Bon on ne va pas vous le cacher, en gros cette signature, c’est une King V traitée à la mode Flyin’V. En effet, la plupart du temps, les King V présentent soit un Floyd Rose, soit des cordes traversantes. Là, le Scott a voulu un couple Stop Bar Tune-O-Matic classique dont on note quand même que les inserts semblent renforcés et plus massifs, ce qui aide à la circulation des vibrations et donc au sustain. Il a aussi introduit un pickguard un pli à la forme aussi alambiquée que celle du pickguard de l’illustre modèle et a adopté des repères de manche de type block. Bref, une signature qui manque un peu de l’originalité à laquelle nous avait habitué la figure de proue d’Anthrax. Mais cela n’empêche pas cette KXVT d’être une guitare plutôt bien faite et confortable comme nous l’allons voir.
Confort de V
On a donc un corps de King V en acajou sur lequel on a collé un manche érable dit « Neck Through » ce qui ne signifie pas que le manche soit traversant à la mode d’une Firebird. Il s’agit juste d’indiquer qu’il pénètre un peu plus profondément dans le corps probablement jusque sous le micro grave et que son talon est adouci pour aider la main gauche dans le jeu en aigus. Il présente un profil très jacksonien, en D qui, combiné à une certaine largeur, convient à merveille au jeu en position académique, shredders et metalleux bienvenus. Notez que le trussrod est flanqué d’inserts en graphite pour améliorer la tenue du manche dans le temps. La touche en palissandre, ceinte, comme la tête, d’un binding crème, compte 22 cases délimitées par des frettes jumbo. Six mécaniques à bain d’huile maison, chargées de la tenue de l’accord, ornent la tête concorde noire. On note par ailleurs des attaches de sangle bien larges qui éviteront tout décrochage et une coquille jack type strat sous l’aile supérieure.
A vide, la guitare résonne bien, c’est assez précis, aéré, avec un sustain naturel agréable. L’action est raisonnablement basse, ça ne zingue pas et les tirés se montrent faciles. Comme avec toute V, la position assise n’est pas des plus confort, en revanche, j’aime bien son équilibre en position debout.
L’électronique se compose de deux humbuckers Duncan Design routés classiquement, via un volume, une tonalité et un sélecteur 3 positions un peu raide et bruyant. Disons-le tout de suite, le set micro est un peu déséquilibré : autant l’aigu donne satisfaction, autant le grave manque un peu de tout, punch et précision notamment. En son clair, l’aigu, bien bright, permet un jeu gratifiant en arpèges comme sur des rythmiques un peu larges, les attaques claquent bien, les harmoniques sont présentes, c’est ouvert, y a de l’air. La position intermédiaire n’est pas mal non plus : plus soft, elle permettra des intermèdes en douceur au milieu d’épisodes furieusement cavernicoles. Le micro grave, en son clair, reste gérable même si on entrevoit déjà ses limites en termes de précision.
On passe en crunch car, bien que ce ne soit pas la cible principale de cette guitare, elle s’en tire très bien sur le micro aigu en tout les cas, surtout sur des crunchs prononcés. Quand on passe en gros saturax, on entre sur le véritable territoire de la KXVT et de son signataire. Evacuons le micro grave qui n’est clairement pas à la hauteur, trop baveux, trop brouillon, pas assez dynamique. Côté bridge, en revanche, c’est la fête ! Le micro aigu a, à la fois, de la hargne, une agressivité bien maîtrisée, une légère compression qui fait merveille en ronconcon des abysses, des harmoniques pincées qui fusent avec facilité, les cordes restant bien audibles dans les accords même avec de forts niveaux de saturation. Le sustain naturel de l’instrument favorise par ailleurs les gros accords qu’on laisse résonner, comme le jeu en legato ou les notes tirées qu’on vibre à l’infini. Vraiment ce micro aigu est étonnant et donne le sourire.
Pour la V ?
Au final, si vous aimez les V, si vous êtes fans de Jackson, ou de Scott Ian, ou simplement si vous cherchez une guitare cool et flashy sans ostentation, cette Signature Scott Ian pourrait bien être votre prochaine compagne. A essayer.