L’engin respire la qualité avec son ébénisterie massive recouverte d’un solide vynile, dotée de cornières en cuir, d’une grosse poignée et campée sur quatre gros patins caoutchouc. A l’avant, une toile bien rigide et un maousse logo métallique ; à l’arrière une grosse grille protège les deux EL34 et les transfos. Au fond de l’ampli, on entrevoit le 12 pouces Celestion Black Shadow, la reverb protégée par une pochette de cuir, ainsi que le footswitch et son câble qui se rangent dans une pochette en tissu résistant. Bref, c’est le luxe à tous les étages, une fabrication soignée à laquelle on ne fera que de petits reproches : le jack de branchement du HP qui passe à l’extérieur de la grille de protection arrière ce qui peut le rendre vulnérable, les libellés des commandes sur le panneau avant, situés sous les boutons de potentiomètres, ce qui les rend invisibles sous certains angles (bon les boutons ne sont pas si nombreux et sont disposés très logiquement donc ça ne devrait pas trop gêner) ; enfin, plus embêtant, le câble du footswitch terminé par une prise au format DIN est soudé dans la tête, on ne peut donc pas le remplacer sans démontage et fer à souder en cas de problème.
Switches, jacks et autres potentiomètres
Restons derrière l’ampli pour détailler sa connectique : quatre entrées jacks séparées pour piloter individuellement reverb, changement de canal et contour (cela relativise le reproche fait plus haut), le send et le return de la boucle. Sur l’autre bord, à côté d’un switch 5 ou 50W, on trouve une sortie HP 8 ohms (employée par le HP interne) et deux sorties 4 ohms.
Le 5:50 comporte deux canaux pouvant fonctionner chacun selon deux modes, un clean/crunch et un blues/burn. On va pouvoir utiliser l’ampli soit de manière mesurée avec un son clair et un crunch bluesy (clean et blues), soit, si on apprécie un peu plus de saturation, un crunch et un son saturé (crunch et burn), soit un son clair et un saturé (clean et burn), soit une combinaison de deux sons crunchs (crunch et blues) si l’on veut disposer de deux sons proches mais différant en égalisation ou en volume. Chaque canal présente un gain, une égalisation 3 bandes, un réglage de reverb un master et un contour. On trouve aussi sur ce panneau des mini switches qui remplissent les fonctions du footswitch si celui-ci n’est pas connecté : le premier juste après les réglages des deux canaux se charge de leur permutation, le second de la mise en/hors service des contours, quant au troisième, il sert à faire fonctionner l’ampli en classe A, ce dernier réglage étant absent du pédalier.
Orienté et polyvalent
Avec un Celestion et deux EL34, on subodore que Boogie a voulu doter le 5:50 d’un caractère british. Confirmation dès les premières notes bien qu’avec un poil de raideur. L’ampli est puissant, projette loin, avec de beaux graves. On apprécie de disposer d’une égalisation par canal, d’autant qu’elles agissent efficacement et nous permettent de jouer à loisir sur les sons délivrés. La reverb est de très bonne qualité.
En 50W, l’ampli cartonne, on en prend plein la tête avec des sons clairs beaux, précis et cristallins chargés de basses tout en rondeur qui font bien vibrer la pièce et d’aigus ciselés qu’on n’aura guère besoin de pousser à plus de la moitié. Les sons crunchs sont extrêmement flatteurs dans un registre blues/rock/boogie affirmé avec comme il se doit une once de chaleur supplémentaire sur le canal 2 en mode Blues par rapport au canal 1 en mode Crunch. Le mode Burn enfonce le clou avec des saturations prononcées qui vont jusqu’au hard bien velu mais s’arrêtent aux portes du metal creusé contemporain. Concernant les Contour, ne vous attendez pas à des réglages à la tonne comme on en rencontre parfois. Ici tout se passe en finesse : contour vers la gauche on obtient un son plus mud tandis que sur la droite, le son est plus défini avec des mids un peu plus clairs et précis.
Lorsqu’on bascule en 5W, on restera un peu sur sa faim si on cherche à reproduire le rendu de l’ampli en 50W mais beaucoup moins fort pour un usage en appartement. En maintenant le master trop bas le son manque de corps et si on le pousse, les 5W en question ressemblent furieusement à du 30W chez d’autres fabricants. Donc, cette option est plus à considérer comme un atténuateur de puissance pour jouer dans un petit club par exemple que comme la possibilité de jouer dix fois moins fort. De même le fonctionnement en class A ne transforme pas l’Express en Vox mais il offre des couleurs supplémentaires. C’est d’ailleurs l’un des points forts de cet ampli : à l’instar des autres Mesa Boogie récents, il met à notre disposition une foultitude de possibilités que l’on peut combiner à loisir pour jouir de sa polyvalence ou personnaliser son utilisation.
L’Express 5:50 est un ampli blues rock, très bien fabriqué, puissant, qui envoie bien, très sensible à la guitare employée ce qui est la marque des bons amplis. Il ne comblera pas les adeptes du metal et autres furieuseries modernes mais assurera pour tout ce qui se situe entre jazz/blues et hard-rock seventies et ce avec une grande variété de sons possibles. Garçon ? Un Express, un !
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