oreilles), vient de ce que la lampe est alimentée par un courant haute tension, autrement dit, comme sur un ampli à lampes. De toute façon et quitte à en chagriner quelques-uns, mettre une lampe dans une pédale sans l’alimenter de cette façon relèverait plus du marketing que de l’efficacité. Les HT possèdent la musicalité, la puissance, la chaleur, la richesse harmonique, la réponse dynamique et la compression naturelle qu’on attend d’un engin à lampe. S’y ajoutent une intelligence de conception et un souci de l’utilisateur final indéniables.
Les deux distos et la Dual sont de plus équipées de l’ISF, un réglage qui s’attache à retrouver le voicing de différents amplis existants. En schématisant, la première moitié de la course du potentiomètre va taper plutôt ricain (Fender, Boogie, Soldano) la deuxième plutôt british (Marshall Vox). Sauf qu’on a également tous les entre-deux : Fengie, Boogano, Soldanall (pas de mauvais esprit hein...) etc.
Toutes les pédales ont été testées sur un Hughes & Kettner Edition Blue, petit ampli d’entrée de gamme et sur un Marshall JCM800 VHM Custom. Les quatre pédales comportant une sortie compensée ont aussi eu droit à l’entrée ligne de ma carte son Sound Blaster Audigy. J’ai de plus essayé la DistX et la Dual sur le Line6 d’un pote (qui a craqué sur la Dual, salut Christian) ainsi que sur un Fender Twin-Amp. Toutes se sont montrées flatteuses même sur les amplis les plus modestes et respectueuses des différentes guitares avec lesquelles elles ont été couplées.
HT Boost
Pour les réglages, c’est simple : Boost, Bass et Treble. Contrairement aux autres HT, le Boost ne comporte pas de sortie HP simulator mais une sortie Hi pour attaquer un amplis à lampes et une Low pour se connecter sur d’autres pédales ou un ampli à transistors.
Pas totalement transparent sur les sons clairs, lampe oblige, il leur donne un petit côté crunchy. C’est très léger et fonction de la dynamique du jeu main droite comme un ampli à lampes quoi...
Dès le premier quart de la course du boost celui-ci se montre assez franc, on a donc une grosse réserve à disposition. J’ai bien aimé tourner autour du point milieu du réglage de Boost, cela donnant de bons résultats sur tous les types de sons qu’ils soient cleans, crunchs ou saturés. Si l’on pousse le Boost vers les 3/4 on obtient tout de suite un son crunch si l’on vient d’un clean, un son bien saturé si on vient d’un crunch, quant à l’effet sur un son déjà distordu, on atteint des résultats un peu trop dantesques pour être facilement maîtrisés. Les réglages d’égalisation font merveille, autorisant des changements radicaux. On peut donc aussi choisir de ne pas ou peu booster le son et de se servir de la pédale pour varier uniquement la couleur sonore. Dans tous les cas on a beaucoup de coffre, un son généreux, joufflu qui ne s’écrase jamais. Le HT-Boost risque de s’imposer rapidement comme une des toutes meilleures pédales de boost du marché.
HT-Drive
Réglages basiques sur cette pédale aussi : Gain, Tone, Level, c’est de l’overdrive bien chaud et bien beau. Le Tone fonctionne en Class A ce qui le rend très, très efficace. Il permet d’aller de sons chaleureux et boueux, jusqu’à des choses très bright et étincelantes, ce avec beaucoup de progressivité donnant des résultats intéressants et musicaux sur toute la longueur de sa course.
Progressif lui aussi, le Gain ajuste au plus fin le taux de saturation, d’autant qu’il interagit bien avec le Level. Celui-ci pouvant changer le rendu drastiquement, on gagnera à expérimenter différentes positions. J’ai aimé le Level entre 2/3 et full range, mais c’est un choix personnel, car en restant sous les deux-tiers on obtient des rendus toujours très musicaux avec un grain plus serré et moins de dynamique dans les attaques, mais plus de latitude quant aux réglages de l’ampli. J’ai essayé principalement l’HT-Drive sur le canal clair des amplis utilisés. A chaque fois j’ai été esbroufé par les différences de niveau et de couleur assez incroyables. Utilisée sur un canal crunch, elle ouvre tout un champ de distos alliant chaleur et authenticité sonore. Le tout pour un prix qui ne laisse aucune place à l’hésitation.
HT-Dist
C’est la disto « regular » de la gamme avec un Gain, une égalisation 3 bandes, l’ISF et un Level.
En maintenant le gain dans le premier quart de sa course, on peut se servir de la Dist comme d’un overdrive avec un gros plus : l’égalisation. Les trois réglages sont super efficaces et interactifs, les graves ramènent de vrais graves, les mids peuvent sonner canards ou creusés à mort, les aigus ne produisent jamais de suraigus malvenus, mais ont un côté brillant au meilleur sens du terme. On serait déjà comblé avec ça, quels que soient la guitare et l’ampli sur lesquels on joue. Mais Blackstar en rajoute une louche avec l’ISF sur lequel on passe de longues minutes à se promener à travers les différents voicings.
La HT-Dist nous accompagne de l’overdrive à la franche disto bien méchante. On peut avec elle retourner dans les seventies mais aussi atteindre sans problème des taux et des couleurs très modernes, très metal, très radicaux.
