Cette Roadcore est une Premium, fabriquée en Indonésie donc, et livrée dans un très bel étui semi-rigide, protecteur et bien fait avec compartiment intérieur, deux larges poches pour les câbles et une poignée agréable. Déjà, ça commence bien.
La RC720 est dite CNF car elle reçoit une finition Charcoal Brown Flat (gris marron plat ?) à la fois sobre et plaisante à l’œil. Le corps en acajou est recouvert d’un placage palissandre entouré d’un binding blanc à l’avant comme à l’arrière. Le tout est rehaussé par un vernis très fin et présente de très jolies marbrures anthracite et marron foncé. C’est à la fois chatoyant, sombre et assez brut avec un rappel sur la tête six en ligne, inspirée de certaines Ibanez de la fin des seventies. Le manche vissé est constitué de trois pièces d’érable, gage de stabilité dans le temps. Il présente un dos assez rond mais sans excès et reçoit une touche en palissandre 22 cases à frettes mediums. Le tout adopte un diapason long, 648 mm, et remplit la main sans la fatiguer.
Simplicité, sobriété
Tels semblent être les maîtres-mots ayant présidé à la conception de cette Roadcore : pas de découpe stomacale ou de chanfrein pour l’avant-bras, ici on est chez les zôms durs au mal. Pareil pour la jonction corps manche, pas de contourage du talon, à l’ancienne mec ! Et croyez-moi, à la longue on apprécie ce côté « Tu me prends comme je suis ou tu vas voir ailleurs si j’y suis ! ». La RC720 a du caractère. Côté accastillage, on a six mécaniques à bain d’huile maison, un chevalet, maison lui aussi, de type Tight Tune Bridge, des cordes traversantes et deux attaches de bandoulière assez grosses qui permettent toutes les audaces sans craindre de figurer un jour dans une compilation de « flying guitar fails » sur Youtube. La tenue d’accord est très correcte, les positions de jeu sont semblables à celles disons d’une Jazzmaster (étonnant non ?), la guitare résonne bien à vide, avec un sustain de bon aloi et de belles attaques.
La config est elle aussi sans prise de tête, deux doubles Core Tone Ibanez , à capots chromés, vissés dans le corps, et routés via un sélecteur trois positions un poil raide (ça « clique-claque » un peu trop fort lors des manipulations, on n’a pas la douceur qu’on apprécie sur un sélecteur de meilleure facture). Les deux micros se marient bien avec la lutherie dans un registre blues/rock/hard-rock/stoner et plus si affinités. Les sons délivrés sont à la fois classiques et modernes, je veux dire par là qu’on n’est ni dans le vintage pur, ni dans la modernité à tout crin, ce qui n’empêche pas la RC720 de bien se comporter autant sur du classic rock que sur du hard bien poussé. Les sons clairs souffrent un peu d’un manque de rondeur sauf sur le micro grave qui sera à l’aise sur les arpèges enrobés de chorus ainsi que sur les blues à peine crunchés. La position intermédiaire pourra sembler un peu faible par rapport aux micros seuls mais cela peut avoir son intérêt pour des passages calmes. Personnellement, c’est le micro aigu qui m’a le plus séduit car c’est le plus omnipotent. Il est aussi à l’aise sur des sons clairs incisifs qu’en crunch pour du power blues ou un jeu à la Paul Kossof, sur du boogie texan que sur du gros stoner, sa précision se mariant au mieux avec les pédales fuzz, sur du hard bien classique ou sur des choses un peu plus poussées pour peu que vous ayez une pédale ou un ampli qui creuse bien les mids. Les deux potards sont par ailleurs suffisamment progressifs pour être utilisés avec profit.
Bonne pour le service
La RC720-CNF ? Vous craquerez sur son look, sur son caractère à part, sur son manche agréable, sur son micro aigu… ou pas. Avec elle c’est comme ça, on n’est pas dans le consensus mou et c’est tant mieux. Moi j’ai aimé en tout cas.