Au début j’ai cru qu’on me livrait par erreur des armes de contrebande destinées à l’Iran, et pis non ! Pas du tout ! C’était juste le superbe étui moulé dans lequel est livrée la Steve Morse. Il est bien classe et semble prêt à se faire rouler dessus par un Hummer sans broncher (enfin, j’exagère p’têt un p’tit peu là...)
Bon alors, on ouvre : la Steve Morse est une stratoïde dont le corps en peuplier, ici surmonté d’une jolie table en érable, à la finition De-Purple Burst (bonjour le clin d’oeil), comprend un cutaway inférieur très reculé pour laisser la porte ouverte en grand à votre main gauche. Music Man y fixe un manche érable pas loin du bird’seye et contoure la jonction, toujours pour plaire à votre senestre. Son profil en D et sa finition huilée en font une autoroute, que dis-je un véritable circuit de vitesse, c’est impressionnant. Sa largeur est suffisamment bien pensée pour s’adapter à la plupart des tailles de main. La touche palissandre frettée jumbo concourt à ces bonnes sensations et on note la facilité avec laquelle on bende, alors même qu’on a un diapason long (648 mm) et un vibrato non flottant. Deux minutes suffisent à déceler ce que les 2 heures suivantes ne feront que confirmer : Music Man et le p’tit père Steve Morse nous ont concocté un instrument d’exception, et je ne dis pas ça à la légère.
L’accastillage se compose de six Schaller M6 disposées en 4+2 comme d’habitude, d’un vibrato à blocage Music Man de type Floyd amélioré d’attaches de bandoulière larges et de boutons de potards métalliques noirs, va savoir pourquoi alors que le reste est chromé. Tiens puisqu’on y est, c’est le moment de mon caca nerveux : mais rogntûdjûû, quel est le bachibouzouk qui a eu l’idée saugrenue mettre un pickguard en plastique transparent sur une aussi belle table ? Surtout qu’il ne sert à rien ou presque.
La guitare sonne superbement bien déjà à vide, avec de belles attaques, ciselées et détachées, un sustain naturel impressionnant et beaucoup d’ampleur, on peut en jouer comme ça pendant de longs moments sans se lasser.
Mise en voix
On retrouve une config classique de type HSH tout en Di Marzio (DP205, Single Custom MM et DP200), mais pas si classique que ça. D’abord le simple est quasiment collé au double aigu. Ensuite, le sélecteur 5 positions nous donne : 1) double aigu, 2) double aigu avec bobinages en parallèle + simple, 3) simple, 4) double grave avec bobinages en parallèle, 5) double grave. Les deux doubles ne sont jamais splittés, ce qui donne des sons un peu plus corpulents que la position inter aiguë ou le micro manche d’une strat par exemple.
Une fois branché, ça sonne précis avec des attaques nettes, les sons clairs sont à la fois ronds puissants et brillants. On apprécie la position inter aigu/milieu dans ce registre ainsi que le micro milieu seul qui, du fait de sa position, sonne plus aigu qu’attendu. Les sons crunchs sont assez beuax en règle générale avec une bonne réactivité aux attaques main droite. En son saturé ça manque parfois un peu de joufflu mais on retrouve, encore une fois, une grande précision qui conviendra à ceux dont le jeu demande des notes bien détachées, ainsi que la brillance et le bon sustain naturels de l’instrument.
La SMY2D, outre l’excellent niveau de sa lutherie, propose par sa config micros quelque chose d’un peu différent, de sagement décalé, à l’image de son inspirateur. Un instrument très convaincant à un prix... américain.
http://www.judge-fredd.fr/media/son...