Au sortir de l’étui, la première chose qui frappe c’est que la guitare est très, très belle. Quel que soit l’angle sous lequel on la regarde, on ne peut qu’admirer sa teinte marron foncée profonde, rehaussée par le vernis nitro, qui laisse entrevoir son corps en érable laminé. Alors, bien sûr, on est clairement sur une base d’ES 335, dont on retrouve les deux ouïes en F et le pickguard avec attache à l’ancienne. Le manche, collé, est lui aussi en érable. Il reçoit une touche ébène ornée de 22 frettes et de repères doubles, un sillet en os et la guitare adopte logiquement un diapason court. Un placage en ébène sur l’avant de la tête et six mécaniques Ping « vintage style », très inspirées des Kluson, complètent le tableau. Un binding en ivoroïd court autour du corps, à l’avant comme à l’arrière, autour du manche et de la tête, ainsi que sur la face intérieure des ouïes. La guitare est très soignée, c’est très bien fait, très joli. Les bois sont bien choisis, en témoigne l’arrière en deux parties très esthétique. La guitare est équipée d’un Tune O Matic et d’un Bigsby, a priori un B3. On peut s’en servir de manière raisonnable, sans aucune peur pour la tenue de l’accord. Bon, tout ça est vraiment bien fait, avec goût et, dès la prise en main, on a, bien sûr, un son acoustique assez puissant puisqu’il s’agit d’une thinline, un manche super agréable, assez rond mais pas trop gros, des sensations de jeu faciles et souples. L’action est juste comme il faut et j’ai été très étonné d’apprendre, après coup, que la guitare était montée en 011/049, ça ne m’avait pas sauté aux… mains.
Gros chats
La très, très bonne idée, c’est la config micros : deux Phat Cat Seymour Duncan qui servent cette lutherie de la meilleure des façons. Le son est plein et beau. En son clair, le micro grave fait montre de ce mélange de profondeur et de claquant qu’on a souvent sur ces guitares à caisse. Le blues clean passe on ne peut mieux. On baisse la tonalité et hop ! Georges Benson pointe le bout de son nez. Sur le micro aigu, on sonne d’emblée plus hargneux, mais on ne perd pas la rondeur des graves sur les résonances. La position intermédiaire sonne plus délicat et on a tout loisir de varier le rendu, le mix se faisant très progressivement et naturellement. Les vibrations circulent bien, c’est très précis, on a à la fois du sustain et de la précision, le Bigsby n’est pas là que pour la décoration et c’est tant mieux. Tous les registres des ES sont accessibles sans problème. En son saturé, les Phat Cat prouvent qu’ils ne sont pas que des P90 au format double. Ils ont leur propre personnalité et on est très heureux de pouvoir pousser le gain aussi loin qu’on veut sans ronflement parasite et sans que la guitare ne parte en larsen quand on n’en a pas envie. Rassurez-vous si vous voulez larséner vous pouvez, mais tout reste sous contrôle. Ca grogne, ça tranche, ça cogne et, du coup, cette Eastman peut taper dans le stoner, le grunge ou le boogie texan avec un égal bonheur. Les Phat Cat, là-dessus, c’est une vraie tuerie. Vous le savez, ces guitares ES ne sont pas spécialement ma tasse de thé mais là… franchement celle-ci est juste énorme et serait capable de me faire monter sur scène avec une 33x.
Bien cool
Une guitare superbe et super attachante, qui vaut vraiment que vous vous y intéressiez, d’autant plus pour le prix qu’elle coûte. Alors oui c’est du Made in China, preuve que nos amis de l’empire du milieu ne sont pas voués qu’à fabriquer de l’entrée de gamme cheap. Le Judge en est encore tout tournebouliflifié.