Marco Omar Viola est un luthier italien, installé près de Milan, à la fois perfectionniste et sympathique comme ses guitares. Il était venu au salon Guitare au Beffroi avec plusieurs instruments (dont deux 7 cordes), d’obédience vintage ou moderne qui avaient tous en commun une réalisation hors pair et des qualités instrumentales de haute volée.
Wow !
Bon, j’avoue le nom de la gratte que j’ai choisi de tester n’est pas super sexy mais il a le mérite de bien la décrire : SP c’est ce modèle sur base stratoïde avec cette découpe très élégante à la base du corps, 24 le nombre de cases, FR avec un Floyd et HSH la configuration micros. Vous voyez c’est plus simple que ça n’en a l’air. La guitare est extrêmement bien faite, avec un corps à la forme à la fois classique et originale, d’une pièce d’acajou africain, surmonté d’une table en érable flammé canadien superbe et relativement épaisse dont le bord non teinté fait faux binding. Arrêtons-nous deux secondes sur la forme de cette SP24 et sur cette découpe en bas qui rend la guitare visuellement très dynamique en position de jeu. Tous les chanfreins, les dénivelés, les courbes sont à la fois d’une douceur et d’une précision extrême, tout est maîtrisé et de bon goût. Le tout est recouvert, à l’arrière d’un vernis translucide qui laisse voir les très belles veines du bois et, à l’avant d’un superbe sunburst, allant du jaune au rouge, qui ne court pas de l’intérieur du corps vers les bords mais du haut vers le bas. C’est magnifique et un examen attentif révèle la minutie avec laquelle le travail a été effectué. Quand l’artisanat touche à l’art. Le manche, en érable bird’s eye, est vissé en quatre points sans plaque et présente un dos en D propice au jeu en position académqiue mais qui ne refuse pas un petit pouce par dessus. La jonction est totalement ergonomique. Une touche en ébène, dont les trois dernières cases sont scaloppées, parachève le caractère sobrement luxueux de l’ensemble. La tête, tilt back avec volute à l’arrière du sillet, adopte une répartition 4+2 avec des mécaniques Gotoh à bain d’huile. La guitare se montre relativement lourde avec un poids plus proche de celui d’une Les Paul que de celui d’une strat. Par contre le diapason est bien le 25.5 pouces attendu. Parlons enfin du Floyd, un Gotoh dont je n’ai pas trop aimé le look mais qui fonctionnait extrêmement bien et c’est bien le principal non ?
Wow, wow, wow !!!
La guitare est, nous l’avons vu, équipée d’une config HSH toute en Seymour Duncan, avec un Jason Becker Perpetual Burn en aigu, un double qui est dixit la marque, un peu plus hot qu’un 59 et un peu moins qu’un JB, un SSL5 en position milieu et un SH-2 en manche. Cette SP devient une vraie usine à son lorsqu’on sait qu’en push-pushant sur la tonalité on splitte les deux doubles et on passe en config à trois simples. Cerise sur le gâteau, en push-pushant sur le volume, on a le P.Burn à fond les ballons, l’électronique étant bypassée. Donc le premier push nous donne le choix entre huit ou dix sons de base et lorsqu’on est calé sur l’un d’eux avec le volume réglé comme il faut pour la rythmique, il est toujours possible de taper un solo avec le double aigu à donf et de revenir d’un push au son de rythmique comme si de rien n’était.
Les sons clair sont puissants, charpentés, articulés avec des attaques claires et définies, un beau sustain long en bouche et un équilibre parfait entre basses, mediums et aigus. C’est rond, chaud, affûté, sonnant, un vrai plaisir sur toutes les positions. On est dans une précision chirurgicale mais qui a su rester vivante, vibrante et chaleureuse. Du coup, on attend un peu les crunchs au tournant et c’est mortel, tout passe, des sons fins à la Clapton aux gros crunchs à la Angus Young, de Black Crowes à Gary Moore c’est impressionnant là aussi, et on le doit autant aux micros qu’à cette lutherie vraiment top. En route pour la « gross satürazion », et là encore carton plein qu’on recherche des sons façon hard seventies, des choses plus fusion à la John Petrucci, qu’on creuse façon gros metal ou qu’on préfère des choses plus fuzzy, la guitare se joue de tout. Et à chaque fois on dispose d’un panel de sons conséquents et d’une réponse sans faille de l’instrument à la moindre sollicitation au moindre changement de volume ou d’attaque.
Epoustouflifié le Judge !
Alors ok ce n’est pas donné mais cette SP24 est vraiment un instrument exceptionnel tant par sa fabrication irréprochable et classieuse que par ses prestation et sa grande polyvalence sonore. Et j’ai déjà eu entre les mains des guitares de même prix qui ne lui arrivaient pas à la cheville. Bravo Marco, bravissimo !