James affirme presque sans rire que c’est le climat qui lui a réussi. Il enchaîne, invoquant les gestes qui se bonifient à force d’être répétés, le sentiment d’être au coeur du sujet, à deux pas de Fullerton, et le contact avec les centaines de passionnés, de connaisseurs avec lesquels il entretient un dialogue continu. Comme rien n’est jamais standard avec James, la livraison de la Steelcaster objet de ce test a été effectuée par Lol en personne. Classe non ?
Classic design, never before seen...
La guitare reprend les spécifications de la Telecaster Deluxe, mais elle le fait à sa façon, semée de solutions innovantes, de petites astuces techniques, ce qu’un aficionado Fender a résumé en une maxime à priori paradoxale : « classic design, never before seen », un design classique, encore jamais vu.
Application : James regarde de vieux jouets métalliques usés par le temps, laissant apparaître ça et là, la couche d’apprêt et même le métal nu. Aussitôt vu, aussitôt interprété : il se lance dans une série de finitions à deux couleurs, dont celle-ci, qui selon sa méthode de nommage très « descriptive » s’appelle Black on Yellow Skulls. Skulls pour les crânes (zyvatêt2môhr !) du pickguard et de la plaque insérée dans la crosse. Encore toute une histoire que ces plaques, presque des eaux-fortes, dessinées par James et gravées à l’acide par un de ses voisins qui fabrique des armures pour le cinéma. Bienvenue dans le monde enchanté de James Trussart...
Le dos, dit holey back, est constitué d’une plaque de tôle percée de trous (holes en anglais). Il laisse entrevoir l’intérieur de la guitare : composants de qualité, câblage nickel, c’est aussi bien fini que l’extérieur. Les cordes traversent le corps, leurs six pontets maintenus en place par une petite vis fixée sur le côté du bloc chevalet. Autre astuce, le bord inférieur de ce bloc a été chanfreiné pour assurer une totale liberté aux country pickers.
Maple vous avez dit maple ?
Le manche, entièrement fabriqué maison, reprend les cotes d’un Fender 66 et surtout c’est un maple neck, autant dire quelque chose de nouveau chez James. Un vrai délice : il fond dans la main, et procure un plaisir de jeu sans nuage ; la glisse est bonne, l’action idéale et les tirés aisés, une réussite totale.
Bon Judge, comment qu’c’est qu’ça sonne c’te guitare ? Un corps métallique, plein de trous en plus... on ne s’attend pas à ce qui nous tombe dessus dès qu’on se branche à son ampli favori. Le son est plein, avec des graves ronds et puissants, qui... grognent, y a pas d’autre mot. C’est même presque trop quand on passe sur le humbucker, un Seymour Duncan Alnico II Pro, mais c’est parce qu’on est pas habitué à baisser les graves sur l’ampli. Le mids sont chauds et les aigus à la fois ronds et brights. Le simple, (Alnico II Pro) se montre plus agressif, idéal pour les chorus ou les accords cisaillants ; la position intermédiaire est un peu cannibalisée par le grave mais s’en démarque suffisamment pour avoir son utilité.
Sentir cette Steelcaster partir en larsen sur une note grave en vous faisant à la fois vibrer le gras du bide et dresser les poils, croyez-moi, c’est une sensation qui n’a pas de prix. Alors 4000 euros pour une guitare unique, entièrement faite à la main aux USA, authentique et innovante à la fois, avec des sons qui tuent, ben ça les vaut bien... Et vous ?
http://www.judge-fredd.fr/media/son...
Photos Marc Upson