La Silver 15H s’inspire du Silver Jubilee Marshall, ampli sorti en 87 pour fêter les 25 ans de la maison (que Marshall vient d’ailleurs de ressortir pour ses 50 ans) et en reprend le look général mais dans des proportions bien plus logeables et avec une puissance de 15W fournie par deux EL84. On le sait, les Silver Jubilee sont réputés pour leur son « pure rock » allant des années 70 (Free, AC/DC) aux années 80, l’ampli ayant servi de base au premier Slash signature. Bref, ça va de crunch légers à crunchs poussés, jusqu’à une belle saturation qui reste précise, le tout avec un authentique grain Marshall. Autant dire que le défi n’était pas facile à relever.
Bien pourvu
Le Silver 15 possède deux canaux, capables de délivrer des sons clairs (Clean), crunchs (Crunch) et saturés (Lead). Mais il y a plus comme nous l’allons voir en détaillant sa façade. Les quatre boutons sur le côté gauche sont les commandes de la pédale Hot Scream (un des overdrives de Fredamp) intégrée : Gain, Volume, Tonalité et Solo qui rajoute un peu de volume et de texture. Ah ben oui du coup on a un overdrive en amont des canaux, comme si on avait branché une pédale devant l’ampli, même chose. Cela nous donne trois possibilités de sons supplémentaires, bien vu non ? Suivent le volume du canal clair qui est aussi le gain des deux autres canaux, aigus, mediums et basses, volume Lead, Master 1 et Master2.
A l’arrière, s’alignent un sélecteur 4/8/16 ohms, deux sorties HP, un switch +4 dB en retour de boucle, le send et le return de ladite boucle, la prise pour le footswitch maison, puis le couple standby et power. On note aussi que le transfo d’alim est de type torrique, ce qui est bon pour le poids de l’ensemble.
Bien foutu
Un mot encore sur le pédalier qui achève de doter l’ampli d’une force de frappe et d’une polyvalence impressionnante. Il présente sept switches et il n’yen a pas un de trop : d’abord les switches pour choisir son canal, clean, crunch, lead, un quatrième pour engager la Hot Scream, un switch pour passer d’un master volume à l’autre et deux permettant de mémoriser deux combinaisons de tout ça qu’on pourra rappeler directement d’une simple pression du pied.
Tout cela respire la belle ouvrage, c’est très bien fait, très mignon, très léger mais… ça déboîte un max !
Les sons clairs sont à la fois cristallins ronds et mordants mais attention dès qu’on pousse un peu au volume ou au médiator ça commence à tordre. Comme sur son inspirateur, les sons clairs ne le restent pas très longtemps, même s’ils sont un plus exploitables que sur l’original grâce sans doute aux EL84. Ils sont particulièrement gratifiants avec des simples un peu velus, P90, Jazzmaster, car alors, on peut passer de sons clean à crunch doux rien qu’au potard de volume. Le son clair sert aussi de bonne base à l’utilisation de la Hotscream intégrée pour fournir des crunchs différents de ceux de l’ampli, un poil Marshalliens mais qui ajoutent une option supplémentaire. Avec des réglages de gain minimalistes sur la Hot on peut même trouver des sons blues assez fins, à condition d’avoir la main légère.
Bien couillu
En crunch, on retrouve le grain serré et ouvert façon ACDC qu’on a si facilement avec le Silver Jubilee. C’est impressionnant au vu de la taille de la bête. Et on n’est pas sur du 15W anémique ou 15W qui plient du genou dès qu’on demande de la puissance. Non ça patate à mort, même si on peut aussi se la jouer cool, volume d’appartement. Ce qui fait vraiment le plus de cet ampli par rapport à d’autres machines à crunch, ce sont les multiples possibilités qu’il offre entre la pédale intégrée, les réglages propres au canal, sa grande réactivité au jeu et au volume de la guitare, les deux masters, la palette est vaste et on peut revisiter à peu près tout ce que les grands noms de l’amplification anglaise ont établi comme standards en la matière. Bref, j’ai passé de bons et longs moments à explorer tout ça avec une Esquire, une Spiro (P90), une Les Paul Custom et une guitare équipée d’un TV Jones type Filtertron. Je me suis régalé.
En saturax pur et dur mais toujours bien rock/hard rock, le couple formé avec la Les Paul a fait merveille et l’ami Thibault Abrial qui passait par là nous a planté quelques bons gros riffs dont il a le secret. J’ai pu remarquer à cette occasion combien son jeu main droite très précis et les nuances subtiles qu’il sait introduire dans ses phrasés étaient fidèlement retranscrits par le Silver 15. Même poussé dans ses retranchements il continue de délivrer des sons qui allient un grain authentique, des attaques chantantes et affûtées le tout avec une réserve de puissance très respectable. Et là encore, soit vous faites du saturax avec le canal 3, soit vous pouvez en faire sur le 2 en rajoutant la Hotscream pour un grain différent, plus épais, moins subtil mais musicalement intéressant et tout aussi efficace.
Vendu !
En guise de conclusion, je n’ai même pas à me casser la tête, c’est très simple : Fredamp étant basé dans le sud de la France, il est monté à Paris l’ampli sous le bras et nous sommes allés chez Guitars Addicts pour tester la bête. Un des clients présents, plutôt bon connaisseur et possesseur de divers amplis vintage, entendant ce qui sortait de la cabine d’essais, a demandé à essayer l’ampli et, au bout d’une demi-heure pendant laquelle il a eu l’air de bien s’éclater, il est reparti avec. C’est toute la magie de ce Silver 15, il est hautement addictif.
Photos La Guitare.com