HT-DistX
Dédiée au saturax suprême, aux distos actuelles et agressives, bourrées de testostérone, la DistX est dotée des mêmes réglages que la Dist. Mais, d’entrée, le rendu est beaucoup plus saturé et métallique : en dessous du quart de la course du Gain on a encore quelque chose d’humain mais dès le premier quart passé, on accoste sur les rives du metal avec des aigus, de l’ampleur, une compression qui se tient bien même dans les super graves, de belles harmoniques, et une chaleur qui ne se dément pas malgré le côté gros bourrin à crinière avec barbichette assortie. En chorus on se sent soutenu par le son, c’est vraiment génial, en rythmique on lâche les chevaux sans problème. En manipulant l’ISF on va ici aussi voyager à travers les grandes références, sauf qu’on reste dans un registre plutôt hard/metal. Le champ d’action de l’ISF est restreint au thème propre de la pédale.
HT-Dual
La Dual est quasiment un préamp à elle toute seule : deux canaux, le premier pouvant opérer comme clean ou crunch (le choix se fait grâce à un switch noir sis entre le Gain et le réglage de basses), le deuxième étant lui dédié aux saturations de type overdrive et disto. Ces deux canaux induisent les différences principales avec les deux pédales précédentes : deux doubles potentiomètres pour le Gain et le Level, plus deux footswitches. Bref, la Dual c’est un peu comme si on avait empilé l’HT-Drive et l’HT-Dist avec en plus un son clean. Ce dernier aura un intérêt essentiellement si on se sert de la pédale pour attaquer une table ou un système de home-studio. Sinon, on préférera utiliser le son clair de l’ampli d’accueil et réserver le canal 1 aux sons overdrive. Notons au passage qu’on peut très facilement, grâce à la Dual, transformer un ampli monocanal en ampli trois canaux.
De nouveau, et plus encore qu’avec les pédales précédentes, c’est tout un panel sonore qui s’ouvre à l’utilisateur, avec une égalisation trois bandes super efficace et l’ISF dont on vérifie une fois de plus la pertinence et ce sur tous les types de sons. On aurait d’ailleurs aimé qu’il soit dédoublé comme le Gain ou le Level, par le biais d’un double potard pour pouvoir le régler différemment suivant le canal. Le 2 reprend exactement là ou le canal 1 s’arrête avec cependant un grain un peu différent. La Dual se montre très riche, allant du son clair aux distos vraiment monstrueuses en passant par des overdrive vintage ou poussés. C’est personnellement ma préférée car elle est vraiment tout-terrain, tant au niveau des sons que de l’utilisation qu’on peut en avoir, pour seulement quelques petits euros de plus que les autres pédales de la série.
Canal 1 sons clairs : http://www.judge-fredd.fr/media/son... Canal 1 sons crunchs : http://www.judge-fredd.fr/media/son...
Canal 2 sons saturés : http://www.judge-fredd.fr/media/son... Sortie HP simulator sur carte son Sound Blaster Audigy de base :
http://www.judge-fredd.fr/media/son...
L’ISF
Bruce Keir - Ian Anderson
L’ISF (Infinite Shape Feature) a vu le jour car nous avions besoin de changer rapidement le voicing des amplis de test que nous mettions au point pour les artistes. Nous cherchions un moyen de nous promener de manière continue entre les signatures sonores des amplis existants. Nous voulions permettre aux guitaristes avec qui nous collaborions de créer leur propre signature avant de « verrouiller » l’ampli dessus. Le procédé que nous avions mis au point permettait d’obtenir non seulement tous les sons de référence, mais aussi les « entre-deux » qui n’avaient jamais été exploités avant. C’était à la fois si efficace et si simple d’utilisation que nous avons décidé de le mettre à disposition de tous les guitaristes.
L’avis des connoisseurs
Je me suis rendu chez Valve’s House Music, spécialiste parisien de l’amplification à lampes, pour vérifier que l’intérieur de la bête était aussi pro que son rendu sonore. Réponse affirmative mais je laisse la parole à Fred sur ce point :
« Déjà, je dois dire que ça faisait un bon moment que je n’avais pas entendu une pédale qui sonnait aussi bien avec vraiment des caractéristiques sonores d’ampli à lampes. Ensuite, à l’ouverture, on voit tout de suite que c’est du beau boulot, on se sent en sécurité, c’est une belle pièce, solide, avec une belle qualité de finition. C’est propre, les connecteurs entre les cartes sont costauds et ne devraient pas poser de problème dans le temps, non vraiment, les gens qui ont fabriqué ce produit bossent bien.
L’autre chose qui me fait dire que ces gars-là connaissent leur affaire c’est que la lampe choisie, une 12AX7WA Sovtek (qui s’appelle 12AX7R chez Groove Tube et 12AX7 Russian 2 chez Mesa Boogie), est une très bonne lampe bien qu’économique. En plus c’est celle qui rendait le mieux lorsqu’on a essayé d’en changer. Ca montre aussi que la pédale réagit à la lampe qu’on installe, comme c’est le cas dans un ampli à lampes. Donc en cherchant un peu, on doit pouvoir la personnaliser.
Pour ce qui est des mesures, on a pu constater que la lampe est vraiment alimentée en haute tension (autour de 300V) comme annoncé (pour mémoire, sur la section préampli d’un Marshall on a rarement plus de 250V au niveau des lampes d’entrée). Ça n’est pas si courant pour une pédale... on pourrait citer la V-Twin Mesa Boogie (plus de 200V), le preamp Matchless et peut-être deux trois autres... Ici on passe de 16V (à la sortie de l’alim) à 300V, je pense qu’ils y arrivent grâce à un système de diodes et de condensateurs qui multiplient la tension, probablement ce groupe de composants noirs là sur la droite (voir photo). »
VHM
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