Trois
La Roxane est une guitare d’inspiration Les Paul, avec double cutaway. Les modèles asiatiques se déclinent en deux types de finitions : Standard et Matt Design. Nous avons choisi les secondes car elles sont justement moins... standard. Dans chaque finition, on trouve trois modèles 100, 200 et 1000 plus différentes les unes des autres que leur look pourrait ne le laisser supposer.
Elles ont cependant en commun : l’esthétique avec un corps aux rondeurs et aux dépressions travaillées, un peu à la mode PRS, l’absence de table rapportée, un manche en érable, une touche 22 cases, deux doubles servis par deux volumes, une tonalité et un sélecteur trois positions, six mécaniques Lâg haute précision qui tiennent parfaitement l’accord, un accastillage finition « Matt Chrome » et bien sûr un vernis mat.
Cent
La RM100, ici couleur Kaki, est la seule des trois dont le manche soit vissé, avec fixation par quatre inserts métalliques et guide renfort corps-manche en palissandre. L’arrière du corps en tilleul massif
présente un dépression à la jonction avec le manche de manière à ne gêner en rien l’accès aux aigus pour la main gauche. C’est aussi la seule des Matt Design à adopter un chevalet Tune O Matic et un cordier standards.
Le manche en érable, assez mince, adopte un profil en D, il est recouvert d’une touche en palissandre noir avec frettes medium. Plutôt agréable à jouer pour une guitare de ce prix, la RM100 sonne bien même à vide. Branchée, ses deux doubles Power-Magnet Lâg délivrent des sons au grain assez serré, un poil californien avec un niveau de sortie un peu poussé. La guitare est pleinement exploitable en rythmique comme en chorus. Alors, bien sûr, elle ne va pas concurrencer des guitares cinq à dix fois plus chères qu’elle, mais force est de constater que, pour un prix plus que modique, on a un véritable instrument, une bonne guitare pour débuter qui, grâce à une excellente tenue de l’accord et à des micros honnêtes pourra vous accompagner un peu plus loin.
Deux cents
Sur la RM200, le manche, collé, en érable, semble un peu différent, un peu plus rond en main et peut-être aussi un poil plus large. On a monté d’un cran, cela se voit et s’entend : corps en acajou massif, sillet en graphite, micros EMG HZ (les micros passifs EMG) H4A en grave et H3A en aigu (A pour aimants Alnico), chevalet Lâg Design avec des pontets à roulettes, cordes traversant le corps. On a le même accastillage que sur la RM1000 et presque la même lutherie.
Les micros se montrent souples et font preuve d’une plus grande sensibilité au jeu que ceux de la RM100. Les cordes traversantes semblent augmenter le sustain naturel de l’instrument. Personnellement, j’ai bien aimé le micro aigu pour sa précision, son côté affûté et son grain serré. Le micro grave se montre légèrement plus brouillon, mais d’un niveau correct cependant.
Mille
Niveau lutherie, la 1000 reprend les spécification de la 200 en plus classieux : l’érable du manche vient du Canada (le pays de l’érable, de la feuille d’érable et du sirop d’érable :-p), l’acajou du corps d’Afrique de même que l’ébène de la touche, ornée de repères trapézoïdaux ; les frettes en nickel argenté proviennent de chez Jim Dunlop, et les micros sont des Di Marzio.
Cette RM1000 est vraiment ma préférée au niveau son : les Di Marzio apportent la chaleur et la présence que demande le rock avec, là aussi, une légère préférence pour le micro aigu (le même que sur les Roxane 2000 !). Autre gros plus de cette version, les deux doubles peuvent splitter en simple en tirant sur leurs potards de volume respectifs. Ils sonnent de manière extrêmement convaincante dans cette config ; on pourrait presque se croire sur une Strato qui aurait un routage de Tele. Les positions inter en bénéficient avec notamment un très beau mélange grave splitté, aigu en double que les potards bien progressifs servent à merveille. L’apport de sonorités plus chaudes dope par ailleurs l’impression de facilité sur le manche. Huit sonorités différentes avec deux doubles, le tout sans artifice électronique, c’est rare.
Moins de mille
Ces trois Roxane se montrent performantes, bien pensées et bien placées chacune dans sa catégorie : la RM100 vous en donne vraiment beaucoup pour le peu d’argent qu’elle coûte, l’alliance d’une lutherie aussi traditionnelle qu’originale et de micros Di Marzio intelligemment exploités permet à la RM1000 de justifier son prix, quant à la RM200, c’est une guitare de compromis avec forcément des plus (manche collé, prix modeste) et des moins (micros un peu plus « passe-partout », pas de split). Elles sont toutes trois à moins de mille euros et il y a fort à parier qu’elles se trouveront encore un tantinet moins cher chez votre revendeur habituel.