Fender s’est tellement appliqué à conserver à cette strato ses specs standards (justement) qu’on pourrait presque passer à côté de ce qui la rend si spéciale, on pourrait presque… Mais heureusement les capots chromés des deux humbuckers se chargent d’attirer l’attention et on est bien obligé de se rendre à l’évidence c’est une strat à deux doubles et pas un clone, non, une véritable Fender en « bonnes et dues formes ». Et nous le verrons tout au long de ce test c’est justement ce mélange entre une lutherie strictement standard et une électronique qui ne l’est pas pour la firme de Scottsdale qui donne à cette guitare une personnalité propre.
On retrouve donc un corps en aulne, recouvert d’un classique sunburst, sur lequel est vissé le manche érable habituel avec un profil en C qui remplit bien la main. La touche en palissandre ne dépaysera pas les habitués de la marque, qui apprécieront les 22 frettes mediums jumbo qui l’ornent. On notera les mécaniques à bain d’huile, le vibrato ancré en deux points avec ses pontets individuels en acier au look vintage et les boutons de potards légèrement vieillis. Si l’on ajoute le diapason 648mm et le sillet en os (de synthèse…) autant vous dire qu’à vide on a l’impression de jouer sur une strato standard, ce qui est d’ailleurs le cas d’une certaine manière.
Alors ces micros, kokocé ?
Sur le pickguard 3 plis en lieu et place des trois simples qu’on est légitimement en droit d’attendre trônent deux doubles bobinages Twin Head Vintage maison. Détail intéressant, ils comportent deux vis de fixation en haut ce qui permet de bloquer les micros dans une position précise par rapport aux cordes. Oubliez les doubles qui bougent dans leur logement ou qui ne veulent pas se positionner parallèlement aux cordes. L’astuce n’est pas nouvelle, Yamaha l’utilisait déjà sur ses SG 1000 par exemple, mais c’est extrêmement pratique. Les deux micros sont épaulés par deux volumes (un chacun), une tonalité et un sélecteur trois positions.
Allez on branche !
Autant dire tout de suite qu’en son clair on est assez surpris de ne pas être… surpris. La combinaison, des bois, du diapason long et de toutes les spécificités Fender fait qu’on sonne très… Fender en son clair. Ca claque un peu moins que les simples, c’est un poil plus épais mais à l’aveugle on reconnaîtrait sans problème une Fender. Mieux, la position intermédiaire, si elle n’est pas aussi creusée que les positions inter d’une Strato à trois simples a le même côté fragile et délicat. On pourra très bien jouer de la funk music, du zouk ou du reggae avec cette HH. Cette position est très agréable aussi en son crunch. Les crunchs se montrent d’ailleurs excellents sur les trois positions, mais encore une fois ils diffèrent de ce que l’on pourra obtenir d’une SG ou d’une autre guitare à dominante acajou. Là c’est de l’aulne et de l’érable les gars et ça s’entend, y a un côté « Clapton joue AC/DC » assez marrant.
Quand on passe en gros saturax le côté « vintage » assumé des deux doubles fait qu’on atteint les limites de l’instrument et qu’on s’arrête aux portes du metal. Par contre, pour tout ce qui est rock, hard-rock, stoner ça va le faire à fond et avec une touche d’originalité, un son fendérien en plus gros, en plus gras. Ce mélange entre les deux univers est vraiment ce qui fait tout l’intérêt de cette guitare, ce qui lui donne sa personnalité.
Si toutefois vous préfériez les touches maple sachez que la HH en propose aussi dans ses versions Olympic White et Ocean Blue Metallic. Si vous faites partie d’une des deux catégories de gratteux citées dans l’introduction de ce test, courez l’essayer, vous pourriez bien repartir avec.