Mira me
Tout acajou, double cutaway elle fait penser aux LP Junior ou aux Hamer Sunburst, tout en étant immédiatement identifiable comme une PRS. Inutile de dire que côté look vintage on est donc très bien parti d’autant que les coloris qui lui sont destinés contribuent à l’ancrer dans cet esprit à l’image de ce magnifique Powder Blue qui rappelle le Sonic Blue Fender des grandes années. Autre apport à la touche vintage, le pickguard, une vraie révolution puisque c’est la première PRS à en recevoir un, à la découpe évocatrice et cependant originale. Citons encore le sélecteur trois positions à la mode Fender, le Stop-Tail maison qui rappelle celui de la LP Junior en plus massif et les boutons de potentiomètres entre Top Hat et Speed Knob.
Entre vintage et modernité, le coil tap, embarqué par nombre de guitares modernes, est paradoxalement ce qui va permettre à la Mira de s’ancrer encore un peu plus dans l’esprit vintage comme nous le verrons un peu plus loin.
Sur le versant de la modernité on retrouve avec plaisir les efficaces mécaniques autoblocantes maison, le sillet de type autolubrifiant et la crosse PRS qui tous trois concourent à l’excellente tenue d’accord de l’instrument. Bienvenues également, les attaches de bandoulière bien larges et très sécurisantes, ainsi que les 24 cases de la touche palissandre, pleinement accessibles puisque seule la 24e case est véritablement sur le corps. Le talon assez mince du manche ne commence qu’à la 19e frette, du coup PRS aurait pu mettre des cases au-dessus du micro grave qu’on aurait pu les jouer.
Restent deux options qui peuvent faire pencher un peu plus la balance côté vintage ou modernité : le profil du manche d’abord, ici Wide Thin (large et mince) donc plus conforme aux canons modernes existe aussi en Regular au dos plus rond, vintage side ; les inlays ensuite qui sont ici de type birds (option), en abalone, plus récents que les Moon inlays (en fait des repères dot) tirant plus vers la simplicité des guitares dans la filiation desquelles s’inscrit la Mira.
Le corps n’est pas sculpté à la manière habituelle. On pourrait presque parler de table plate s’il n’y avait un large méplat sur le haut du corps destiné à faciliter le passage de l’avant-bras, un creux très PRS dans la corne inférieure pour aider la main gauche dans sa progression vers les hautes cases. A l’arrière on trouve la traditionnelle découpe stomacale qui va bien. Sur la crosse un cache Mira et la signature du maître en doré et en relief (on en a pour son argent ;-).
Escucha me
Chez PRS ils aiment bien tout faire eux-mêmes et cela inclut depuis longtemps les micros, ici deux doubles Mira Treble et Mira Bass (original non ?) assistés d’un volume et une tonalité. Notons que les micros sont physiquement assez resserrés puisque le micro aigu est à 1cm du chevalet et se trouve plus près du grave du fait des 24 cases.
Sans le coiltap, on est dans l’univers PRS plein de sons corpulents à solide ossature, équilibrés, précis. On retrouve la polyvalence à laquelle la marque nous a habitué, allant du jazz au rock, au country, au hard et même au gros metal. On note pourtant déjà une aptitude particulière à briller dans les registres crunchs et moyennement saturés qui nous fait taper le boogie rock et l’AC/DC avec entrain. On « coiltape » et ça se confirme : la Mira est une formidable machine à nuancer, un instrument joueur qui répond à la moindre variation de jeu. On navigue avec plaisir de SRV à Free, Lynyrd, Pink Floyd, Clapton, eh les mecs les seventies sont de retour ! Ajoutons que le switch étant à côté du sélecteur on peut manipuler les deux en même temps, bon point pour l’ergonomie. Terminons en mentionnant le superbe étui dans lequel la Mira est livrée, bien fait, beau et protecteur.
Alors voilà la Mira n’est pas simplement une bonne PRS ou un pari réussi, c’est surtout la guitare la plus fun, la plus authentique et la plus excitante que Paul Reed ait produite depuis disons... la Mc Carthy ou la première Santana.