Présenté en avant-première au NAMM puis plus récemment au récent Salon de Paris, le M13 regroupe en son sein les fameuses DL4, MM4, FM4, DM4 et Verbzilla. Mais là où les DL4 et consorts avaient pour mission (avec de beaux arguments et un fameux succès) d’amener les amateurs de stomp boxes vers la modélisation, le M13, lui, ratisse large s’adressant à la fois aux habitués des multieffets, et aux tenants des pédales avec là encore de très solides arguments.
Son intérêt est de se situer à la croisée des chemins entre multieffet et pedalboard. Le côté multieffet est évident puisqu’on peut utiliser jusqu’à quatre effets simultanément (on peut aussi empiler quatre fois le même effet si ça nous chante) dans n’importe quel ordre. L’aspect pedalboard émerge à l’utilisation puisque chaque effet est réglable instantanément et reste réglé comme vous l’avez laissé lors de votre dernière utilisation l’enregistrement étant automatique (sauf si vous décidez de paramétrer l’appareil autrement).
Assez lourd, son châssis noir métallique rappelle les pédaliers que Bob Bradshaw réalisait dans les années 80/90 pour permettre aux stars de piloter leurs empilements de racks. Sauf qu’avec le M13 le pédalier contient l’équivalent de 75 effets différents !
Unit ? Scene ?
Pour bien comprendre ce qui suit il est nécessaire de s’arrêter sur deux notions : les FX Units et les Scenes. Les FX Units sont les quatre tranches identiques qui s’étalent sur l’appareil. Chacune comporte un écran LCD, six réglages, un arceau métallique destiné à protéger les dits réglages de vos chaussures, et trois switches (A,B et C). Chaque switch permet de mettre en hors service l’effet que vous lui aurez assigné. En fait chaque FX Unit peut s’envisager comme une pédale à trois presets. L’ensemble donne 4x3=12 effets disponibles sous le pied dont quatre utilisables simultanément (un par Unit). Cet ensemble de douze effets s’appelle une Scene, un synonyme de pedalboard si vous voulez. Le M13 mémorise jusqu’à douze Scenes différentes soit douze pedalboards différents de douze effets chacun. Qui a dit : « J’hallucine » ?
Bien sûr on peut configurer les différentes Scenes comme on le veut, choisir les effets que l’on va y mettre et ce, en toute liberté, on peut très bien décider de mettre douze fois le même effet même si c’est débile. Chaque famille d’effet a sa propre couleur, les mêmes qu’arboraient le DL4 et ses amis : jaune = distorsion, bleu = modulation, vert = delay, rouge = reverb, violet = filtre. Chaque switch luit donc de la couleur correspondant au type d’effet qui lui est attribué et lorsqu’on l’enclenche, l’écran en tête de tranche se coordonne. Tout cela est à la fois joli et fonctionnel. On ne peut pas en dire autant des potentiomètres, assez moches et pas pratique « à chaud », dans le sens où ils ne repartent pas forcément de la valeur stockée lorsque vous les tournez, donc la précision laisse souvent à désirer et ajuster un paramètre à la volée sur scène peut devenir délicat.
La construction est solide et la connectique complète : deux entrées, deux sorties, une FX Loop stéréo elle aussi (deux send et deux return), deux entrées pour pédales de contrôle externes, MIDI In et Out et prise pour l’alimentation externe fournie. On regrettera juste l’absence d’une prise USB qui aurait été pratique pour sauvegarder rapidement et simplement les Scenes même si c’est possible par dump MIDI. Très intéressant, on peut décider du placement des tranches avant le Send ou après le Return de l’appareil ce qui permet d’utiliser le M13 soit pour attaquer l’entrée instrument de l’ampli soit dans la boucle de l’ampli soit, et c’est le plus logique, les deux à la fois, puisqu’on préférera placer certains effets avant l’ampli (disto par ex.) et d’autres dans la boucle (delay par ex.).
Le plein d’effets
Si vous connaissez les Stompbox Modelers (DL4 etc.) vous ne serez pas surpris. Les distos sont assez variées, certaines sont excellentes d’autres superfétatoires et il faut bien l’avouer, la concurrence n’est pas restée les bras croisés elle non plus. Donc des tas de sons diversement saturés de qualité en moyenne très correcte, parmi lesquels vous trouverez sûrement ce que vous cherchez. De même, les reverbs, toutes d’excellentes qualité, font dans le classique et on obtient tout ce qu’on veut voire plus. Mais on est beaucoup plus scotché par les effets de modulations et les delays qui étaient déjà à mon sens les deux pédales les plus réussies de la famille. Peut-être parce que côté modulation on retrouve toute une série d’effets parmi les plus attachants de l’histoire du rock : Tremolos Fender et Vox, Uni-Vibe, cabine Leslie, Phase 90 et Flange MXR, Dimension D, Ring Modulator, je kiiiiiffe à mort ! Pour les delays, disons que rares sont les fabricants qui peuvent se targuer de proposer un ensemble aussi performant et à l’aise sur les reproductions de vieux échos à bande que sur les delays analogiques ou les numériques les plus complexes. On a là une espèce d’étalon de la pédale de delay ultime. Les filtres c’est un peu la cerise sur le gâteau, le bonus qui ravira les fans de Mu-Tron, Q-Tron, synthés analogiques et autres Talk Box. Pas indispensable mais très sympa.
Nous n’avons pas encore détaillé la colonne de switches de droite : en haut Scene pour passer d’une Scene à l’autre, en bas un Tap Tempo qui lance aussi l’accordeur lorsqu’on appuie dessus de manière prolongée. Notez qu’en mode accordeur le M13 mute votre signal. Et au milieu donc le switch de mise en marche du Looper. En mode Looper sept des switches du pédalier se muent en commandes dédiées : Play/Stop, Record/Overdub, vitesse et sens de lecture des boucles etc. C’est clair et puissant mais on n’a pas la facilité d’utilisation de feu le Jam Man par exemple. J’ai en particulier trouvé que les switches Line 6 étaient moyennement adaptés à ce type d’utilisation. Sachez enfin qu’un appui long sur Scene donne accès à quelques réglages de configuration de l’engin ( placement des Units en pre ou en post, sauvegarde auto ou manuelle des Scenes etc.)
N’en jetez plus la cour est pleine !
A quelques petites réserves près, le M13 n’est pas loin d’être l’arme ultime (the ultimate weapon yo !). Aucun autre appareil n’a jamais regroupé autant d’effets, d’une telle qualité, pour un prix aussi ridicule. Et comme si cela ne suffisait pas, Line 6 se paie le luxe de dépoussiérer le concept de multieffet comme celui de pedalboard pour s’adresser indifféremment aux tenants des l’un et de l’autre. Ce M13, est un must et risque de devenir aussi culte que certains des effets qu’il modélise.
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