Les deux petites nouvelles, fièrement campées à l’une des entrées du stand Lâg à la Messe, ont reçu un très chaleureux accueil tant côté business que de celui des visiteurs et ont suscité moult discussions, photos, vidéos. Un Michel Lâg disponible et visiblement enchanté de l’accueil fait à ses fifilles passait de l’un à l’autre apportant ici une précision technique, là un éclairage sur de possibles futures évolutions et il a vraiment fallu insister pour qu’il se pose quelques minutes.
Alors, d’où vient-elle cette Buxster ?
Tu te rappelles de la Jet que nous avions dans la gamme et que nous avons arrêté, peut-être un peu trop tôt d’ailleurs, puisque maintenant pas mal de guitaristes en recherchent. Depuis trois ans, du coup, on n’avait pas de guitare à simples bobinages. Quand on a commencé à travailler sur une remplaçante, on s’est retrouvé naturellement, David (le chef de production à Bédarieux), Robin (le responsable CNC) et moi-même sur une guitare de type Tele, parce que c’est un concept, une philosophie dont on est tous trois fans. Mais voilà c’est une guitare très identifiable, le chevalet, la plaque, la config, donc la difficulté a été de réinterpréter le concept, de s’en démarquer sans s’en éloigner trop non plus pour en conserver les atouts en terme de jeu, d’image et d’esprit.
Tu parlais de David et Robin, est-ce qu’on peut dire que la Buxster est la première guitare des « bébés Lâg » ?
Tout à fait oui. Quand j’ai engagé David il y a 14 ans, je me rappelle que dans cette classe de lutherie du lycée professionnel de Bédarieux, on avait toute une génération qui avait des lignes propres de guitare, très originales, il y avait un esprit. Et pour revenir à la Buxster, oui David et Robin en sont vraiment à l’origine. Après évidemment, tout le monde donne son avis, propose des modifications etc. que ce soit à Bédarieux ou à Thouaré (siège de La Boîte Noire du Musicien) mais c’est effectivement la première guitare suscitée par la « deuxième génération » Lâg.
Peux-tu détailler ce qui est propre à la Buxster par rapport au concept d’origine et peut-être aussi par rapport aux habitudes maison ?
Pour commencer on a gardé de la Jet, le côté asymétrique du bas du corps. Ensuite, le haut du corps rompt avec le design doux habituel, la corne est plus tendue, plus énergique que ce que nous faisions traditionnellement, sur les Roxane par exemple. Tu remarqueras aussi l’harmonie un peu décalée du pickguard qui ne se contente pas de suivre bêtement les bords du corps, c’est vraiment une forme dans la forme. De même, on a gardé les contrôles traditionnels, volume, tonalité, sélecteur trois positions mais la plaque qui les soutient a sa forme propre et on en a cassé l’alignement traditionnel. Tout ça c’est l’apport des « bébés Lâg » maintenant devenus grands.
Vous présentez deux versions de la Buxster sur cette Messe…
En réalité il y en avait trois, la Tobacco Sunburst, la Fire Red et il y avait une Ivoire qui est malencontreusement passée sous un Fenwick, donc elles ne sont plus que deux ici. Elles ont toutes un corps en aulne et un manche vissé en érable avec touche érable. La version standard reçoit des Seymour Duncan 5-2, très roots, et sur l’autre, on revient à une config déjà employée fin 80 /début 90 sur la Blues, avec un Hot Rails Seymour Duncan en aigu et un Humbucker From Hell Di Marzio en grave, les micros se splittent avec des résultats très intéressants.
Vous allez faire des touches palissandre aussi ?
Pour des customs je pense oui. Jean Félix Lalanne est venu nous voir à Bédarieux car il voulait une guitare pour certains morceaux de son spectacle Autour de la guitare 2015. On est donc partis sur une Buxster dont on a retravaillé le micro grave pour lui donner un peu plus de corps et qu’on a doté d’une touche palissandre. On l’a aussi équipée d’un pickguard en miroir avec le nom de Jean-Félix gravé.
Sinon j’ai aussi noté une plaque qui remplace les six œillets de rétention à l’arrière du corps…
Oui les six œillets sont solidaires ce qui accroît encore les qualités de résonance de la guitare.
Et la coquille jack à l’arrière, elle va y rester sur le modèle de série ?
Je pense qu’on va la replacer sur la tranche du corps parce que 80% des gens avec qui l’on a discuté ici nous ont dit que c’était certes très beau et très design, mais que ça pouvait gêner quand on bougeait avec la guitare sur soi. C’est aussi pour cela qu’on fait des prototypes : pour proposer des choses peut-être moins courantes et avoir un retour lors de salons comme celui-ci.
Les mécaniques aussi sont spéciales…
Ce sont des mécaniques à blocage, les Auto-Trim, inventées par Ned Steinberger qui sont à la fois très belles, très légère et très efficaces.
J’aime aussi beaucoup le binding notamment sur la rouge, ça souligne bien la forme du corps.
Oui, et je tiens à souligner une chose qui fait partie des détails plaisants quand tu élabores un instrument : nous avons deux découpes de confort, l’une à l’arrière qui est dite parfois stomacale, et l’autre à l’avant pour le passage du bras, et bien à cet endroit, on a effectué un joli travail sur le binding qui descend tout en suivant la forme. Les gens ne le notent pas forcément, mais pour nous c’est important.
Alors j’ai entendu parler d’une autre guitare, sœur de la Buxster, mais en double cutaway comme la Jet …
Oui c’est la Buxstar. Elle aura effectivement deux cornes, plus longues que celles qu’on trouvait sur la Jet, une config HSS et un vibrato Wilkinson. On travaille sur plusieurs finitions actuellement.
Pour finir parlons de ce qui fâche, la Buxster est fabriquée en France, à Bédarieux, elle va donc coûter… ?
Autour de 1000 € je pense.
Vraiment ?
Oui on veut qu’elle soit le plus abordable possible.
Et quand verra-t-on les premières Buxster en magasin ?
Disons à la rentrée en septembre 2015 je pense.